Perspectives: option «no deal» moins probable au Royaume-Uni

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Les Etats-Unis devraient subir un tassement graduel de l’économie vers son potentiel, sans aller jusqu’à la récession, lors des deux ans à venir.

Le cycle de resserrement des taux de la Réserve fédérale américaine a durci les conditions de fi-nancement pour les entreprises comme pour les ménages. Le taux d’intérêt moyen des prêts hy-pothécaires à 30 ans à taux fixe (le type d’emprunt le plus répandu pour l’achat de logements outre-Atlantique) a récemment atteint près de 5%, du jamais-vu depuis 2011. La hausse des der-niers trimestres s’est ressentie sur le marché américain des logements: le moral des entreprises de construction s’est dégradé et les indicateurs d’activité comme les mises en chantier ou les ventes de de logements stagnent, voire s’inscrivent en baisse.

Conditions de financement aux USA
 
états-Unis: bon moral, mais l’activité ralentit

L’économie américaine devrait commencer l’année plus doucement après deux trimestres ex-traordinairement dynamiques. Les chiffres disponibles au moment où nous écrivons ces lignes montrent que le modèle de prévisions actualisées en temps réel («nowcast») de la Fed d’Atlanta tablent sur une croissance annualisée de 2,4% au dernier trimestre, proche de nos 2,3%. Pourtant, le moral des ménages et des entreprises reste au beau fixe. L’indice ISM des directeurs d’achats se maintient à des niveaux élevés tant dans le secteur manufacturier que dans les services. 

L’inflation totale américaine a passé son pic
et s’effondre sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie.

Quant aux ménages, ils bénéficient non seulement de salaires en hausse mais aussi d’un plein d’essence moins cher depuis la chute des cours pétroliers. Face à ces éléments favorables se dres-sent le durcissement des conditions de financement (voir graphique du mois ci-dessus), un envi-ronnement extérieur moins solide et la dissipation de l’effet de la relance budgétaire courant 2019. Nous prévoyons donc un tassement graduel de l’économie américaine vers son potentiel (sans aller jusqu’à la récession) lors des deux ans à venir, un scénario qui s’appuie avant tout sur l’hypothèse que la Réserve fédérale tiendra compte des statistiques économiques, et se montrera donc plutôt prudente, pour ses prochains relèvements de taux.

L’inflation totale américaine a passé son pic et s’effondre sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie, un effet de base qui devrait perdurer en 2019 et maintenir l’inflation totale en dessous de 2% pour l’essentiel de l’année. Entre-temps, les chiffres de novembre ont confirmé, comme nous le pensions, le caractère temporaire de la faiblesse de l’inflation sous-jacente, qui s’est re-dressée dans le sillage des prix des voitures d’occasion, des coûts d’habitation et des dépenses de santé. Les salaires devant continuer de croître dans un contexte de tension du marché du travail, l’inflation sous-jacente devrait progresser encore modérément l’an prochain.

Royaume-Uni: l’option no deal moins probable

Depuis l’été 2018, nous soulignons l’importance de prendre en compte les scénarios extrêmes d’issue des négociations du Brexit avec l’UE. Bien que le Brexit «à l’aveugle» demeure notre scéna-rio de base, nous avions attribué une probabilité combinée de 30% à l’absence d’accord et à l’organisation d’un deuxième référendum qui refuserait le Brexit. Au vu des derniers événements, et surtout du fait que Theresa May ait surmonté l’épreuve du vote de confiance des députés con-servateurs, l’absence d’accord nous semble aujourd’hui moins probable. Nous déduisons des ma-jorités parlementaires et des sondages d’opinion que personne ne souhaite sortir de l’UE sans trai-té. 

L’inflation britannique devrait se stabiliser, même en cas d’issue extrême du Brexit.

Peu après le référendum de 2016, le Centre national de la recherche sociale («NatCen») avait lancé une consultation demandant aux Britanniques s’ils jugeaient, avec le recul, que le Brexit représen-tait la bonne solution. Pour 49% des sondés (le plus haut pourcentage jamais enregistré), il s’agissait d’une mauvaise décision, quand seulement 38% soutenaient le Brexit. Entre-temps, les statistiques économiques du quatrième trimestre indiquent que les dynamiques d’activité du Royaume-Uni suivraient la même tendance au ralentissement que dans les autres pays dévelop-pés.

Avec le recul des prix de l’énergie, les perspectives d’inflation pourraient encore s’amenuiser à court terme. Nous attendons une baisse à 2,1% pour fin 2018, soit bien moins que les 3% enregis-trés au début de l’année. Par la suite, l’inflation devrait se stabiliser selon nous, même en cas d’issue extrême du Brexit. Si aucun accord n’est trouvé, la modération temporaire de l’activité pourrait freiner les possibilités d’augmentation des prix des entreprises britanniques et modérer une croissance des salaires qui s’était accélérée récemment, contrebalançant ainsi l’impact d’une hausse des prix des importations qui découlerait d’une rechute de la livre.
 

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