Une météo idéale pour les émetteurs

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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Sur le marché obligataire, le coût du crédit est au plus bas, mais le risque que les rendements s’écartent augmente.

Comme nous l’avions anticipé, le mois de septembre a démarré avec force émissions. Les volumes sont importants et les émetteurs variés, avec toutefois un biais en faveur de ceux qui sollicitent fréquemment le marché et qui ont en général suffisamment de cordes à leurs arcs pour saisir les bonnes occasions. La tendance actuelle devrait se poursuivre durant tout le mois, du fait que les banques vont inciter les emprunteurs à tirer parti d’une situation qui pourrait s’avérer être l’une des plus favorables de ce cycle.

Mais pour quelles raisons les conditions prévalant aujourd’hui sont-elles aussi intéressantes? Le mois d’août a vu se développer un rallye d’une ampleur inédite sur presque tous les marchés du «taux sans risque». Résultat, un tiers du marché obligataire mondial, représentant un volume de quelque 17'000 milliards de dollars, affiche désormais un rendement négatif. Le rallye sur les taux a démarré en novembre dernier alors que le rendement des bons du Trésor se situait encore à 3,25%, contre 1,5% aujourd’hui, et que celui des obligations allemandes à dix ans était de 0,57%, contre -0,64% à l’heure actuelle. Le mois d’août n’a donc représenté que le pic de l’accélération du mouvement démarré en novembre dernier.

En Europe, depuis le début de l’année, les «étoiles montantes», sont au nombre
de vingt et un alors que l’on ne compte que six «anges déchus».

Fait inhabituel, durant ce rebond marqué du marché obligataire, les écarts de rendement du crédit sont pratiquement restés inchangés, si bien que le coût du crédit a rarement été aussi intéressant pour les emprunteurs. En général, un fort rallye sur les taux favorise les marchés peu risqués et entraîne un écartement des rendements qui découle de la réduction de l’appétit pour le risque crédit.  

Or, le scénario qui se déroule actuellement est tout autre. Les marchés du haut rendement, habituellement les plus vulnérables, bénéficient d’un support technique solide, car les emprunteurs remboursent leurs dettes ou sont acquis par des entreprises de qualité «investissable». Et, dans certains cas, le relèvement de leur notation leur permet d’accéder à la catégorie «investissable».

Cette évolution paraît d’autant plus remarquable que la rumeur voudrait que les emprunteurs notés BBB risquent d’être rétrogradés vers le segment BB et viennent ainsi inonder le marché du haut rendement. Mais, selon Moody’s, la réalité est tout autre. En Europe, depuis le début de l’année, on compte 21 «étoiles montantes», c’est-à-dire les émetteurs revenus dans la catégorie «investissable» suite à une hausse de leur notation, contre 6 «anges déchus», soit les emprunteurs passés en catégorie «non investissable» suite à une baisse de leur notation. Pour les Etats-Unis, ces chiffres sont de respectivement 20 et 12 et, pour le Royaume-Uni, de 4 et 0.

Il est probable que le risque d’un écartement
des rendements s’accroisse.

Compte tenu des nombreux indicateurs pointant vers un ralentissement continu de l'économie mondiale, du fait que certaines régions flirtent avec la récession et que les risques macroéconomiques persistent – que ce soit sous forme de guerre commerciale ou d'un éventuel Brexit sans accord – c’est peut-être le dernier moment pour tirer parti des bonnes conditions d’emprunt actuelles.

Pour les banques d’investissement, c’est probablement l’occasion idéale pour proposer des papiers sur le marché des capitaux à des émetteurs potentiels, avec les motivations suivantes: des rendements d’emprunts d’Etat à un niveau historiquement bas, des écarts de rendement attrayants sur le marché du crédit, un contexte technique favorable, des perspectives économiques qui se dégradent et un socle d’acheteurs potentiels disposés à acquérir des obligations. L’offre devrait donc être abondante durant ce mois de septembre, mais il est également probable que le risque d’un écartement des rendements s’accroisse.

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