Trois raisons de retirer l’Italie des pays à risque

John Plassard, Mirabaud Banque

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Stabilité du gouvernement, abaissement du seuil de la majorité électorale à 16 ans, détente avec l’UE. L’horizon s’est éclairci.

© Keystone

Évolution majeure de notre analyse SWOT de l’économie au mois d’octobre, nous avons décidé de retirer l’Italie des pays à risque. Au-delà du fait qu’un nouveau gouvernement ait été adoubé, il y a d’autres raisons pour lesquelles nous avons décidé que ce pays n’était plus dans une situation critique.

Un nouveau gouvernement plus stable (?)

Après des semaines de tergiversations, le nouveau gouvernement italien dirigé par Giuseppe Conte avec l'appui du Parti démocrate et du Mouvement 5 étoiles (M5S) a obtenu en début du mois de septembre la confiance du Sénat.

Le gouvernement Conte II a été approuvé par 169 voix contre 133 à la chambre haute du Parlement, qui compte 321 membres, à l'issue d'un débat houleux pendant lequel la Ligue d'extrême droite a accusé la nouvelle coalition de trahir les Italiens en les privant d'élections législatives.

Élément extrêmement important, le poste stratégique de ministre de l'Économie et des Finances a été confié à l’ancien président de la commission des Affaires économiques au Parlement européen Roberto Gualtieri, un membre éminent du Parti démocrate.

Le chef de la Ligue, Matteo Salvini, qui est à l'origine de l'éclatement de la précédente coalition formée par son parti et le M5S, pourrait ainsi passer trois ans et demi dans l'opposition.

Bien que le gouvernement Conte II (67e gouvernement italien depuis 1945) doive affronter un chantier de réformes titanesques, l’horizon s’est éclairci pour les douze prochains mois au moins.  

Une ouverture des élections aux plus jeunes

Si l’idée était dans l’air depuis plusieurs années, parallèlement à la nouvelle loi de finances le (nouveau) gouvernement s’est aussi prononcé pour l’abaissement du droit de vote à 16 ans (la majorité électorale étant aujourd’hui fixée à 18 ans pour les législatives et à 25 ans pour les sénatoriales).

C’est une décision potentiellement importante, car elle assurerait (en tout cas en partie) au gouvernement un soutien de poids car, historiquement, les jeunes votent dans un premier temps pour le gouvernement qui leur a donné la possibilité d’aller aux urnes.

L’Italie pourrait être l’un des premiers pays de l’Union européenne (UE) à s’engager ainsi au niveau législatif. Si la décision devait être prise, elle serait extrêmement populaire à l’heure où les jeunes se battent de plus en plus pour leurs droits et l’avenir de la planète.

Une détente avec la commission européenne

Dans une volonté de ne pas entrer en lutte « frontale » avec la commission européenne, le nouveau gouvernement italien, clairement pro-européen, s'est fixé pour objectif, en début de semaine dernière, un déficit public à 2,2% du PIB en 2020, 1.8% en 2021 et 1.4% en 2022.

Ceci tranche largement avec le gouvernement précédent dominé par l’extrême droite de Matteo Salvini. Une nouvelle loi de finances a d’ailleurs été adoptée lundi en se basant sur une croissance de +0.6%. Cette décision annule automatiquement la hausse de la TVA auquel le pays devait être soumis l’année prochaine.

Si c’est un « manque à encaisser » d’environ 23 milliards d’euros, le gouvernement espère combler ce trou à travers un regain de la consommation, une optimisation fiscale, des économies du fait d'une demande plus faible que prévu pour les départs anticipés en retraite et des dépenses plus faibles liées à la nette baisse des taux d'emprunt.

Enfin, la nouvelle loi de finances prévoit aussi une baisse des charges sur le travail, le lancement d’un « Green New Deal » (avec un accent mis sur le développement durable) et sur des mesures sociales (notamment une aide pour les femmes qui travaillent).

En bref

Si les problèmes ne sont pas pour autant résolus (endettement, manque de réforme, chômage des jeunes ou encore vieillissement de la population) le mouvement que nous effectuons est tactique et plus en lien avec le retour d’une (potentielle) stabilité politique pendant environ 361 jours, soit la durée moyenne d’un gouvernement italien depuis 1945 …

 

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