«Les ETF deviennent des refuges»

Salima Barragan

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«Dans les temps incertains, les ETF deviennent des refuges», estime Olivier Paquier de JPMorgan AM.

 

Olivier Paquier de JPMorgan AM répond aux cinq questions d’Allnews sur la gestion passive.

Comment a évolué le marché des ETF?

Depuis 25 ans, le marché des ETF a doublé de taille tous les 5 ans. Aujourd’hui, nous avons, sur une échelle globale,  atteint 5 mille milliards d’avoirs sous gestion et d’ici 2030, nous serons à 30 mille milliards. Sur 10 dollars investis sur les marchés, 3 sont alloués dans des ETF. Ce marché a commencé avec de l’indiciel sur actions pour packager des sous-jacents dans un format standardisé. Puis le marché a complété l’offre avec des ETF sur l’obligataire, les marchés émergents et les matières premières afin d’obtenir des paniers fortement diversifiés. Aujourd’hui, il n’y a plus de barrière entre la gestion active et passive. Au sein d’un même ETF, l’on peut combiner les deux approches. Par exemple, la gestion fondamentale, quantitative ou de conviction peuvent compléter une approche passive. Le débat actif / passif est donc dépassé car les deux sont nécessaires pour se nourrir. De même, l’ancienne approche core/satellite n’a plus de sens car l’on peut aussi bien gérer le cœur du portefeuille que les poches satellites avec des ETF. Enfin, une révolution s’est opérée avec les stratégies smart bêta ainsi que l’offre de gestion active au format ETF.

Dans un environnement difficile, que pouvons-nous attendre de la gestion passive?

Selon mon expérience, dans les configurations de marchés volatils, les ETF ont tendance à devenir des refuges, pour leur facilité d’utilisation et leur bas coût. En 2008, les avoirs sous gestion passive ont crû de manière significative: les flux entrants n’ont d’ailleurs jamais été aussi importants!

Depuis janvier 2018, selon nos observations, le marché monétaire devient une zone de refuge. En tant qu’émetteur, nous nous positionnons sur ce marché avec des solutions passives et actives afin de répondre à l’environnement actuel. Il faut concevoir l’ETF comme un outil pour accéder à un sous-jacent; c’est devenu une enveloppe technologique pour accéder à un style de gestion, qu’il soit actif ou passif. L’on peut donc également les utiliser sur un mode l’allocation d’actif pour baisser le risque et la volatilité totale, augmenter le rendement ou diversifier le portefeuille. Les différences plus visibles avec les fonds traditionnels sont les frais de gestion, la liquidité et la complémentarité.  

Où voyez-vous des opportunités d’investissement?

Les taux de croissance actuels sur le segment obligataire nous ouvrent de nouvelles opportunités. Les liquidités redeviennent une classe d’actif à part entière. Nous favorisons les ETF qui donnent accès à l’intégralité du marché des taux courts, en Europe ou aux États-Unis. Et sur ce segment, chaque point de base de coût compte! Aussi, la dé-corrélation fonctionne bien avec les ETF equity long-short où nous cherchons à obtenir une prime L/S selon une approche quantitative.

Existe-t-il des marchés non adaptés au format ETF?

Effectivement, on ne peut pas tout lancer en matière d’ETFs. Je pense par exemple aux matières premières. Les sous-jacents non diversifiés et non éligibles au format ETF dans l’UE ne sont pas approprié. L’ETF est un produit coté et liquide,  pour cette raison,  les sous-jacents non-liquides ne sont pas des bons candidats.

Sur le segment obligataire, il n’y a pas de contraintes si ce n’est le gisement des émissions. Si le marché n’est pas suffisamment important, la liquidité ne le sera non plus pas.  Nous avons aussi un ETF suivant un indice smart beta sur les obligations émergentes, qui forment un marché hautement inefficient. Cet ETF opère une fonction intéressante de «proxy» des prix.

Quels produits comptez-vous lancer dans le futur?

Nous avons lancé des produits en gestion passive, quantitative/smart beta et active. Nous concentrons particulièrement nos efforts sur la gestion active pour le futur proche, notamment sur les actions et les approches ESG pour nos clients des banques privées, notamment en Suisse. Nous réfléchissons aussi à plusieurs produits obligataires pour nos clients institutionnels.

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