Oser les maturités longues

Salima Barragan

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«Malgré une hausse de la volatilité, les entreprises devraient rembourser leurs dettes», estime Alain Krief de ODDO BHF AM.

Depuis le début de l’année, le marché obligataire est orienté à la baisse, excepté sur les segments de qualité supérieure AAA, AA ainsi que le segment haut rendement B, rebondissant après la correction de 2017. En revanche, les secteurs high beta des assurances et des subordonnées bancaires ont affiché les performances les plus décevantes. Après une légère reprise du marché obligataire en mars, le choc italien s’est répercuté sur l’ensemble du crédit européen et les spreads se sont écartés.

Pourtant, l’environnement macroéconomique, qui guide les investissements, est toujours en rythme de croissance. «Nous sommes sur un plateau de croissance économique. Cela est fondamental car cela favorise les remboursements des prêts des entreprises», estime Alain Krief, responsable de la gestion obligataire chez ODDO BHF AM qui reconnait que, malgré ce contexte favorable, le marché n’a pas été facile durant ces derniers mois. 

«Nous avons observé un repricing important et une augmentation
des primes de risque mais la tendance reste ferme.»

L’incertitude ambiante s’est traduite par une volatilité accrue. Elle n’altère pas encore la croissance actuelle bien qu’elle pourrait porter préjudice à celle future. «Il y a beaucoup de bruits de marché, nous avons observé un repricing important et une augmentation des primes de risque mais la tendance reste ferme», explique Alain Krief. En revanche, si la croissance n’est pas au rendez-vous, les banques centrales resteront plus attentistes dans leur politique de normalisation monétaire. Notons aussi que le support de la banque centrale européenne n’a pas été suffisant compte tenu du volume d’émission soutenu du marché primaire.

Les primes de risque crédit High Yield sont actuellement autour de 300 points de base (indice Itraxx Xover). «Si nous étions en période de crise comme en 2011, les spreads se situeraient entre 700 et 800 points de bases. Or nous en sommes loin et même si la volatilité a augmenté, nous sommes confiants dans la capacité des entreprises à rembourser leurs dettes», affirme Alain Krief. Certains secteurs émettent des profit warnings, mais le gérant ne les juge pas encore inquiétants. «Pour l’instant nous n’avons pas identifié de valeurs problématiques», explique-t-il.

Avec un bon de trésor américain aux alentours des 3%, les investisseurs ont procédé à des opérations d’arbitrage ce qui explique les flux sortant du segment high yield américain malgré son rendement de 6%. En Europe, ce type d’arbitrage est moins opportun compte tenu du niveau de rendement du taux 10 ans allemand de 0,3%, les flux sortants du high yield européen semblent davantage liées à la perception des investisseurs. Ainsi, Alain Krief s’attend à un regain d’intérêt sur cette catégorie grâce à un niveau de valorisation attrayant.

L’anticipation de l’évolution des taux d’intérêt s’annonce compliquée dans l’environnement actuel du fait de nombreuses incertitudes macro-économiques et «suivre le mouvement peut s’avérer être perdant» explique Alain Krief qui privilégie une stratégie obligataire à échéance fixe: les fonds datés.

«L’investisseur est actuellement correctement rémunéré pour le risque de crédit.»

Un fonds daté est constitué d’un ensemble d’obligations ayant une maturité maximum et fixe qui permet ainsi de s’affranchir du risque de taux sur la durée totale de l’investissement. Les autres attraits de ce type de stratégie sont d’offrir une bonne visibilité sur la performance attendue (hors cas de défaut) grâce à la convergence au pair des obligations en portefeuille et de présenter un profil de risque décroissant avec le temps dû à l’échéance fixe du fonds.

Subsiste alors le risque de crédit qui est surveillé notamment grâce à une analyse approfondie des émetteurs en portefeuille et qui peut être réduit par une diversification élevée. De plus, Alain Krief ajoute que «l’investisseur est actuellement correctement rémunéré pour le risque de crédit et qu’il n’a enregistré aucun défaut de paiement sur les fonds datés gérés par ODDO BHF AM».

Fort d’une grande expertise sur cette stratégie, ODDO BHF AM a lancé en début d’année son dixième fonds daté. Il est constitué d’obligations à haut rendement européennes majoritairement issues du segment de notation B et offre un taux actuariel à maturité de 4,9% brut (hors frais de gestion et commission de surperformance) au 13/08/2018.