Réduire les risques

Salima Barragan

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Iain Stealey de J.P. Morgan Asset Management table sur une croissance sous-tendancielle.

La crainte d’une guerre commerciale s’est réalisée. La Réserve fédérale a répliqué en baissant son taux directeur alors que la Banque centrale européenne se tient prête à assouplir sa politique monétaire. Mais le grand débat, qui anime les stratèges de J.P. Morgan Asset Management, est de déterminer si ces mesures suffiront à éviter une récession. Selon eux, sa probabilité est passée de 10 à 20%.

La banque d’investissement avait débuté l’année en mode «risk on», autrement dit, avec une appétence pour le risque, mais elle a récemment réduit son exposition aux risques: «Depuis le mois de janvier, les écarts de crédit se sont resserrés massivement, les valorisations des obligations sont hautes et certains titres affichent même des taux négatifs», déclare Iain Stealey, Chief Investment Officer.  

Les titres adossés à des prêts de cartes de crédit ou des prêts automobiles
restent un bon thème d’investissement.
Le début d’un nouveau cycle monétaire?

Après un bon semestre pour les obligations d’entreprise américaines, les écarts de crédit ne se comprimeront plus significativement. «Bien qu’il y ait encore un peu de marge pour le resserrement des spreads, nous n’aurons plus des performances aussi fortes», prévient Iain Stealey. Mais la classe d’actifs conserve son attrait dans un environnement de taux bas persistant. La baisse des taux de la Fed (voire un autre encore, selon le stratégiste) la prémunira contre une correction.

Pour la banque, l’économie américaine se porte bien (même mieux qu’en Europe), excluant ainsi une correction des obligations américaines. D’ailleurs, «face à la confiance du consommateur, les salaires en augmentation et le taux de chômage bas, les titres adossés à des prêts de cartes de crédit ou des prêts automobiles restent un bon thème d’investissement», explique Iain Stealey. Tant que l’économie américaine ne rentre pas en récession, il restera également investi sur les titres à haut rendement.

Toutefois, par prudence vis-à-vis du ralentissement de l’économie globale, J.P. Morgan AM privilégie les obligations d’entreprise de haute qualité, avec une échéance entre trois à cinq ans, car elles sont moins vulnérables à la dégradation de l’activité économique. Aussi, la banque s’attend pour ces prochains mois à des rendements stables (entre 1,75 et 2,25) sur les obligations du trésor américain à dix ans, d’où leur intérêt en tant que couverture.

Le mouvement à la baisse des taux d’intérêt jouera
en faveur de la dette émergente en devise de référence et locale.
Favoriser la dette gouvernementale des pays périphériques européens et émergents

«En Europe, nous nous attendons à ce que la BCE assouplisse sa politique au cours des deux prochaines réunions. Nous n’attendons pas de récession à court terme», déclare Ian Stealey. Le rendement du Bund allemand étant négatif, le gestionnaire favorise les obligations gouvernementale espagnoles, portugaises et l’italiennes, plus sensibles aux opérations de la Banque centrale européenne: «Dans un monde de taux d’intérêt négatifs, les achats de la BCE supportent le marché du crédit».

J.P. Morgan Asset Management estime que le mouvement à la baisse des taux d’intérêt jouera également en faveur de la dette émergente en devise de référence et locale. «L’influence de la duration supportera la devise de référence, mais l’assouplissement donnera le feu vert aux banques centrales de ces marchés pour tempérer leur politique monétaire», explique Iain Stealey.

L’expert recommande les pays dont les banques centrales sont les mieux positionnées, et dont les rendements en termes réels sont avantageux: «Au Mexique, en Indonésie et au Brésil, les banques centrales ont encore de la marge pour baisser leur taux».