L'Union patronale pour une réforme par étapes de l'AVS et de la LPP

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La priorité va à la stabilisation financière de l'AVS selon Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse.

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L’Union patronale suisse veut une réforme par étapes de l’AVS et de la LPP. Un relèvement de l’âge de la retraite au-delà de 65 ans n’entre pas en considération dans l’immédiat, mais une augmentation progressive dès le milieu des années 2020 est inévitable.

«La priorité va à la stabilisation financière de l’AVS et à l’atténuation de la répartition injuste entre les jeunes et les aînés dans la prévoyance professionnelle (LPP)», a déclaré jeudi à Zurich Valentin Vogt, président de l’Union patronale suisse (UPS). Il présentait aux médias la position de l’UPS sur la réforme de la prévoyance vieillesse.

Après le rejet par le peuple du projet d’Alain Berset l’automne passé, l’AVS et la LPP doivent être remaniées séparément, «par étapes et portions digestes». Le peuple suisse «a donné la preuve qu’il avait compris la réalité des données démographiques», a souligné le président de l’UPS.

ALLONGEMENT DE L’ESPÉRANCE DE VIE

L’allongement de l’espérance de vie provoque dans d’autres pays européens «une évolution qui va nettement dans le sens d’une élévation de l’âge de la retraite». Si elle veut assurer durablement sa prévoyance vieillesse, la Suisse ne pourra pas échapper à cette évolution», estime Valentin Vogt.

L’UPS est convaincue que la volonté de la population de travailler plus longtemps pour la sécurité de la prévoyance vieillesse va encore s’accentuer. Les employeurs souhaitent, eux aussi, occuper de plus en plus de travailleurs au-delà de l’âge ordinaire de la retraite, selon le président de l’Union patronale.

La première étape de la réforme «doit être engagée le plus vite possible et se limiter au minimum indispensable» afin de stabiliser financièrement la prévoyance vieillesse, d’après le patron des patrons. L’UPS propose d’élever en quatre étapes l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et d’augmenter la TVA d’au maximum 0,6 point.

PREMIÈRE ÉTAPE AU PLUS TARD EN 2021

Le Conseil fédéral «serait bien inspiré de renoncer à une nouvelle procédure de consultation» sur ces deux points, a déclaré Roland Müller, directeur de l’UPS. Ces deux éléments figuraient déjà dans la procédure de consultation de la réforme «Prévoyance vieillesse 2020». Avec ce gain de temps, il serait possible de réaliser la première étape de la réforme de l’AVS en 2021 au plus tard.

Si un correctif social supplémentaire s’avérait nécessaire pour trouver une majorité, les employeurs pourraient entrer en matière sur la proposition de la conseillère aux Etats st-galloise Karin Keller-Sutter (PLR). Cette proposition a déjà été discutée dans le cadre du projet rejeté par le peuple.

«L’UPS est convaincue que la volonté de la population de travailler plus longtemps pour la sécurité de la prévoyance vieillesse va encore s’accentuer.»

Elle prévoit de faciliter l’accès à la retraite anticipée aux personnes qui ont commencé à travailler et à cotiser très tôt et qui n’ont obtenu qu’un faible revenu moyen durant toute leur vie active. Cette mesure profiterait surtout aux femmes ayant un faible revenu et coûterait 300 millions de francs par année à l’AVS. Aller au-delà serait «irresponsable», selon Roland Müller.

Si aucune mesure n’est prise à brève échéance, l’AVS enregistrera des déficits de l’ordre du milliard de francs et le niveau du fonds baissera rapidement. Le déficit devrait atteindre un milliard en 2020. Pour 2030, il s’élèverait à 7 milliards.

Pour la LPP, l’UPS est favorable à une diminution «substantielle du taux de conversion assortie d’une compensation adéquate» pour garantir le niveau des rentes, a indiqué Martin Kaser, responsable de la politique sociale et des assurances sociales. La compensation devra être définie d’entente avec les partenaires sociaux.

DES BASES «SOLIDES ET DURABLES»

Pour installer la prévoyance vieillesse sur des bases «solides et durables», il faudra aborder la deuxième étape de la réforme dès le milieu des années 2020 et prévoir une augmentation «progressive» de l’âge de la retraite. L’UPS estime qu’il est trop tôt pour dire de combien il doit être relevé. Le facteur décisif pour cette mesure sera «sans doute l’évolution économique de la Suisse», selon Valentin Vogt.

Pour l’Union syndicale suisse (USS), «les propositions de démantèlement» de l’Union patronale suisse «vont aggraver les problèmes de la prévoyance vieillesse au lieu de les résoudre». Pour le syndicat, l’âge de la retraite doit rester inchangé et les rentes courantes doivent compenser la forte hausse des dépenses de santé.