Résilience

Nicolas Jacob, ODDO BHF AM

2 minutes de lecture

Dans l’environnement actuel, la pertinence des critères ESG appliqués à la gestion de portefeuille n’a jamais été aussi forte.

Face à la crise sanitaire mondiale générée par le COVID-19, les entreprises affrontent une situation inédite et exceptionnelle car elle touche pour la première fois et de manière simultanée l’ensemble des parties prenantes de la sphère économique et sociale: employés, clients, fournisseurs, actionnaires, ainsi que leurs relations avec les États et les collectivités publiques.

Mais voilà qu’à peine atteint le plateau pandémique, les réflexions se portent déjà vers le «monde d’après», traduisant probablement une prise de conscience tardive et sous contrainte de la nécessité de retrouver un horizon consistant de réflexion et une prise de décision sur le long terme.

Nous n’avions pas attendu ce moment pour engager cette réflexion. Dans une perspective d’investisseur de long terme et à travers une analyse fondamentale des entreprises, l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) est depuis plusieurs années au cœur de la plupart de nos stratégies d’investissement avec comme pierre angulaire l’idée que l’entreprise est avant tout une organisation humaine. C’est pourquoi notre démarche s’appuie sur deux piliers: le capital humain et la gouvernance d’entreprise qui sont les axes privilégiés de notre modèle interne d’analyse ESG.

La pertinence des critères ESG appliquée à la gestion
de portefeuille n’a jamais été aussi forte.

Par l’analyse tant quantitative que qualitative de critères tels que le leadership d’un dirigeant, la diversité cognitive d’un comité exécutif, le degré de complexité organisationnelle de l’entreprise, la capacité d’innovation des équipes ou bien encore la qualité des relations sociales et de la vie au travail des employés, nous considérons que la valeur du capital humain d’une entreprise est un puissant vecteur de performance, source de création de valeur à moyen et long terme.

De la même façon, une analyse structurée et rigoureuse de critères tels que le fonctionnement des organes de contrôles, l’indépendance et la diversité des administrateurs, la politique de rémunération des dirigeants, la composition des comités, la responsabilité fiscale et le degré de transparence, s’avère être un levier important de limitation des risques notamment lorsque l’on se positionne en tant qu’investisseur minoritaire.

Pour valider cette hypothèse, parmi les 600 entreprises que nous analysons, nous avons mesuré le panier des entreprises les mieux notées simultanément sur chacun de ces deux piliers: il ressort une surperformance de 35% sur 3 ans et 50% sur 5 ans avec une volatilité moyenne inférieure de l’ordre de 7 points par rapport au panier de valeurs les moins bien notées.

Si les horizons de temps retenus et les points de références peuvent toujours être sujets à caution, nous constatons aussi que le panier des entreprises les mieux notées a bien mieux résisté dans la chute brutale des marchés entre le 19 février et le 18 mars 2020, et rebondi dans des proportions équivalentes depuis.

Ces deux piliers, capital humain et gouvernance d’entreprise, confirment être des filtres pertinents et essentiels dans la recherche d’une création de valeur pérenne et partagée entre les différentes parties prenantes.

Dans un environnement de croissance mondiale en berne, de hausse probable des défaillances d’entreprises et plus largement d’accélération des grandes transitions sociales et environnementales, la pertinence des critères ESG appliquée à la gestion de portefeuille n’a jamais été aussi forte. La qualité de la gestion opérationnelle (le capital humain) et des organes de contrôles (la gouvernance d’entreprise) d’une entreprise ont été et continueront d’être, selon notre analyse, une des clés de la création de richesse partagée et de performance dans le long terme pour l’investisseur. Ils caractérisent plus que jamais une entreprise «résiliente».

A lire aussi...