Naviguer avec l’absolute return

Salima Barragan

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Les espérances de rendements s’amenuisent. D’où un retour en force de l'«absolute return». Explications avec Maud Minuit, gérante de fonds chez La Française.

 

Les fonds «absolute return»  permettent de générer un rendement immunisé aux soubresauts de l’environnement obligataire. «Nous utilisons  tous les moteurs de performances pour un objectif de rendement Euribor +3,5%», explique Maud Minuit, gérante du fonds La Française Multistratégies obligataires.

«Les positions vendeuses sur la dette américaine à court terme associées
à des obligations indexées à l’inflation se sont avérées judicieuses.»

Les synergies créées par les multiples stratégies (Relative Value, Long-Short, Directional Bias, Forex)  permettent d’extraire tout l’alpha du marché obligataire. Elles procurent aussi une meilleure réactivité pour saisir les opportunités qui se présentent. D’ailleurs, avec le retour de la volatilité, elles ne manquent pas. La sensibilité du fonds au taux d’intérêt est négative de -1,08 grâce aux stratégies de produits dérivés notamment des positions vendeuses de taux core. Les positions vendeuses sur la dette américaine à court terme associées à des obligations indexées à l’inflation se sont avérées judicieuses. «Notre stratégie sur la remontée des taux nominaux américains via la composante inflation fonctionne bien. Les taux courts américains intègrent pour fin 2019 quatre hausses de 25 points de base», commente la gérante. Le fonds peut aussi avoir une exposition maximale de 5% au delta actions via les obligations convertibles. «Depuis plusieurs semaines, les obligations convertibles font partie de nos convictions pour le biais directionnel qu’elles offrent sur les actions européennes», rajoute la gérante.

Le cas européen

Maud Minuit est prudente sur les obligations européennes IG de maturité longue, vulnérables à la fin du programme d’achats de la BCE. «Le taux réel est maintenu artificiellement négatif et nous nous attendons à une reconnexion des taux réels aux fondamentaux économiques», explique la gérante qui a une position vendeuse sur ce segment. En revanche, elle détient de la dette subordonnée bancaire: celle-ci est exclue du programme d’achats BCE et moins sensibles à la remontée des taux. La gérante énumère des arguments solides tels que la bonne dynamique et l’assainissement de prêts de la zone euro dans un secteur récemment recapitalisé, une plus grande clémence de la part du régulateur européen, un renforcement des ratios de fonds propres et une pentification de la courbe des taux d’intérêt européens qui soutient les marges bancaires.

«Le Portugal fait figure de bon élève de la zone euro car sa dynamique
de croissance est forte et ne souffre d’aucune instabilité politique.»

De plus, l’Europe n’est pas à l’abri de risques politiques. Afin de le couvrir, le fonds a eu une position vendeuse sur la dette italienne car les incertitudes politiques ne sont pas encore intégrées dans les prix. «Le marché ne croit pas à une possible formation de gouvernement alors il se concentre sur les fondamentaux. L’Italie était un maillon faible de la zone euro, mais elle s’est bien redressée et aujourd’hui, la dette italienne offre un différentiel de 115 points de base sur le 10 ans allemand», explique la gérante. En revanche, elle voit de la valeur dans la dette gouvernementale du Portugal. Ce pays périphérique fait figure de bon élève de la zone euro car sa dynamique de croissance est forte et ne souffre d’aucune instabilité politique. De plus, les spreads sur la partie courte de la courbe des taux sont attractifs. Plus au sud, l’évolution des fondamentaux en Turquie est réjouissante. «Le risque politique Erdogan est correctement intégré dans le rendement et l’émission se traite avec un pick-up intéressant», précise la gérante.

La Française utilise un modèle d’évaluation interne pour son approche quantitative qui calcule une prime par unité de risque pour les émissions ou les classes d’actifs. Chaque unité de risque supplémentaire est quantifiée selon un rapport entre l’excès de rendement sur un instrument à 3 ans sans risque et la volatilité moyenne calculée sur 180 jours. Le fonds est UCITS et son univers d’investissement couvre tous les pays de l’OCDE incluant des obligations émergentes pour une volatilité implicite maximum de 5%.