Croissance du marché des véhicules électriques

Thiemo Lang, RobecoSAM

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Les fortes perturbations qui secouent l’industrie automobile vont bien au-delà de la seule création de véhicules propres.

Dr Thiemo Lang, gérant de portefeuille Senior de la stratégie RobecoSAM Smart Mobility nous explique les changements inédits et les fortes perturbations qui secouent l’industrie automobile ainsi que les raisons qui font que la mobilité intelligente va bien au-delà de la seule création de véhicules propres.

L’utilisation des véhicules électriques n’est pas généralisée et ils coûtent actuellement plus cher que les véhicules utilisant des carburants fossiles. Quels seront les changements nécessaires pour accroître la demande des consommateurs?

Au cours des années à venir, l’industrie automobile mondiale opérera un virage radical puisque les nouvelles technologies et la modification des habitudes des consommateurs vont remettre en cause ses modèles économiques. En 2017, plus d’un million de véhicules électriques ou hybrides ont été vendus dans le monde, soit une croissance annuelle de 50%; pour 2018, les chiffres ne montrent aucun signe de fléchissement.

Le coût de l’énergie continuera de baisser avec l’augmentation
de la part des renouvelables dans la production d’électricité.

De multiples facteurs expliquent cette adoption. Le coût de fabrication d’une voiture électrique devrait chuter beaucoup plus rapidement que prévu. Tout d’abord, le coût des batteries (l’un des composants les plus chers des VE) sera divisé par deux au cours des trois prochaines années. Par ailleurs, les économies d’échelle générées ainsi que la conception plus simple comparée aux véhicules traditionnels permettent d’abaisser les coûts de fabrication. Le nombre de pièces en mouvement d’un VE est inférieur à celui d’une voiture traditionnelle.

L’électricité étant moins chère que l’essence, recharger la voiture sera donc moins onéreux que faire le plein. En outre, le coût de l’énergie continuera de baisser avec l’augmentation de la part des renouvelables (solaire, éolien) dans la production d’électricité.

Les journaux se font constamment l’écho de nouveaux modèles de véhicules électriques proposés par des constructeurs bien connus, peu connus, voire totalement inconnus. Qui mène la course? D’autres facteurs que les coûts expliquent-ils la hausse de la demande en VE?

La réglementation de pratiquement tous les grands marchés développés et en développement est très favorable à la production de VE. De plus en plus de responsables politiques fixent des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2.

L’optimisation du moteur à combustion interne (MCI) a permis de réduire les émissions, mais atteindra rapidement ses limites. L’électrification des parcs automobiles est la seule voie d’avenir pour les
constructeurs.

La demande des consommateurs est forte et en croissance, notamment
dans les pays où les gouvernements ont pris des mesures concrètes.

Néanmoins, il faut souligner que même si les réglementations ont soutenu la demande des consommateurs jusqu’à présent, la simple raison économique sera bientôt le principal facteur de progression des VE, lorsque le coût de possession pour les consommateurs deviendra équivalent à celui d’un véhicule à essence.

Il est évident que les gouvernements et les activistes s’intéressent au VE comme solution contre la pollution, mais la demande des consommateurs pour ces véhicules est-elle réelle?

La demande des consommateurs est forte et en croissance, notamment dans les pays où les gouvernements ont pris des mesures concrètes. La Chine est un acteur encore important: actuellement, 50% de l’ensemble des véhicules électriques de la planète y sont vendus et la plupart sont proposés à des prix adaptés aux classes moyennes.

La demande des consommateurs de nombreux marchés développés a été quelque peu freinée par une préoccupation liée au manque de diversité des modèles pour répondre au large éventail de segments tarifaires et d’utilisations des consommateurs, notamment en Europe et aux États-Unis. Il manque encore une offre de VE polyvalent et abordable pour les classes moyennes en Europe, aux États-Unis et dans le reste de l’Asie, mais nous pensons que cette situation va fortement changer au cours des années à venir.

Des thématiques du «prosommateur» et des réseaux électriques intelligents prennent de l’ampleur aux côtés des VE. En quoi ces marchés sont-ils liés?

L’idée à l’origine de ce que l’on appelle les «prosommateurs» ou des technologies appelées vehicle-to-grid (V2G), est que lorsqu’un VE n’est pas utilisé (par exemple quand son propriétaire le gare pour la nuit), l’électricité stockée dans la batterie peut être réinjectée dans le réseau à un tarif plus élevé, ce qui génère des revenus et des économies supplémentaires pour le ménage ou le consommateur producteur, le «prosommateur».

 Le covoiturage représente certainement
une solution viable pour atténuer ces problèmes.
En quoi la popularité du covoiturage et les politiques gouvernementales de réduction du nombre de véhicules dans les villes affectent-elles la demande en VE?

La congestion du trafic, ainsi que le bruit et la pollution atmosphérique sont autant de fléaux des métropoles modernes. Le covoiturage représente certainement une solution viable pour atténuer ces problèmes. Il améliorera également la mobilité de ceux qui ne peuvent aujourd’hui financièrement pas se le permettre.

Les estimations de marché montrent que l’autopartage aura vraisemblablement des répercussions plus fortes à partir de la fin des années 2020 et qu’il pourrait réellement affecter l’ensemble des ventes de voitures dans le monde à partir de 2030.

Par contre des recherches menées par McKinsey montrent par exemple que les nouveaux modèles économiques liés à l’autopartage et à la connectivité vont permettre à un marché de 1 500 milliards de dollars de voir le jour d’ici à 2030.