Tabarnia: fiction ou réalité?

François Meylan, Meylan Finance

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Tabarnia serait en passe de devenir le prochain pôle économique et culturel européen par excellence.

 

L’affaire a fait grand bruit, entre décembre et janvier derniers, tant dans la presse espagnole qu’internationale, avec l’annonce d’un premier gouvernement pour Tabarnia. Ce qui paraissait n’être qu’une plaisanterie prend une toute autre tournure. Encore à l’état de projet, il s’agirait de constituer une nouvelle région espagnole comprenant les agglomérations de Barcelone (Haute Tabarnia) et de Tarragone (Basse Tabarnia), les circonscriptions côtières où le vote unioniste – opposé au nationalisme indépendantiste – et très majoritaire.

La semaine dernière, sous la présidence de Jesús Mariñas, un premier rapport économique et fiscal a été publié par la Direction corporative «2018 Informe datos económicos» Ce document public est accessible sur www.somostabarnia.org. Il détaille le PIB comme la balance fiscale ainsi que toutes les données financières utiles pour se rendre compte du poids économique de la nouvelle région. Et ce week-end, nous apprenions que l’ouverture de représentations à l’étranger les Diplotab – par opposition aux Diplocat des indépendantistes – est à l’étude. Par exemple, une implémentation est prévue à Lausanne.

Si les indépendantistes s’évertuent à vouloir diviser,
ils seront divisés à leur tour.

Mais d’où vient Tabarnia dont la montée en puissance, du moins sur les réseaux sociaux, est indéniable? Premièrement, l’aventure qui pourrait, au rythme où évolue l’antagonisme catalan, aboutir à une réalisation bien concrète a vu le jour le 24 septembre 2012. Son idéologie naît du principe que si les indépendantistes s’évertuent à vouloir diviser, ils seront divisés à leur tour. Effet miroir oblige, au slogan séparatiste «Catalonia is not Spain» il est répondu «Barcelona is not Catalonia».

Il faut savoir que le système électoral catalan surpondère les régions rurales et les localités de modeste importance telle que Gíjon au détriment des habitants des deux grandes agglomérations. Le facteur allant jusqu’à quatre. On comprend alors mieux coude à coude des deux camps. La Catalogne, si elle devenait indépendante, ne compterait plus qu’à peine un million et demi d’habitants pour une superficie de 26’477 km2, sans Tabarnia. Alors que celle-ci pèse plus de six millions d’âmes réparties sur 5423 km2. Soit une ère de services et industrielle incontournable tant pour la démocratie espagnole que pour l’Union européenne (UE). Notons également que si l’inspiration vient du droit canadien, l’article 143 de la Constitution espagnole permet, sous certaines conditions, aux territoires de se constituer en communautés autonomes.

Peut-être, est-elle là finalement la sortie de crise qui oppose Catalans à d’autres Catalans. Soit la sédition catalane se fait avec l’Espagne et Tabarnia voit concrètement le jour. Soit le projet Tabarnia aura, pour le moins, réussi à dissuader quelques velléités indépendantistes. À suivre.