Trade finance et technologie

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La substitution de l’homme dans un métier où la relation reste très personnelle est une utopie encore lointaine.

La technologie - et plus particulièrement la blockchain - s’introduit dans tous les métiers. Quelle place prendra-t-elle dans des domaines où la relation est traditionnellement très personnelle comme le financement des transactions de négoce international? 

Sur cette spécialité romande qu’est le Trade Finance, la fondation SRIC1 réunissait mardi, au Trading Forum, un panel d’experts composé de Michel Girardin de l’Université de Genève, Marco Aletti de l’ITC2, Anne-Ly Zumbino, responsable du risque de crédit à la BIC-BRED3, Nicolas Sanchez de Merchant Advisors et Robin Dunou, directeur commercial d’eGTSA4

Il est ressorti des débats, menés par Andrea Tang du STSA5, que, si la technologie était susceptible d’apporter un soutien à l’exécution des transactions de négoce, elle ne saurait remplacer les rapports humains en matière d’identification des sources d’approvisionnement et de due diligence, activités fondées avant tout sur la confiance et l’expertise.

L’introduction de la blockchain dans les opérations de financement est,
pour l’instant, réservée aux géants du négoce de l’énergie.

Les initiatives d’introduction de la blockchain menées à ce jour l’ont été essentiellement sur le trading du pétrole, un secteur où acteurs, volumes et montants de grande ampleur permettent les économies d’échelle. Dans le domaine des matières premières agricoles (soft commodities) où intervenants et transactions sont infiniment plus modestes, l’introduction de technologies complexes obère des marges déjà très compromises par une réglementation de plus en plus lourde. 

Il y a bien évidemment technologie et technologie. L’identification d’une partie prenante par l’envoi d’une pièce d’identité digitalisée est à la portée de tous. L’établissement d’un réseau d’approvisionnement complexe et sécurisé sur une chaîne de blocs est une autre affaire. L’introduction de la blockchain dans les opérations de financement est, pour l’instant, réservée aux poids lourds du négoce de l’énergie comme Mercuria, Gunvor ou Koch et à leurs partenaires bancaires. Pour le négoce du café, du cacao et même du riz – pour lequel il n’existe même pas de dérivés -, la substitution de l’homme par une série d’algorithmes est une utopie encore lointaine. 

Ce qui ne signifie pas que technologie et petits acteurs soient incompatibles comme en témoignent la plateforme de soutien aux PME des pays en voie de développement lancée par l’ICT pour permettre aux petits entrepreneurs d’accéder au e-commerce international ou encore les solutions offertes par Opportunity Networks. 

La blockchain est-elle une solution pour le futur du financement du négoce, pour garantir la traçabilité et éviter les fraudes? «Peut-être mais tout dépend de qui la met en œuvre et la contrôle, afin de créer la confiance collective indispensable quant à l’intégrité et l’authenticité des données partagées. Personne ne se préoccupe de la technologie employée par le système de communication inter-bancaire SWIFT, pourtant tout le monde lui fait confiance pour effectuer sans papier ni signature des transferts de fonds ou confirmer des engagements, depuis des décennies» conclut Nicolas Sanchez. 

1  Swiss Research Institute on Commodities
2  L’ITC est une agence conjointe de l’Organisation mondiale du commerce et des Nations-Unies.
3  BIC - BRED (Suisse) est une filiale de la BRED Banque Populaire, spécialisée dans le financement du négoce. 
4  eGTSA est la société responsable de Trafec, une plateforme interbancaire suisse de négoce international. 
5  Swiss Trading and Shipping Association
 

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