Déferlante d’IPO chinoises

Salima Barragan

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Lilian Co, gérante du fonds d'actions chinoises de EI Sturdza, explique pourquoi il est temps de revisiter le marché des actions chinoises.

Lilian Co gère le fonds Strategic China Panda avec un biais sur les sociétés chinoises de grande capitalisation boursière. Ces dernières ont réalisé des performances exceptionnelles en 2017. Depuis, la gérante renforce son allocation sur les sociétés de moyenne capitalisation boursière (entre 1 et 5 milliards de dollars), dont le potentiel de hausse est considérable. De plus, une multitude de sociétés issues de la nouvelle économie débarquent sur la place boursière de Hong-Kong. Le marché chinois est bel et bien en pleine mutation.

Point d’entrée attractif

Les réformes structurelles qui ont pesé sur l’économie chinoise touchent à leur fin. Lilian Co, pour qui le ralentissement de la croissance des bénéfices ne fut pas une surprise, s’attend à un rythme modéré pour ces prochaines années. «Malgré une atténuation, la dynamique à deux chiffres se poursuit. Actuellement, nous ne payons pas de premium sur les actions chinoises qui se traitent à 13x les bénéfices anticipés sur 1 an», explique la gérante. Le momentum sur les actions chinoises a perdu de sa superbe mais ce vaste marché recèle d’opportunités d’achat. «Le sell-off de cette année n’était pas lié à une détérioration des fondamentaux et les niveaux actuels des valorisations représentent un point d’entrée attractif», souligne la gérante qui reste convaincue qu’une fois les incertitudes évaporées, les investisseurs se reconcentreront sur les fondamentaux. «Beaucoup d’opportunités d’investissement ne sont pas représentées dans les portefeuilles des investisseurs internationaux», poursuit-elle.

Face à la guerre commerciale qui oppose les deux plus grandes puissances économiques, Lilian Co reste confiante: «L’export net n’est plus le principal vecteur de la croissance chinoise, donc les sanctions commerciales n’auront pas tant d’impact sur son économie». Bien que Donald Trump maintienne une position dure sur le devant de l’arène politique, elle constate qu’il accorde certaines concessions. Néanmoins, elle rajoute «qu’une volatilité à court terme sur les marchés est inévitable mais ne sera pas problématique».

«Ce qui importe dans la sélection des titres,
ce n’est pas tant leur place de cotation, mais les fondamentaux des sociétés.»

Malgré le «Hong-Kong Connect», le marché des actions A (cotées en Chine continentale) reste encore un marché fermé dont l’ouverture complète nécessitera un long processus de cinq à dix ans. La gérante détient dans son fonds principalement des actions H (cotées à Hong-Kong). La représentation des actions A sur son fonds est inférieur à 5% car elle ne perçoit pas de qualité supérieure sur celles-ci. «Sur le long terme, il n’y a pas de différence entre les actions A et H. Ce qui importe dans la sélection des titres, ce n’est pas tant leur place de cotation, mais les fondamentaux des sociétés», explique la gérante dont le processus de gestion est principalement de type «bottom-up».

Les nouvelles opportunités chinoises

«Actuellement, nous identifions de nouvelles opportunités dans l’espace des sociétés de moyenne capitalisation de moins de 5 milliards», relève Lilian Co. Dans ce segment, qui pèse 20% du fonds, elle apprécie le titre Nexteer Automotive, fournisseur de composants automobiles qui figure dans le top 3 mondial. «Nous avons acheté ce titre en 2012 alors que l’action, mal valorisée, se traitait à un fort discount de 7x les bénéfices. Après une hausse importante, il s’échange aujourd’hui à près de 11x les bénéfices. La position a représenté jusqu’à 8% de la NAV du fonds, emmenée par la performance boursière du titre», détaille-t-elle. Aujourd’hui, la position dans le portefeuille est de 3%.

De même, les secteurs de la technologie et de la biotech sont prometteurs car une multitude de ces sociétés, issues de la nouvelle économie, débarquent sur la bourse de Hong-Kong. «Ces deux dernières années, le marché est devenu plus efficient et il y a beaucoup d’IPOs dans la Fintech. Aussi, d’importantes IPOs dans la Biotech sont dans le pipeline pour le second semestre». Sans surprise, ses deux positions principales sont Alibaba et Tencent, des valeurs technologiques, qui réunies, représentent près de 20% du fonds. Cette concentrations est courante auprès des funds managers actifs sur le marché chinois. Mais Lilian Co estime que c’est l’alpha généré par les 80% restants qui fera la différence entre les gérants. Notons que, pour un béta de 0,83, son fonds a dégagé une performance nette annualisée de +14,52%/an contre +10,10%/an pour l’indice MSCI China NR (du 03.10.2008 au 31.05.2018).

«Le thème du renforcement de la consommation domestique est toujours intact.»

Lilian surpondère le secteur de la consommation discrétionnaire de 20% vis-à-vis de son benchmark (MSCI China US), car selon elle, le thème du renforcement de la consommation domestique est toujours intact. «De plus, nous assistons à un changement des mentalités des consommateurs chinois, ces derniers étant prêts à payer plus pour des biens et des services de qualité», rajoute-elle.

La gérante favorise également l’immobilier qui a été ajouté au portefeuille en 2017. Les valorisations sont bon marché avec des rendements attractifs. En 2018, le secteur est entré dans une phase de consolidation avec les grands acteurs gagnant des parts de marché sur les plus petites sociétés ayant plus de difficultés à se financer.

Depuis sa création, la performance cumulée du fonds Strategic China Panda en base dollar US a surperformée de plus de 100% le MSCI China NR. La gérante détient environ 40 titres en portefeuille. «Une concentration raisonnable est nécessaire pour exprimer nos convictions et générer de l’alpha», conclut-elle.

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