Thanos, Boris et la chouette

Igor de Maack, DNCA

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Ce sont les sobriquets des trois personnes qui vont faire bouger les marchés ces prochains jours et ces prochains mois.

Ce titre pourrait être celui d’une fable du grec Esope ou de Jean de la Fontaine mais ce sont en réalité les sobriquets des trois personnes qui vont faire bouger les marchés ces prochains jours et ces prochains mois.

Thanos, c’est le héros «super méchant» des Marvel auquel Donald Trump s’identifie pour mieux faire disparaître la menace démocrate (son impeachment). L’affirmation de sa puissance a aussi trouvé matière dans la quasi-finalisation de l’accord commercial avec les Chinois. Cet accord permet de repousser les taxes prévues mais aussi de donner un chemin vers la poursuite de nouvelles discussions commerciales. Il traduit la volonté de la part des deux grandes puissances économiques de stabiliser le monde, certes avec de nouvelles règles plus contraignantes mais avec un degré de certitude plus important.

Boris, c’est le prénom du nouveau vainqueur par KO des élections britanniques. Majorité absolue des Tories au Parlement et Brexit en route pour fin janvier constituent aussi deux événements qui vont mettre fin à cette incertitude européenne.

Aux Etats-Unis on observe depuis quelques années
une diminution constante du nombre d’entreprises cotées.

La chouette, c’est la nouvelle Présidente de la BCE, Christine Lagarde, qui a donné sa première conférence et s’est décrite «ni faucon ni colombe». Elle a réitéré le maintien de la politique monétaire accommodante. De manière inédite depuis 2003 et dans la lignée de la Réserve fédérale américaine, elle a lancé une revue stratégique exhaustive de sa politique monétaire en 2020. Son style et ses décisions seront à coup sûr minutieusement observés par les marchés.

Ces trois personnages, chacun confronté à des problématiques diverses mais intimement liés, façonnent le paysage monétaire et financier. Ce sont d’ailleurs les monnaies qui ont réagi le plus rapidement à ces annonces. La devise européenne se renforce face au dollar et face au yen. La livre britannique converge vers 0,8 contre euro. Les actions européennes devraient être tiraillées entre deux forces : 1/ elles devraient bénéficier tout d’abord de l’évanescence des incertitudes 2/ elles devraient pâtir de la force de l’euro. La première force devrait l’emporter dans un premier temps car c’est celle de l’appétit pour le risque. Si les incertitudes diminuent, les actifs «refuges» (dollar, obligations souveraines des pays cœur et immobilier) devaient voir leur valorisation baisser.

L’immobilier semble l’actif le plus dangereux dans les années à venir : valorisation élevée, corrélation au taux longs, illiquidité et base fiscalisable bien identifiée. La bulle est là, elle gonfle, elle enfle. Le Haut Conseil de stabilité financière du Ministère des Finances en France s’est d’ailleurs ému de la progression plus rapide de l’endettement des ménages français par rapport à celle de leur revenu.

Fait anecdotique à signaler, les opérations capitalistiques de retrait de cote sur deux small & midcaps françaises (Le Bélier et Oeneo) pourraient être le prélude à un mouvement plus vaste de revalorisation de ce segment de marché très délaissé par les investisseurs. Aux Etats-Unis on observe d’ailleurs depuis quelques années une diminution constante du nombre d’entreprises cotées et une augmentation de capitalisation moyenne de celles-ci.  Il n’y aura bientôt plus d’entreprises de petite taille en bourse... il faut peut-être se dépêcher d’en acheter.

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