Invisible et Imprévisible

Andrea Astone, BMO Global Asset Management

4 minutes de lecture

La résistance aux antimicrobiens - le point de vue des investisseurs sur une menace urgente à l’échelle mondiale.

Chez BMO Global Asset Management, un de nos principaux thèmes d’engagement auprès des entreprises est la résistance aux antimicrobiens (RAM), qui constitue un défi urgent à l’échelle mondiale. Nous avons profité de la conférence PRI in Person qui s'est tenue en septembre à Paris pour co-animer avec FAIRR un événement en marge de la manifestation afin d’apporter des éclaircissements sur les enjeux auxquels font face les entreprises et sur la façon dont notre engagement peut réellement faire la différence.

Le vif intérêt des investisseurs pour la RAM et leur conviction de la nécessité d’une meilleure sensibilisation à ce risque important nous ont semblé particulièrement encourageants. Bien que la RAM constitue un défi de taille, il existe des moyens évidents de réduire son développement et sa propagation. D’expérience, l’engagement des investisseurs peut être une force positive et efficace de changement.

Qu’est-ce que la RAM?

La RAM est un phénomène naturel qui permet aux micro-organismes de développer une résistance aux agents antimicrobiens. Cependant, une mauvaise utilisation des antibiotiques dans les secteurs de la santé et de l’agriculture peut accélérer ce phénomène : les microbes résistants aux antimicrobiens peuvent se propager entre les humains et les animaux, et d’une personne à l’autre. Par conséquent, un nombre croissant d’infections bactériennes courantes – y compris les infections des voies urinaires, la gonorrhée, la tuberculose ou la pneumonie – sont de plus en plus difficiles à traiter.

Une augmentation continue de la résistance pourrait faire passer le nombre de décès dus à des infections pharmacorésistantes d’environ 700’000 aujourd’hui à 10 millions d’ici 2050, ce qui
pourrait réduire le PIB mondial de 2 à 3,5%1. De plus, les opérations de routine, comme l’arthroplastie de la hanche, pourraient devenir des interventions à haut risque. En bref, la RAM présente un risque majeur pour la santé publique et l’économie mondiale.

Notre engagement

Nous adhérons à l’initiative One Health («une seule santé») de l’Organisation mondiale de la santé : les acteurs de la santé humaine, animale, alimentaire et environnementale doivent agir collectivement. Notre engagement à l'égard de la RAM repose donc sur une approche intersectorielle, englobant les producteurs et les acheteurs du secteur agroalimentaire, ainsi que les groupes pharmaceutiques présents dans la recherche et le développement sur les antimicrobiens.

Engagement auprès des producteurs et des acheteurs du secteur agroalimentaire

En puisant dans la recherche de FAIRR sur l’utilisation des antibiotiques dans les chaînes mondiales d’approvisionnement en protéines, nous avons d’abord privilégié un engagement auprès des producteurs et des acheteurs du secteur agroalimentaire. L’OMS estime que 80% de tous les antibiotiques vendus sont utilisés chez les animaux destinés à l’alimentation, et nous pensons que les investisseurs ont un rôle essentiel à jouer dans la sensibilisation aux questions liées à l’utilisation courante des antibiotiques dans l’élevage – depuis le détaillant en contact avec les consommateurs et à chaque étape de la chaîne logistique – et dans la communication des meilleures pratiques en termes d’utilisation des antimicrobiens.

Nous sommes conscients que les producteurs et les acheteurs du secteur agroalimentaire sont confrontés à des défis de taille dans la lutte contre la RAM, notamment parce que l’intensification de la production animale a entraîné une dépendance accrue vis-à-vis des antimicrobiens2.

Engagement auprès des groupes pharmaceutiques

Les défis que les groupes pharmaceutiques s’efforcent de relever ne sont pas moins critiques et les obstacles économiques, réglementaires et scientifiques entravent la découverte et le développement de nouveaux antibiotiques3. Tirant parti de la recherche de la «Access to Medicine Foundation» (fondation pour l’accès à la médecine) pour son indice sur la RAM, notre engagement auprès des groupes pharmaceutiques est axé sur:

Recherche & Développement

  • Défis économiques

Fabrication & production

  • Gestion des risques environnementaux visant à minimiser le risque de contamination des sources d’eau locales par les rejets des usines de fabrication d’antibiotiques
  • Transparence sur les politiques et procédures de gestion des risques environnementaux
  • Bonnes pratiques de fabrication, pour assurer une production d’antibiotiques de haute qualité

Utilisation appropriée des produits

  • Programmes éducatifs
  • Adaptation de brochures et/ou d’emballages
  • Surveillance de la RAM

Progrès initiaux

La majorité des 38 entreprises que nous avons contactées ont été très réceptives, et nous avons échangé de manière approfondie avec des entreprises basées en Amérique du Nord, en Europe et au Japon, et notamment des multinationales comme GlaxoSmithKline ou McDonald’s.

