Rendement maximum

Salima Barragan

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Les obligations des pays émergents sont une classe d’actif inefficiente dont le marché est très segmenté, estime Magda Branet de Candriam.

 

Dans un environnement de taux d’intérêt bas, la recherche de rendement sur le marché obligataire des pays occidentaux s’annonce laborieuse. C’est dans ce contexte que les pays émergents tirent leur épingle du jeu.  

Ces pays sont soutenus par une dynamique de croissance mondiale synchronisée. Les déficits de leurs comptes courants s'améliorent et les couvertures des réserves de change sont généralement adéquates. Les forces structurelles favorables dont bénéficient les pays émergents rendent l’attrait des obligations émergentes particulièrement intéressant. Mais encore faut-il détenir une expertise suffisante pour sélectionner les bonnes opportunités au sein d’un univers complexe.

Les fonds de dette émergente ont récemment attiré des flux importants, nous indique Magda Branet, gérante de fonds chez Candriam. Et pour cause, «les rendements escomptés cette année sont de l’ordre de 5 à 5,5% pour une volatilité de 4-6% sur un fonds en devise forte et de 9-10% sur un fonds en devise locale. Sur ce dernier, la gérante s’attend à un rendement supplémentaire de 2 à 3% grâce à l’appréciation des devises locales. «A l’exception de l’Asie, nos vues sont positives sur les devises émergentes.» La gérante rajoute que les propos protectionnistes de Donald Trump n’auront pas d’impacts significatifs sur l’évolution du commerce mondial car il s’agit d’un événement essentiellement politique «Une fois l’effet d’annonce passé, les devises émergentes devraient se renforcer». 

«Le marché de la dette émergente représente
un univers d’instruments très vaste.»
Stratégie croisée

Dans sa stratégie d’investissement, Magda Branet exploite les inefficiences du marché obligataire émergent, notamment les caractéristiques spécifiques et les primes de liquidité, selon une approche basée sur trois axes de sélection:

  • Analyse relative des pays pour déceler les opportunités d’arbitrage au sein d’une même classe de risques
  • Allocation au sein d’un même pays (dette souveraine, quasi souveraine ou corporate) et choix du type de devise (forte ou locale)
  • Sélection des instruments obligataires 

Sur ce dernier point, il est à noter que le marché de la dette émergente représente un univers d’instruments très vaste. «Contrairement à des obligations de type «plain vanilla», des éléments plus techniques influencent leur prix; nous y trouvons par exemple encore des sinkables*, des obligations indexées sur le PIB ou des zéro coupons», précise la gérante.

Concrètement, Magda Branet et son équipe utilisent un modèle propriétaire de valorisation. Ce modèle statistique prend en compte des variables macroéconomiques quantitatives ainsi que des indicateurs politiques et structurels d’ordre qualitatif de type ESG. «Nous n’exclurons pas un titre sur la base d’un critère qualitatif défavorable, mais nous demanderons une plus grande prime de risque pour le compenser» explique la gérante. En ce qui concerne la dette en devise locale, la gérante sépare clairement les risques de change des risques de duration. «Sur le marché de la dette émergente en devise locale, l’on peut exploiter davantage nos vues macro-économiques que sur le marché de la dette en devise forte». En fonction de ses convictions, la gérante peut prendre des positions de change pur ou des positions de duration pure via les swaps de taux. Proactive, lors de l’analyse relative des pays, la gérante utilise ses propres ratings de crédit internes car elle estime que les agences de notation sont en retard sur les variables macro-économiques.  

«Les obligations en devises locales offrent
de bonnes performances lors de périodes de reflation.»
Devises locales

Pour l’année 2018, Magda Branet favorise les obligations en devises locales. D’une part elles vont bénéficier de l’appréciation du change et d’autre part, elles offrent de bonnes performances lors de périodes de reflation. «Les obligations en devises locales sont certes plus risquées mais les perspectives sur 12 à 18 mois sont les meilleures» commente la gérante. 

Dans ce segment, la gérante identifie de la valeur dans le Brésil car il offre un différentiel de taux d’intérêt intéressant. «Les obligations souveraines en devises forte du Mexique, de la Russie et du Brésil ne présentent plus beaucoup d’intérêt mais ces pays offrent des opportunités intéressantes dans le marché des obligations «corporate», estime la gérante. De plus, elle sous-pondère le Pérou et le Panama, qui servent de proxy au bon du trésor américain du faite de leur sensibilité aux augmentations du taux d’intérêt américain.  

Deux thématiques retiennent son attention. Premièrement, les pays au bénéfice du soutien du FMI tels que, l’Ukraine et l’Égypte car les dynamiques de crédit y sont intéressantes. Deuxièmement, les exportateurs de matières premières des zones frontières qui ont souffert du récent sell-off. «Je me repositionne sur des pays tels que l’Angola, l’Irak ou l’Équateur.»

Pour une intégration complète des critères SRI

Depuis décembre 2016, l’équipe dette émergente de Candriam intègre une stratégie SRI via le fonds Candriam SRI Bonds Emerging Markets. Des filtres SRI ont été mis en place pour sélectionner les titres souverains. Des émetteurs importants tels que la Chine et la Russie en sont exclus. Pour compenser la perte de portage de rendement, le fonds investit aussi dans les obligations «corporate» et prend des positions sur devises. 

* Une obligation sinkable est garantie par un fonds d’amortissement.