Pragmatisme de rigueur

Nicolette de Joncaire

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«Du point de vue des entreprises, le Brexit est presque de l’histoire ancienne». Nick Little de BlackRock sur les PME britanniques.

Dans l’indescriptible brouillard d’un Brexit qui ne cesse de rebondir, nul n’est capable d’anticiper l’avenir économique de la Grande-Bretagne. Et encore moins le sort des millions de petites et moyennes entreprises britanniques dont le nombre a baissé en 2018 pour la première fois en vingt ans1? «Le sentiment est au plus bas en sept ans» titre le Financial Times. Les investisseurs retirent des milliards du Royaume-Uni à la perspective d'un Brexit sans-accord.

Mais qu’en pensent donc les directions d’entreprises moyennes britanniques? «Ce ne sont pas des animaux politiques, elles n’essaient pas de jouer les augures» nous explique Nick Little, gérant du fonds BlackRock UK et cogérant du BlackRock UK Emerging Companies, un long/short en plein essor. Deal ou no deal, les sociétés, quelle que soit leur taille, se préparent à toutes les éventualités. 

Les mid-caps britanniques génèrent 50% de leur chiffre d’affaires à l’étranger.

Plus tournées vers le marché intérieur que leurs grandes sœurs, les mid-caps britanniques génèrent tout de même 50% de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Leur accès au marché international, tant en termes de ventes que d’approvisionnement, est donc un paramètre de première importance. 

«Le choc initial date de 2016. Les sociétés se préparent depuis trois ans et se montrent essentiellement pragmatiques» continue Nick Little. 

Les mesures prises dépendent du type d’activité. Certains détaillants – ceux du textile, en particulier mais aussi ceux des secteurs automobile, industriel ou alimentaire - ont décidé de constituer des réserves en préparation d’un changement de fournisseur dans l’éventualité où leur approvisionnement européen deviendrait trop couteux, voire impossible. Le stockage de produits sensibles va donc bon train. La reconception de certains modèles est en préparation; à défaut de trouver des fournisseurs meilleur marché, on simplifiera le design pour produire moins cher. 

Les mesures de soutien préparées par le gouvernement
sont encore trop floues pour pressentir leurs effets potentiels.

Dans l’industrie de la finance, on se prépare à délocaliser certaines activités vers de nouvelles bases, les favorites étant, sans surprise, Dublin et le Luxembourg. «Les plus résilients seront les producteurs de matériel spécialisé à haute valeur ajoutée» estime Nick Little. 

Dans ces deux cas, on ne peut s’empêcher de penser à la Suisse. 

Vers quels nouveaux territoires se tourneront les exportateurs britanniques? «Tout dépendra des futurs accords commerciaux» explique Nick Little. Quant aux mesures de soutien que le gouvernement préparerait, elles sont encore trop floues pour pressentir leurs effets potentiels. 

Les mid-caps souffriront-elles du retrait de l’investissement direct en provenance de l’Union européenne? «Pas vraiment» estime Nick Little: «ces investissements ne les ont jamais réellement concernées. Ils étaient destinés à une autre dimension d’établissements».

Pourtant, les opportunités subsistent. «A condition de savoir identifier les entreprises disruptives et d’apprendre à ignorer celles qui sont en train de s’étioler». Il faut donc faire la part belle à qui émerge du lot commun et reste largement ignoré des analystes traditionnels. Que ce soit dans les logiciels d’entreprise, les marques grand public ou la digitalisation des paiements. «Nous n’avons pas l’intention de modifier notre allocation» conclut Nick Little. De son point de vue, le Brexit est déjà de l’histoire ancienne. 

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