L’expérience nous montre que les entreprises sont bien informées des risques associés à la surconsommation d’antibiotiques, et il est désormais rare que les entreprises des secteurs agroalimentaire et pharmaceutique ne possèdent pas de politique liée aux antibiotiques (ou l’équivalent). Le projet FAIRR sur le secteur de la restauration traduit cette évolution : le nombre d’entreprises dotées d’une politique liée aux antibiotiques accessible au public est passé de 1 en 2016 à 17 en 2019. Cependant, très peu d’entreprises du secteur agroalimentaire se sont engagées à éliminer progressivement toutes les utilisations courantes d’antibiotiques, et le manque généralisé de transparence est criant.

«La résistance aux antimicrobiens représente un formidable défi
pour la mise en place de la Couverture de santé universelle;
elle menace aussi la progression de plusieurs objectifs de l’ONU en matière
de développement durable, notamment sur les plans de la santé,
de la sécurité alimentaire, de l’eau potable et l’assainissement,
de la consommation et de la production responsables, de la pauvreté et de l’inégalité4

En revanche, la transparence des groupes pharmaceutiques sur les questions liées à la RAM est relativement bonne et, lorsque nous avons dialogué, ils se sont montrés ouverts sur la manière dont les nouveaux modèles économiques pourraient stimuler le développement des antibiotiques. La collaboration en matière de gestion des risques environnementaux s’est renforcée grâce à la plateforme de partage des audits mise en place par PSCI (Pharmaceutical Supply Chain Initiative), sur laquelle ses membres peuvent consulter les audits des fournisseurs. L’AMR Industry Alliance a également un impact important, notamment grâce à sa publication de directives détaillées sur la façon de gérer le risque de contamination, lequel découle des déchets issus des procédés de fabrication des antibiotiques.

Étapes suivantes

Nous allons poursuivre notre dialogue avec les entreprises, en élargissant le champ d’action de notre projet pour y intégrer le secteur de la santé animale, et continuer de comparer les meilleures pratiques et d’encourager un engagement plus ferme en matière de lutte contre la RAM.

Dans notre prochain Point de vue sur ce sujet, nous avons l’intention de nous pencher sur les conclusions et les résultats de notre engagement auprès des entreprises des secteurs agroalimentaire et pharmaceutique, et d’expliquer en détail comment notre collaboration avec FAIRR et l’Access to Medicine Foundation a éclairé notre approche de l’engagement auprès de chaque entreprise.

 

1 https://amr-review.org/sites/default/files/AMR%20Review%20Paper%20-%20Tackling%20a%20crisis%20for%20the%20health%20 and%20wealth%20of%20nations_1.pdf
2 http://www.fao.org/antimicrobial-resistance/key-sectors/animal-production/en/
3 https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17460441.2018.1515908
4 https://www.who.int/docs/default-source/documents/no-time-to-wait-securing-the-future-from-drug-resistant-infections-en.pdf?sfvrsn=5b424d7_6

 

Principaux risques
La valeur des investissements et des revenus en découlant peut évoluer à la hausse ou à la baisse du fait des fluctuations des marchés ou des taux de change et les investisseurs sont susceptibles de ne pas récupérer l’intégralité du montant initialement investi.
L’investissement sur les marchés émergents est généralement considéré comme plus risqué que sur les marchés développés.
reo® est une marque déposée de BMO Asset Management (Holdings) PLC.
Les idées et opinions sont celles de BMO Global Asset Management
et ne doivent pas être considérées comme une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de toute entreprise éventuellement mentionnée.
Les informations, opinions, estimations ou prévisions contenues dans le présent document ont été obtenues auprès de sources jugées fiables et peuvent être modifiées à tout moment.
© 2019 BMO Global Asset Management. Les documents promotionnels financiers sont publiés à des fins de marketing et d’information ; au Royaume-Uni, par BMO Asset Management Limited, qui est agréée et réglementée par la Financial Conduct Authority ; dans l’UE, par BMO Asset Management Netherlands B.V., qui est réglementée par la Dutch Authority for the Financial Markets (AFM) ; et en Suisse, par BMO Global Asset Management (Swiss) GmbH, qui est agréée et réglementée par la Swiss Financial Market Supervisory Authority (FINMA). 835115_G19-2751 (11/19). Le présent article a reçu une approbation en vue de son utilisation dans les pays suivants : AT, BH, BE, DK, FI, FR, DE, IE, IT, KW, LU, NL, NO, OM, PT, QA, SA, ES, SE, CH, AE, UK.