En tant qu'investisseurs obligataires, un des paramètres cruciaux est de savoir à quel stade du cycle économique on se trouve. Il s’agit donc d’étudier chaque mois longuement les données extraites de l'énorme quantité de datas produites dans le monde. Le cycle actuel semble avoir la dent dure et, en fait, lorsque l’on examine les données, le cycle semble en assez bonne santé.

Pour déterminer le degré de proximité de fin de cycle, il est évidemment possible d’examiner la forme de la courbe de rendement, mais il existe également de nombreux autres facteurs pertinents, comme les niveaux d’endettement des sociétés et des individus, les indicateurs de crédit et le durcissement des conditions de financement, notamment.

A la fin de cette liste, on pourrait introduire un indicateur «Surprise ou Choc» car, si les indicateurs peuvent parfois voir leur feu vert tourner orange, voire devenir rouge, un déclencheur supplémentaire est souvent nécessaire pour pousser une économie à bout et la faire entrer en récession. Le Royaume-Uni a, par exemple, été frappé de plein fouet par le Brexit, mais à l'époque les indicateurs étaient majoritairement dans le vert. Le système bancaire était notamment extraordinairement bien placé pour absorber les mauvaises nouvelles. Le Brexit n’a donc pas suffit, à lui seul, à déclencher une récession.

Au vu des récentes évolutions de la politique économique américaine, le feu vert «Surprise ou Choc» est devenu plutôt orange pour les Etats-Unis. Ce feu orange est probablement encore loin du rouge, mais cela signifie qu’il faut absolument être vigilant car il annonce peut-être l’imminence d'une guerre commerciale mondiale. A court terme, les mesures protectionnistes sont avant tout inflationnistes, ce qui devrait de fait accroître la pression en faveur d’un durcissement des conditions financières, un autre indicateur pertinent de l’évolution du cycle économique. En effet, si les réponses mondiales menaient à une escalade des tensions commerciales, cela aurait certainement un impact important sur la croissance mondiale. Il est difficile à ce stade d'en déterminer l'ampleur, mais les investisseurs se doivent d’être vigilants.

La démission, mardi dernier, du conseiller économique de Donald Trump, Gary Cohn, n’a pas suscité de réaction particulière, mais elle pourrait signifier que le président Trump ait l’intention de prendre d'autres mesures extrêmes sur le marché et que son conseiller ne veuille pas être parie prenante d'une erreur politique de grande ampleur.

Le mois dernier a été dominé par la thématique de la relance sur les marchés. Ce mois-ci sera probablement consacré à celle d’une potentielle guerre commerciale. Un feu orange que les investisseurs ont tout intérêt à voir repasser au vert rapidement.