Weekly Thoughts par Mirabaud Securities - Décembre 2019

John Plassard, Mirabaud Banque

3 minutes de lecture

Les spécialistes de Mirabaud Securities analysent les évènements significatifs de la semaine et leur impact sur les marchés.

LES MARCHÉS: En pleine digestion

Après la large victoire aux élections législatives britannique du parti de Boris Johnson et les promesses sino-américaines d’avoir un accord commercial au début janvier 2020, les indices ont, comme on pouvait s’y attendre, été en mode pause et certains investisseurs ont tenté de prendre leurs bénéfices. Quoi qu’il en soit, sur la semaine, les principaux indices américains terminent sans aucune tendance. Même morne évolution pour les indices européens avec des hausses moyennes de près de 0,25%. En Asie, si le Nikkei a terminé la semaine sans progression notoire, les indices chinois ont gagné plus de 1% dans l’espoir de voir la Chine et les États-Unis enfin signer la phase de l’accord commercial.

LES CHANGES: La Livre turque esseulée

La livre turque est la grande perdante de la semaine après qu’Ankara ait menacé de fermer deux bases américaines et s’est dit prête à intervenir en Libye, au grand dam de l'Égypte et de… la Russie. Sur la scène intérieure, la domination du parti islamiste présidentiel, l'AKP, est menacée par des défections, notamment celle d'Ahmet Davutoglu, un ancien Premier ministre qui a créé un parti rival. Toujours parmi les pays émergents la majeure partie des devises ont terminé dans le vert (face au dollar) avec des surperformances pour le peso chilien et le won sud-coréen. Au niveau des membres du G10, c’est la couronne norvégienne qui se détache cette semaine suivie du dollar canadien. Le dollar australien et la livre sterling ont fini la semaine de manière négative face au billet vert.

LE THEME: Les smartphones

Peu de gens le savent, mais en Suisse, encore récemment, un téléphone portable était appelé NATEL (pour Nationales Auto-TELefonnetz), mot inventé en 1975 avec l’introduction du premier Natel A en 1978, suivi du Natel B en 1980, sac portable de 12 kilos. Près de 40 ans plus tard, la société Apple a largement dépassé les mille milliards de dollars de capitalisation boursière notamment grâce à la vente de ses fameux iPhones. Même constat pour des entreprises telles que Huawei ou encore Xiaomi. Cependant la tendance est en train de changer radicalement et il convient d’analyser les tendances de demain dans ce vaste domaine. L’arrivée des téléphones portables a révolutionné le monde dans les années 80, mais personne ne peut contester que ce marché soit maintenant mature voire en (légère) décélération. Ceci ne prédit malgré tout pas la fin des entreprises du secteur. Bien au contraire. En effet, les produits et les services (appelé smartphone multiplier ou SM) liés aux téléphones portables devraient être sur le point de dépasser les ventes mêmes des téléphones portables. Une véritable révolution en soit puisqu’il y a à peine 20 ans, un téléphone servait à … téléphoner ! Le SM comprend un large éventail de produits et de services, y compris le hardware (étuis, chargeurs, accessoires audio, articles portables), le contenu (publicités mobiles, abonnements de streaming et surtout applications) et les services (réparations, assurance, stockage dans le cloud), et pourrait bientôt éclipser les ventes réelles de téléphones portables comme le principal moteur de revenus dans le secteur des smartphones. Deloitte s’attend à ce que le marché des SM connaisse une croissance annuelle de 5 à 10% jusqu'en 2023, soutenue par la croissance de ses principaux composants. En clair, en 2023, le SM devrait générer des revenus de plus de 500 milliards de dollars par an.

LE PAYS: L’Inde

Dynamisme démographique, croissance soutenue, évolution digitale, émergence d’un fort esprit entrepreneurial et d'innovation ont fait du marché indien un investissement particulièrement attractif par rapport aux autres économies émergentes. Par ailleurs, plus de 65% de la population a moins de 35 ans et de larges segments de la société sont bien éduqués et parlent anglais. Enfin, l'Inde a attiré bon nombre d’investissements étrangers, notamment en provenance du Japon et des États-Unis. Pourtant, 2020 pourrait être l’année de la déception pour ce pays de près de 1.4 milliard de personnes. Coup sur coup, les agences de notation, les grandes banques ou encore la Banque Mondiale ont revu sévèrement à la baisse les prévisions de croissance de l’Inde, où le PIB ne devrait pas progresser de plus de 6% cette année (année fiscale d’avril 2019 à mars 2020), alors qu’il caracolait il y a un an à plus de 8%. Le problème semble être plus profond qu’il n’y paraît, ce d’autant plus que la croissance de la production économique de l'Inde a ralenti pour s'établir à 4,5% (contre 5% par rapport au trimestre précédent) au cours des trois mois terminés en septembre, soit son plus bas niveau depuis le premier trimestre de 2013. Les poids du pays sont au nombre de 4: ralentissement des investissements, faiblesse de la consommation, stress financier des ménages ruraux et recul enregistré dans la création d’emplois. Les autorités indiennes, conscientes du ralentissement économique, ont pris le taureau par les cornes en s’appuyant sur 2 pans cruciaux: des relances massives et des baisses de taux. En conclusion, l’Inde se trouve aujourd’hui à un tournant majeur pour son économie. En effet, le relai de croissance de la Chine peine et passera même en-dessous de la croissance chinoise cette année. Si les autorités (politiques et monétaires) indiennes ont déjà annoncé des mesures importantes la question est de savoir si elles suffiront à éviter que le pays ne connaisse une croissance en-dessous de 4%.

LA VALEUR: Boeing

Après une annus horribilis pour Boeing suite à 2 accidents mortels dramatiques en 5 mois ayant coûté la vie de 346 personnes, la compagnie américaine a annoncé la suspension pour une durée indéterminée de la production des 737 MAX à partir du début du mois prochain, en raison du report de la certification. La priorité sera donnée à la livraison des quelque 400 monocouloirs assemblés depuis mars, aucun licenciement ou chômage technique n’étant attendu «pour l’instant». Les conséquences financières de cet arrêt de la FAL de Renton, une première depuis 2008, seront détaillées fin janvier lors de la présentation des résultats du quatrième trimestre. Selon certains analystes, la suspension des livraisons de 737 MAX depuis mars dernier lui coûterait 4,4 milliards de dollars par trimestre. Les dernières estimations publiées montrent que l’état des stocks pourrait coûter jusqu’à un tier de la croissance du PIB américain lors du 1er trimestre 2020…