Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Pas de panique pour l'instant, malgré un conflit commercial qui couve toujours.

Le conflit commercial sino-américain ne semble actuellement déclencher aucune panique immédiate sur les marchés boursiers, bien que Donald Trump ait entamé une nouvelle série d'escalades, en introduisant d'importants tarifs douaniers supplémentaires sur les produits chinois.

D'une part, on pourrait expliquer l'absence de panique par le fait qu'on avait largement anticipé la décision de Trump, voire même tablé sur un taux encore plus élevé de 25%. En même temps, les investisseurs se sont entre-temps habitués à de nouvelles séries de tarifs douaniers mutuels – par ailleurs annoncés / menacés longtemps avant leur mise en œuvre, ce qui réduit également l'impact sur les marchés financiers.

De l'autre, l'information, encore sujette à confirmation, selon laquelle Pékin envisagerait de réduire ses tarifs douaniers à l'égard de la majorité de ses partenaires commerciaux, devrait également soulager les marchés. A condition que les rumeurs se confirment, l'avenir nous le dira s'il s'agit d'un signal en faveur du libre-échange ou tout simplement d'une manœuvre tactique de la part des dirigeants chinois.

Les intérêts négatifs devraient
donc persister en Suisse.

En raison de son importance en tant que site de production et détenteur d'obligations US, le fait est que la Chine devrait jouer un rôle non négligeable dans le conflit commercial. En même temps, elle subit des pressions suite aux mesures américaines, pressions que les différentes dynamiques économiques accentuent davantage. La Chine enregistre un ralentissement de sa croissance, que les données PMI pour septembre, qui seront publiées la semaine prochaine, devraient confirmer de leur côté également. L'indice était tout juste expansionniste en août, et à son plus bas niveau depuis juin 2017; soit tout le contraire des USA, dont l'économie tourne toujours à plein régime et qui devraient annoncer une légère révision du PIB au T2 à 4,3% annualisés la semaine prochaine.

La Fed procédera mercredi prochain à sa huitième hausse des taux déjà, depuis fin 2015. Cette mesure s'inscrit dans la perspective des données économiques et des taux d'inflation, dont la tendance haussière stable et conforme à ses objectifs devrait se profiler la semaine prochaine également. Sa normalisation des taux progresse, contrairement à la BNS, qui n'a toujours pas bougé cette semaine.

Les intérêts négatifs devraient donc persister en Suisse. Cette démarche n'a surpris personne. Au contraire: tout le monde sait que le CHF est considéré comme fortement valorisé, et que la BNS n'envisage d'augmenter ses taux qu'en coordination parfaite avec la BCE. Or, son homologue européen a prévu cette étape après l'été 2019 seulement. Le CHF s'est tout de même légèrement déprécié par rapport à l'EUR, du moins au début, suite à la décision de la BNS, évolution qui est probablement due à la volonté de n'intervenir sur le marché des devises que si le CHF venait à s'apprécier de manière telle à nuire à l'économie. Cette volonté rassure les marchés sans aucun doute, compte tenu des négociations budgétaires en Italie ou celles, de plus en plus inquiétantes, autour du Brexit.  

Graphique de la semaine

Affaiblissement initial CHF, réaction décision BNS le 20.09.

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen
Gros plan: vents contraires pour les marchés émergents

Des vents contraires soufflent depuis le début de l'année sur les placements des marchés émergents. La croissance économique semble fléchir, et non seulement depuis la récente escalade dans le conflit commercial sino-américain. Les investissements publics et privés chinois dans les biens d'équipement ont sensiblement diminué. Or, la croissance dans la deuxième économie mondiale ralentit toujours de manière contrôlée. Malgré une relance économique au Brésil et en Russie l'année dernière, leur croissance économique respective est à peine positive. La Russie fait toujours face aux sanctions, dont certaines remontent à son annexion de la Crimée. Des échecs en matière de politique intérieure entravent la croissance au Brésil, et les élections du 7 et 28 octobre prochain ne devraient, elles non plus, stabiliser la situation politique.

Les actions des marchés émergents sous pression

Indices des actions, ajustés (26 janvier 2018 = 100)

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen

Le conflit commercial sino-américain est sans aucun doute la cause pour la mauvaise performance des placements sur les marchés émergents. Le président US Trump a récemment déclaré soumettre d'avantage d'importations à hauteur d'USD 200 mia à des tarifs douaniers de 10%, et que le taux pour 2019 pourrait atteindre 25% en l'absence de concessions côté chinois.

Enfin, un autre symptôme du moral défavorable envers les placements sur les marchés émergents est le cycle de taux avancé aux USA. Plus les taux US augmentent, plus l'attrait relatif des obligations des marchés émergents diminue. Ces pays se retrouvent donc prisonniers de leurs propres taux: contrer, cette année, l'inflation et les dévaluations, parfois dramatiques, des monnaies nécessiterait une hausse. Or: cela risquerait à son tour de ralentir la croissance. En septembre, la banque centrale turque avait surpris les marchés en annonçant une  hausse étonnamment forte des taux, de 17,75% à 24%. A noter que l'inflation turque est tout de même de 18%. En revanche, la banque centrale russe a été plus prudente, n'augmentant son taux que de 0,25 point de pourcentage (soit de 7,25% à 7,5%).

La question à présent est de savoir
s'il s'agit d'un bon moment pour investir.

Il n'est donc pas surprenant, dans ce cas de figure, que les investissements sur les marchés émergents connaissent un 2018 difficile. L'indice des marchés émergents a perdu environ 20% au cours de cette période, contrairement au marché des actions suisse, proche de son record de janvier. Sous pression également depuis le début de l'année, les obligations enregistrent une baisse d'environ 5% en monnaie forte, et supérieure à 10% en monnaie locale.

La question à présent est de savoir s'il s'agit d'un bon moment pour investir. Car les cours devraient à présent refléter les facteurs négatifs connus. Les défis restent, toutefois, au cœur des préoccupations, et empêchent probablement un rebond rapide. Une chose est sûre: la valorisation du marché boursier, par exemple sur la base du ratio cours / bénéfices, est relativement attractive, y compris après une correction du marché. Le potentiel de croissance et de rendements des pays émergents à moyen et long termes favorisera un nouveau redressement des marchés.

Croissance marchés émerg. dynamique à long terme

Croissance du PIB et prévisions (FMI), en %

Sources: FMI, Investment Office du Groupe Raiffeisen

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