Ne pas se laisser envahir par les flux d’informations

Yves Hulmann

2 minutes de lecture

Comment appréhender en tant qu’investisseur le flux de (fake)news? Eléments de réponse avec quatre experts lors de Finanz ‘20.

©Keystone

Finanz ’20, le rendez-vous phare des professionnels de l’investissement qui se tient depuis mardi jusqu’à mercredi à Zurich, est un concentré de présentations sur des sujets très divers. Avec un accent placé cette année sur les conférences en lien avec l’investissement durable et d’impact, les marchés émergents et les alternatives aux placements obligataires dans un contexte de taux historiquement bas. Reste la question, plus fondamentale, de savoir comment les investisseurs peuvent s’orienter dans un flux de nouvelles toujours plus nombreuses, parfois manipulées, et démultipliées à l’infini par les réseaux sociaux? Un panel d’experts réunis par le portail financier finews.ch a tenté d’y répondre.

Davantage de «bruit» sur les marchés

Les experts de l’investissement ou de la communication s’accordent sur un point: le «bruit» sur les marchés a continuellement augmenté ces dernières années, comme l’a formulé Thomas Steinemann, directeur des investissements (CIO) auprès de la banque privée zurichois Bellerive. C’est aussi une source de difficulté pour les entreprises elles-mêmes: «Le contrôle de la diffusion d’informations s’est déplacé», observe Roman Geiser, directeur de l’agence de communication Farner Consulting. Les entreprises ne sont plus les seules à pouvoir diffuser les informations qui les concernent. «Cela requiert une manière totalement différente de gérer la réputation des entreprises», a-t-il relevé.

«Je ne me décide jamais sur la base d’informations à court terme,
peu importe qu’il s’agisse de fausses ou de vraies nouvelles.»
Burkhard Varnholt, CIO pour la Suisse chez Credit Suisse

Pratiquement, comment les responsables de l’investissement utilisent-ils les réseaux sociaux? «Je ne suis actif ni sur Twitter, ni sur Facebook. Je n’ai pas de temps pour cela et cela me m’intéresse pas non plus», a mis au point d’emblée Burkhard Varnholt, directeur des investissements pour la Suisse chez Credit Suisse. Et d’ajouter: «Quelqu’un qui veut réfléchir a aussi besoin de temps». Pour le spécialiste de l’investissement, les réseaux sociaux n’ont fait que d’ajouter un bruit de fonds supplémentaire sur les marchés. «Je ne me décide jamais sur la base d’informations à court terme, peu importe qu’il s’agisse de fausses ou de vraies nouvelles», souligne Burkhard Varnholt. Comment réagir face à celles-ci? Selon lui, il faut aborder différemment cette question: «Ce qui me préoccupe est de savoir avec quelle transaction supplémentaire je peux réduire le niveau de risque de mon portefeuille». Sinon, mieux vaut ne rien faire.

Des indices pour repérer les fausses nouvelles

Malgré tout, les fausses nouvelles diffusées ont un réel impact sur l’évolution des cours de certaines sociétés? Comment s’y préparer et y faire face? Pour Roman Geiser, il existe un certain de nombre de réflexes à avoir chaque fois que l’on est confronté à des informations potentiellement manipulées: «Il faut regarder si des sources sont mentionnées. Le langage utilisé est aussi une indication: le discours est-il posé ou au contraire incendiaire?», illustre-t-il. Certains indicateurs sémantiques fournissent aussi des indications sur la pertinence d’une information ou non.

«Les investisseurs privés et les jeunes sont davantage
influencés par ce qu’ils lisent sur les réseaux sociaux.»
Regula Berger, responsable compliance à la BC de Bâle

Reste aussi à savoir si les petits investisseurs ont les outils adéquats pour identifier les nouvelles potentiellement erronées? Pour Regula Berger, responsable des questions de compliance à la Banque Cantonale de Bâle, tous les investisseurs ne sont pas égaux devant cette problématique: «Les investisseurs privés et les jeunes sont davantage influencés par ce qu’ils lisent sur les réseaux sociaux. Les institutionnels ont davantage de ressources à disposition pour vérifier la pertinence ou non de telle ou telle information». Dans tous les cas, la tendance à la multiplication des canaux et des sources d’informations est là pour durer: «Les réseaux sociaux sont une partie intégrante du paysage médiatique. Il est de la responsabilité des investisseurs de savoir analyser ces différentes sources d’informations», conclut Roman Geiser de Farner Consulting.

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