Retour en force des émetteurs sur le front des ABS

Rob Ford, TwentyFour Asset Management

2 minutes de lecture

Le marché international des ABS se porte à nouveau bien et regorge de nouvelles opportunités dont il sera possible de tirer parti prochainement.

La semaine dernière, tous les intervenants du marché des titres adossés à des actifs (Asset backed securities ou ABS) ont convergé vers Barcelone pour la 23e conférence annuelle consacrée aux ABS du monde entier. Cette rencontre de trois jours a pu afficher son record d’audience depuis la crise, puisqu’elle a rassemblé plus de 4000 participants, émetteurs, intermédiaires, prestataires de services, traders, analystes, autorités de réglementation, presse spécialisée et, bien sûr, des investisseurs tels que nous. Fait marquant de cette édition, il semblerait que le nombre d'émetteurs présents était sensiblement plus élevé que celui de ces dernières années.

Des sessions à guichets fermés

Comme à l'accoutumée, le programme était dense, allant des sessions introductives destinées aux nouveaux participants, à celles dédiées aux différentes classes d'actifs, en passant par les discours de la Financial Conduct Authority (FCA) et de l'Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) portant sur l’évolution des réglementations et le remplacement des taux interbancaires offerts (TIO). On a également pu assister à des sessions très techniques destinées aux trustees et cabinets juridiques, ainsi qu’à des exposés consacrés aux prévisions de marché (perspectives de performances et évolution) pour les analystes et traders. Toutes ces propositions ont attiré  de nombreux participants et chaque fois, les salles étaient combles (j'ai personnellement participé à deux tables rondes portant sur le remplacement imminent des TIO et le nouveau règlement concernant les titrisations simples, transparentes et standardisées (STS).

Le marché est généralement sain, tant du point de vue
de la qualité du crédit que sur le plan structure.
Le pouls du marché en direct

En marge de ce programme, mais essentielles pour de nombreux participants, de multiples réunions ont rassemblé les banques arrangeuses et leurs émetteurs respectifs ainsi que leurs clients investisseurs. Nous avons pu ainsi rencontrer de nombreux émetteurs du continent et d’ailleurs  et les interroger sur leurs projets de financement et le niveau de leurs actifs. Il nous été possible d’approcher différents organismes de crédit à la consommation, des prêteurs hypothécaires néerlandais, des gérants de CLO, des assureurs et des entreprises européennes spécialisées dans le crédit automobile, ainsi que de nombreuses banques aux profils très divers pour ce qui concerne leurs exigences en matière de financement et de gestion des risques.

Fin du casse-tête réglementaire

Dans l'ensemble, le climat était à l’optimisme. A l'introduction tant attendue des nouvelles règles de titrisation et de la nouvelle norme «Simple, Transparente et Standardisée» (STS) en début d’année, nombre de problématiques réglementaires à l'origine de l'incertitude du marché ces dernières années se sont trouvées résolues. Cela explique peut-être la présence accrue des émetteurs à la conférence, un certain nombre d’acteurs absents du marché ces dernières années envisageant d’y revenir. Il est  bien sûr encore tôt pour se prononcer, car certains détails techniques doivent encore être finalisés par les autorités réglementaires. Mais le questionnement, source de nervosité chez certains acteurs, porte davantage sur les délais de finalisation que sur le contenu de la réglementation.

Tous les indicateurs au vert

La majorité des participants à la conférence estime que le marché est généralement sain, tant du point de vue de la qualité du crédit que sur le plan structure et, à mesure que la réglementation se met en place, ses perspectives de performance s’améliorent.  Comme toujours, une certaine retenue se manifeste, mais elle concerne surtout l'éventualité d'un ralentissement plus marqué que prévu.

Les CLOs pourrait connaître une baisse
de volume au second semestre.

Les perspectives d'émission sont positives. Après un début d'année plutôt lent, freiné par la mise en œuvre de la nouvelle réglementation, la situation s'est redressée. Et même si, en volume, l'année pourrait se terminer sur léger recul par rapport à 2018, les perspectives de croissance à moyen terme sont plutôt bonnes. Les CLOs (Collateral Loan Obligations ou obligations adossées à des prêts syndiqués) ont bien résisté, parce que n’entrant pas dans le champ du STS. Ce segment pourrait néanmoins connaître une baisse de volume au second semestre du fait que les opérations d’arbitrage sur actions sont actuellement moins intéressantes et que le flux de prêts sous-jacents tend à se ralentir. Les émissions de titres adossés à des créances hypothécaires (Commercial mortgage-backed securities ou CMBS), autre catégorie d'actifs qui n’est pas soumise au STS, sont également en hausse. Mais ce segment dépend toujours largement d’opérations spécifiques, du fait que la taille, le secteur, la localisation et la qualité des actifs sous-jacents peuvent varier considérablement.

Un champ de nouvelles opportunités

Le Brexit reste un problème, mais il n’affecte plus particulièrement le marché des  ABS. C'est plutôt un défi pour les régulateurs, qui ont dû affecter du personnel supplémentaire à ce dossier au détriment de celui de la titrisation. C'est en partie la raison pour laquelle la réglementation complète de la titrisation n'a pas été finalisée à temps. Dans l’ensemble, cette 23e conférence nous a amenés à un certain optimisme et nous en sommes sortis avec des carnets pleins d’opportunités très intéressantes dont nous espérons tirer parti ces prochains mois.

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