Représailles

Igor de Maack, DNCA

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L’escalade guerrière entre les Etats-Unis et l’Iran en ce début d’année a ravivé la volatilité sur les marchés.

©Keystone

Première conséquence, elle a porté le prix du baril autour de 70 dollars ce qui ne constitue pas une bonne nouvelle pour les consommateurs des pays développés. Les valeurs pétrolières ont naturellement été particulièrement entourées au cours de ces journées de hausse du pétrole. L’or tangente désormais le niveau des 1’600 dollars (son plus haut niveau depuis 2013) reflétant les inquiétudes sur l’environnement international. L’intérêt pour le métal jaune ne cesse d’ailleurs d’augmenter depuis l’été dernier: les inquiétudes politiques et économiques, le «débasement» des monnaies dans un système monétaire ultra-expansionniste et les risques systémiques climatiques participent également à cette aversion au risque.

Dans ce contexte incertain, les plus courageux seront tentés d’acheter les «creux de marché» après une année à la performance tonitruante. La réaction positive des marchés actions après la riposte iranienne en est le signe. Pour éclairer le propos sur les conséquences des perturbations géopolitiques, une étude des analystes de SunTrust parue récemment dans le Wall Street Journal démontre que si les tensions au Moyen-Orient impliquent toujours des baisses à court terme, leur impact peut rester transitoire. De la crise des otages en Iran (1979) en passant par l’invasion du Koweit (1990) ou la deuxième guerre en Irak (2003), les marchés actions américains (S&P 500) ont toujours monté sur l’année suivante. Il faut toutefois noter que lors de la crise du canal de Suez (1956), les attentats du 11/09 et la crise pétrolière en 1973, ces derniers avaient baissé.

L’Europe domestique semble un refuge
un peu à l’abri des soubresauts de la scène internationale.

La performance des marchés actions reste avant tout guidée par le «chemin de croissance» macroéconomique (entre 3 et 3,4% selon les instituts de prévision pour 2020) et sa transcription «microéconomique» dans les résultats publiés par les entreprises (croissance attendue entre 8 et 10%). Les niveaux de valorisation s’avèrent exigeants à ce stade (PE 2020 en Europe autour de 15x-16x). Certes, le niveau des taux d’intérêt peut justifier une certaine clémence mais ce raisonnement comporte ses limites. On ne peut pas «tout» expliquer et rationnaliser par les taux surtout s’ils se mettent à «dérailler» à cause d’une mauvaise inflation (hausse du cours des matières premières et hausse des salaires qui viendrait rogner les marges opérationnelles des entreprises). Les perturbations des taux de change peuvent aussi venir contrecarrer les trajectoires des bénéfices même si le dollar affiche une stabilité étonnante.

L’Europe domestique semble un refuge un peu à l’abri des soubresauts de la scène internationale. Pourtant, elle n’attire toujours pas véritablement les flux des investisseurs. L’accouchement difficile d’un fragile gouvernement dirigé par le socialiste Pedro Sanchez en Espagne, les éternelles tergiversations politiques en Italie, la réforme douloureuse des retraites en France et un Brexit qui dure agissent toujours comme des «repoussoirs». Après des années de hausse des marchés entretenus par le «rerating» du multiple de valorisation, ces derniers pourraient se venger des investisseurs trop optimistes sur la poursuite ininterrompue de cette tendance.

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