Les avantages du High Yield

Salima Barragan

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«Lors des périodes de hausses de taux, la gestion obligataire peut s’avérer un vrai casse-tête» explique Alexis Renault d'ODDO BHF.

 

«La volatilité du marché obligataire va augmenter. Elle était jusqu’à présent à des minimum et malgré son augmentation récente, elle est encore bien en dessous de la normale», explique Alexis Renault, responsable High Yield et gestionnaire de fonds obligataire chez ODDO BHF AM.

Jusqu’à présent, la Banque Centrale Européenne a acheté plus de dettes que les gouvernements ont émis. Son programme d’achat («Quantitative Easing») doit prendre fin en septembre mais pourrait être prorogé quelques mois jusqu’en décembre. On doit donc s’attendre à une remontée de la volatilité. «Avec la réduction des achats de la BCE, les taux vont augmenter mécaniquement quel que soit le taux d’inflation», souligne Alexis Renault. Selon lui, la baisse du chômage devrait conduire à une augmentation à terme de l’inflation, et les taux pourraient réagir violemment à cette donnée macro-économique, peut-être 10, 20 ou 25 points de bases de hausse sur le Bund allemand à dix ans.

On ne peut exclure une remontée des risques idiosyncratiques
ainsi que l’apparition de «profits warnings».

Lors des 3 dernières phases de remontée des taux d’intérêt, les obligations à haut rendement ont le moins souffert. Ces obligations se caractérisent en effet par des coupons élevés. Ils permettent de générer un portage important. «Le high yield absorbent la moitié des hausses de taux d’intérêt», explique Alexis Renault. Elles sont même les seules de la classe obligataire à avoir affiché des performances positives durant ces périodes. Actuellement la volatilité de ce segment est de 2% seulement alors que sa moyenne est plutôt autour de 10% sur le long terme. Une hausse des taux pourrait-elle impacter la capacité des entreprises à rembourser leur dette? «Le taux de défaut sur les 12 prochains mois est estimé à 1,3%, ce qui est insignifiant, mais c’est un taux caractéristique en phase de haut de cycle. Les valorisations deviennent plus tendues et les petites déviations des résultats des entreprises entrainent des baisses importantes», prévient le gérant.

Les investisseurs en obligations à haut rendement doivent suivre attentivement l’évolution des EBITDA des entreprises (résultat opérationnel avant paiement des coupons). On ne peut exclure une remontée des risques idiosyncratiques ainsi que l’apparition de «profits warnings». Des résultats à la baisse se font déjà ressentir dans certains secteurs tels que la chimie et l’automobile. Ces mauvaises surprises pourraient tirer le marché à la baisse, donc aviver la volatilité et écarter les spreads.

«Les fondamentaux du crédit européen semblent moins vulnérables
à un ralentissement de l’économie mondiale.»

Si l’on compare le marché européen avec le marché américain, on constate sur le marché européen, des durations plus faibles, une moindre dépendance au secteur énergétique hautement volatil et une meilleure couverture des intérêts (4,5x). Les fondamentaux du crédit européen semblent donc meilleurs et moins vulnérables à un ralentissement de l’économie mondiale. Mais les 4 derniers PMI en Europe sont en baisse par rapport au quatrième trimestre de 2017. Est-ce un signe préliminaire d’une décélération de l’économie ou seulement une contre-tendance à très court terme? Pour le gérant, le high yield est un indicateur avancé macro-économique qui réagira avant le marché actions. «Si l’économie européenne décélère, le niveau des spreads pourrait s’écarter de 100 points de base d’ici la fin de l’année. De plus, le marché se focalise maintenant sur l’Italie dont la croissance a été très faible durant ces 10 années et qui entre dans une période d’instabilité politique. Une affaire à suivre donc…

Les conditions de marché changent et face à cela, la duration courte qu’offrent les obligations à haut rendement (en moyenne 3,5 ans contre 5 à 6 ans sur le segment «investment grade» et 7-8 ans sur la dette gouvernementale) est plus appropriée. Mais dans le contexte actuel, une meilleure sélectivité du crédit s’impose.