Un environnement plus porteur

Philippe G. Müller, UBS

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La probabilité d’une issue positive des négociations sino-US a augmenté. La politique monétaire et les fondamentaux tirent davantage vers le haut.

©Keystone

Il est parfois difficile de distinguer la réalité de la fiction dans la communication des protagonistes du différend commercial sino-américain. A ce stade, même les négociateurs ne savent pas si le président Trump, appliquera le relèvement des droits de douane prévu au 15 décembre.

Tout au long de ce bras de fer commercial, les responsables américains ont été prompts à se montrer optimistes quant à un règlement du différend. Pourtant, cela n'a pas empêché le président de relever les droits de douane. En juillet, une trêve conclue en marge du G20 a propulsé les marchés vers des sommets, mais Donald Trump a relevé les droits de douane quelques petites semaines plus tard. Pourquoi dès lors penser qu'une issue différente est possible cette fois-ci?

Chinois et Américains semblent disposés
à accepter la conclusion d'une série d'accords distincts.

C’est qu’il y a eu, le mois dernier, des signes tangibles qui suggèrent que la probabilité d'un accord commercial a augmenté.

Abrogation des droits de douane

Il n'est pas anodin que le ministre chinois du Commerce se dise désormais disposé à accepter un plan qui verrait les Etats-Unis revenir «par phases» sur le relèvement des droits de douane. 

Pas plus tard qu'en juillet, ce même ministre déclarait que, pour que les deux parties parviennent à un accord, il fallait que tous les droits de douane instaurés soient retirés et que la position de la Chine sur ce point était claire et constante.

Propositions plus concrètes et réalistes

Les deux parties semblent disposées à accepter la conclusion d'une série d'accords distincts, ce qui s'avère un chantier moins titanesque qu'un accord global. Un accord partiel prévoirait des achats de produits agricoles américains par la Chine et l'abrogation des droits de douane chinois sur ces derniers. 

En échange, les Etats-Unis pourraient abroger les droits de douane de 5% sur 250 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine, qui étaient censés entrer en vigueur en octobre, et remettre à plus tard le relèvement des droits de douane prévu en décembre. Les sujets les plus sensibles, comme les transferts de technologie, la politique de concurrence de la Chine et les cyber-intrusions, devraient être exclues du premier volet de l'accord partiel.

Pression politique accentuée

Ce mois-ci, le Parti démocrate a remporté des élections dans le Kentucky, la Virginie et le Mississippi. La pression politique à l'approche des élections de 2020 s'accentue et un accord applicable permettrait au président Trump de revendiquer une victoire avant le scrutin.

Le taux réel des fonds fédéraux est tombé à -0,9%, contre 0,2%
lorsque les marchés d'actions ont atteint un sommet en juillet. 

Dans l'ensemble, le risque d'une rupture totale des négociations est désormais plus faible et la probabilité d'une issue positive, incluant potentiellement une abrogation des droits de douane, a augmenté. De leur côté, la politique monétaire et les fondamentaux sont, à présent, également plus porteurs.

Redressement de la courbe des rendements

La Fed a baissé ses taux à trois reprises, ce qui a favorisé un redressement de la courbe des rendements. Une inversion de la courbe des rendements n'est toutefois pas forcément un signe avant-coureur fiable de récession. 

Néanmoins, le retour d'une courbe ascendante a amélioré la performance des valeurs financières, a éloigné le spectre d'une fin du cycle économique et a atténué le risque d'un déclin auto-entretenu du moral des investisseurs et des entreprises.

Banques centrales plus accommodantes

Même si les orientations de politique monétaire sont désormais moins claires, les banques centrales sont devenues, dans l'ensemble, depuis l'été, encore plus accommodantes. Le taux réel des fonds fédéraux (corrigé de l'inflation sous-jacente) est tombé à -0,9%, contre 0,2% lorsque les marchés d'actions ont atteint un sommet en juillet. 

La Fed a indiqué qu'elle pourrait tolérer une certaine surchauffe
de l'économie pendant plus longtemps.

Au troisième trimestre, les conditions de crédit bancaire en Europe se sont assouplies, enrayant ainsi la tendance au resserrement observée depuis le quatrième trimestre 2018. En outre, la Fed a indiqué qu'elle pourrait tolérer une certaine surchauffe de l'économie pendant plus longtemps.

Croissance stable du PIB et des bénéfices

En Allemagne, le PMI manufacturier s'est redressé de 41,7 en septembre à 42,1 en octobre. Il en va de même aux Etats-Unis où l'indice ISM manufacturier a rebondi à 48,3, contre 47,8 le mois précédent. Une modération des tensions commerciales serait de nature à entretenir le rebond des indices de confiance. Sur le front des bénéfices, les prévisions de bénéfice par action du consensus ont retrouvé un niveau plus réaliste alors que la saison de publication des résultats du troisième trimestre touche à sa fin.

Les risques haussiers et baissiers semblent désormais un peu plus équilibrés. Même si les cours des actions ont augmenté et que les risques baissiers subsistent, le potentiel de hausse s'est également accentué. Il est donc conseillé d’adopter un positionnement globalement neutre à l'égard des actions. 

La Recherche d’UBS a mis un terme à la sous-pondération des actions émergentes. Cela dit, son allocation d'actifs tactique fait toujours la part belle aux valeurs de rendement plutôt qu'aux valeurs de croissance. Elle surpondère les obligations émergentes en devise forte, ainsi que la roupie indienne et la roupie indonésienne face aux dollars australien et taïwanais.

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