Voici le dernier trimestre

Philippe G. Müller, UBS

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Faisons le point sur ce qui a influencé les marchés au troisième trimestre et de regarder ce que réservent les trois derniers mois de l’année.

©Keystone

Le troisième trimestre est arrivé à son terme. Son bilan est bon pour les investisseurs diversifiés en actions dans la mesure où l'indice MSCI All Country World a grimpé de 4,7%, notamment grâce aux actions américaines qui ont généré un rendement de 7,7%. 

Ces dernières ont d’ailleurs franchi une étape historique: avec une durée de 115 mois, leur marché haussier est désormais le plus long de l'histoire moderne des Etats-Unis. 

Toutefois, la hausse de 20 points de base du rendement des bons du Trésor américain à dix ans a encore compliqué la donne pour les marchés émergents, comme en témoigne la performance de -1,1% en dollars américains pour l'indice MSCI EM. Il faut remonter à 2011 pour retrouver un tel écart de performance (8,8 points de pourcentage) entre les actions émergentes et les actions américaines.

Au moment d’affronter les derniers mois de l'année, il convient de réfléchir à ce qui a influencé les marchés au troisième trimestre et aux thèmes qui devraient intéresser les investisseurs au dernier trimestre.

Ce qui a influencé les marchés au troisième trimestre

Négociations commerciales 
La menace des droits de douane brandie par les Etats-Unis à l'encontre de ses partenaires de l'UE et de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), ainsi que de la Chine, a été le principal motif d'inquiétude pour les investisseurs internationaux. 

Au final, les investisseurs ont semblé être rassurés par l'accord entre les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), qui a évité l'instauration de droits de douane sur les importations d'automobiles et par la conclusion, le 30 septembre, d'un accord commercial avec le Canada et le Mexique. Compte tenu de ces avancées, les Etats-Unis ne sont plus engagés que sur un seul front de leur guerre commerciale: celui avec la Chine.

Marchés émergents 
La confiance à l'égard des marchés émergents s'est effritée tout au long du troisième trimestre face aux nombreux signes tangibles de décélération de l'économie chinoise et aux problèmes spécifiques rencontrés par des pays comme l'Argentine et la Turquie. 

Cela permet d'expliquer la baisse de 1,1% de l'indice MSCI EM et le repli de 3% de l'indice JP Morgan Emerging Market Currency. Cette nette sous-performance reflète également les sorties de capitaux liées au repli des investisseurs en quête de rendement vers les actifs plus sûrs libellés en dollars américains dans un contexte de hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

L'exception américaine
Après une période de croissance mondiale synchronisée début 2018, l'économie américaine a surperformé avec une progression de 4,2% en rythme annualisé au deuxième trimestre, deux fois plus forte que celle enregistrée par la zone euro. Aux Etats-Unis, le bénéfice par action a augmenté de 26% au deuxième trimestre, contre 6% dans la zone euro. 

En outre, l'indice ISM non manufacturier a progressé à 61,6 en septembre, son plus haut niveau depuis août 1997.

Ce que réserve le quatrième trimestre

Au dernier trimestre de l'année, la Recherche d’UBS pense que les investisseurs concentreront leur attention sur les éléments suivants:

Entrée en vigueur des droits de douane
Si l'augmentation des droits de douane semble circonscrite aux Etats-Unis et à la Chine, il convient néanmoins de surveiller son impact sur la croissance économique et les bénéfices. Il est envisageable que l'augmentation des droits de douane – comme c'est le cas pour toute hausse d'impôts – freinera quelque peu la croissance de l'économie américaine. 

Son impact dépendra de la facilité avec laquelle les entreprises pourront y échapper en délocalisant leur production. L'emploi pourrait également être affecté si les ruptures de chaînes d'approvisionnement deviennent significatives.

Hausse des taux d'intérêt
La semaine dernière, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a enregistré sa plus forte hausse en une séance depuis novembre 2016 car les très bons chiffres de l'économie ont conforté les anticipations des marchés quant à un nouveau relèvement des taux de la Réserve fédérale américaine en décembre. Il est désormais à son plus haut niveau depuis juillet 2011. 

Et comme la Banque centrale européenne s'apprête à mettre un terme à son assouplissement quantitatif en décembre, le bilan global des banques centrales à l'échelle mondiale commencera à se contracter.

Convergence économique régionale
Au quatrième trimestre, malgré la récente accélération de la croissance économique aux Etats-Unis, il faut guetter un éventuel resserrement du différentiel de croissance avec le reste du monde. Cela pourrait avoir des répercussions importantes sur la performance des marchés des actions dans les différentes régions du monde vu la surperformance des Etats-Unis jusqu'ici.

Tout bien considéré, les facteurs positifs devraient encore l'emporter sur les risques potentiels. Par conséquent, UBS privilégie une légère surpondération des actions mondiales. Après leur récente correction, les marchés émergents commencent à présenter une valorisation assez intéressante, c'est pourquoi UBS a récemment accentué sa surpondération des obligations souveraines émergentes libellées en dollars. 

Toutefois, il faut toujours considérer qu'il y a lieu de conserver plusieurs positions susceptibles de profiter d'une concrétisation des scénarios pessimistes, notamment sur le front du commerce mondial. Pour rappel, UBS surpondère toujours les bons du Trésor américain à dix ans, ainsi que le yen japonais par rapport au dollar de Taïwan.

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