Perspectives en Europe: dépasser la localisation géographique

Graeme Delaney-Smith, Alcentra

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Si le Royaume-Uni a joué un rôle pionnier dans l’utilisation et le développement des fonds de direct lending, ces fonds ont récemment pris une place nettement plus conséquente sur le marché.

Nous identifions de la valeur dans l’ensemble de l’Europe, mais sommes attentifs à la taille des marchés et aux juridictions dans lesquelles nous investissons. Certaines entreprises peuvent être dépendantes des marchés locaux, tandis que d’autres interviennent à une échelle paneuropéenne, voire mondiale. Il est donc important de ne pas s’en tenir uniquement à la localisation géographique. En tant que prêteurs, nous privilégions les juridictions présentant des précédents juridiques favorables. Si le Royaume-Uni a joué un rôle pionnier dans l’utilisation et le développement des fonds de direct lending, ces fonds ont récemment pris une place nettement plus conséquente sur le marché, en tant qu’alternative à l’ancien système bancaire. Les avantages liés à la taille, la complexité, la certitude, l’efficacité et la fidélisation peuvent constituer des facteurs de différenciation clés pour une entreprise à la recherche de son partenaire financier.

L’hétérogénéité de l’Europe en fait une région complexe. Il est essentiel de le comprendre et de différencier les marchés. En outre, les problèmes récurrents du Vieux Continent, qu’ils soient liés au Brexit ou à l’instabilité politique, impliquent la prise en compte de nombreuses problématiques macroéconomiques. Il s’avère donc crucial pour un investisseur d’avoir une compréhension générale de la région, mais aussi de maîtriser les questions clés de chaque zone, et d’effectuer une due diligence rigoureuse avant d’investir. Les relations internationales, concernant par exemple la Chine ou les Etats-Unis, mettent actuellement en évidence l’impact qu'un marché mondialisé peut avoir sur l’Europe. 

Dans le domaine de la dette privée,
le stade du cycle économique constitue un risque prédominant.

Dans le domaine de la dette privée, le stade du cycle économique, probablement prolongé par le choix de la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir ses taux à des niveaux très bas, ainsi que par son programme d'achat d’obligations, constitue un risque prédominant. Des signes de tensions pourraient apparaître en fin d’année, voire l’année prochaine, sans que les banques centrales ni les gouvernements ne soient réellement en mesure de réagir. Si certains considèrent les faibles taux d'intérêt et la dette bon marché comme des remèdes, ces solutions qui créent des bulles financières et une exubérance excessive chez les acteurs susceptibles d'avoir recours à l’ingénierie financière ne sont pas pertinentes à long terme. Les régulateurs devraient également se montrer prudents, car le secteur bancaire pourrait pousser au désendettement et à la réglementation afin d’obtenir un contexte d’activité plus favorable, à des coûts et pour des bénéficiaires non précisés.

Le marché du direct lending continuera de se développer en Europe. Tandis que les fonds lèvent et déploient de nouveaux capitaux, certains nouveaux entrants entameront un peu plus la part de marché des banques en s’appuyant sur des objectifs de performance moins élevés. Pour ceux disposant d’équipes, de stratégies et de relations bien établies, des financements sur-mesure à un prix pertinent seront également disponibles. Les juridictions principales telles que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne resteront actives, et le marché se développera en Espagne et dans la région scandinave. Le tournant du cycle économique favorisera le recours aux fonds de direct lending sur tous les marchés, à mesure que les avantages des fonds ciblés et des portefeuilles dotés de clauses de lock-up deviendront plus évidents.