Suivi de Richemont par Bordier

Christophe Laborde, Bordier & Cie

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L’assainissement des stocks de Montres horlogères n’est toujours pas résolu à un moment où la demande ralentit en Asie.

Richemont publie ce matin des résultats mitigés pour le S1 2018/19 (Avril-Septembre). L’EBIT subit l’intégration d’activités on line encore moins profitables que prévu (Yoox Net à Porter et Watchfinder) alors que le ralentissement de la croissance organique des ventes sur sep-tembre (+8% au S1 vs +10% sur 5 mois) est surprenant. L’assainissement des stocks de Montres horlogères n’est toujours pas résolu à un moment où la demande ralentit en Asie et alors que l’on peut s’interroger sur la durée du cycle en joaillerie. Nous sortons le titre de la liste Satellites.

En publié, les résultats du S1 montrent une forte progression de l’activité et des bénéfices! Le CA de Richemont a progressé de +21 % à 6,81 milliards d'euros au S1, le groupe consolidant YNAP et Watchfinder, (ventes en ligne = 14% du total groupe). Hors cet effet périmètre, la croissance organique des ventes est de seulement +8% au S1 vs +10% à 5 mois...décevant! Au niveau profitabilité, la marge brute atteint 62,5% au S1, en recul de -290pb, subissant, même si attendu, l’intégration de distributeurs en ligne moins profitables (en perte actuellement)…la marge brute aurait été de 66,6% hors intégration. L’EBIT atteint 1,13 milliard d'euros au S1 soit un recul de -3% imputable aux 159 millions d'euros de frais liés aux opérations de cession (Lancel) et d’acquisitions (YNAP et Watchfinder). De plus, si la profitabilité de la joaillerie (EBIT +19%) continue de s’améliorer à un niveau élevé (marge de 34% vs moyenne 10 ans à 31%), les Montres Horlogères ont toujours du mal (marge -80pb à 18,5% vs moyenne 10 ans à 20%), les provisions pour re-prise de stocks aux distributeurs continuent de peser! Enfin, le résultat net de Richemont a atteint 2,25 milliards d'euros au S1 (vs 974 millions il y a un an), dopé par un bénéfice comptable après impôts de 1,38 milliard d'euros (réévaluation des actions de YNAP détenues avant l’offre publique de rachat).

Lors de la conférence téléphonique, Richemont explique la décélération de l’activité en septembre par l’impact de l’ouragan Mangkhut sur toute l’Asie du sud-est et par la faiblesse de la monnaie chinoise…surprenant quand on voit que LVMH, L’Oréal et Hermès n’ont pas été affectés! Si le management indique que les ventes en octobre sont reparties sur la tendance du S1 (+8%), nous commençons à avoir de sérieuses craintes pour l’avenir que nous résumons ici en 3 points:

  1. Le groupe n’arrive pas à résoudre la situation sur l’état des stocks de montres horlogères (sell-in) alors que la croissance des ventes sur le marché (sell out) est en train de ralentir en Asie (cf exportations de montres horlogères suisses;
  2. La consolidation des activités on line représente l’avenir mais va peser à court et moyen terme sur la profitabilité du groupe;
  3. La demande en joaillerie n’a cessé de croître depuis 2/3 ans et son niveau de profitabilité exceptionnel nous fait craindre tout retournement éventuel du cycle.

En résumé, Richemont déçoit par le fait de ne pas avoir su ou pu surfer sur la reprise de l’industrie du Luxe (surtout en Asie) à l’inverse de ses concurrents. La perspective d’un cycle dont la croissance se normalise (prises de profits sur LVMH et Kering au S1 et au T3) nous conduit à plus de prudence. Nous sortons Richemont de la liste Satellites et privilégions Hermès (Core Holding) au sein du secteur Luxe.

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