Naviguer sur les marchés émergents

Salima Barragan

2 minutes de lecture

«Les petites capitalisations sont moins dépendantes du dollar», estime Aneeka Gupta de WisdomTree.

 

Les marchés émergents ont été mis à mal par toute une série de facteurs tels que la hausse du dollar américain, les querelles persistantes autour des tarifs douaniers et l'effondrement de la livre turque. L’accumulation de ces facteurs s’est répercutée négativement sur le sentiment des investisseurs et a encouragé les sorties de capitaux des marchés émergents, en dépit du fait que leurs fondamentaux  soit restés inchangés et leur dynamique de croissance supérieure à celles de l’Europe ou des États-Unis. D’ailleurs, d’ici 2020, WisdomTree table sur la matérialisation de la prochaine mégatendance, à savoir un transfert de pouvoir des marchés développés vers les marchés émergents, tant pour ce qui concerne la configuration du monde que pour ce qui est de l’influence sur la demande d'investissement. Aneeka Gupta, directrice associée de la recherche, dévoile son approche tactique pour naviguer sur ces marchés. Cette dernière repose sur les ETFs de dividendes de petites capitalisations des marchés émergents, qui se négocient toujours au-dessous leur moyenne historique, mais avec un rendement supérieur à leurs pairs.

L’assèchement des liquidités a pesé sur les économies
émergentes mais moins que l’appréciation du dollar.

La crise turque, les incertitudes politiques et la guerre commerciale ont retenu l’attention du public et pesé sur le sentiment de marché. Cependant, l’écart des CDS (Credit Default Swaps), une mesure du coût de  protection, reste raisonnable et évolue autour de 100 points de base. L’inflation reprend également. De plus, grâce à la technologie, la croissance de la productivité qui est une composante importante du PIB, s’est accélérée. «A quelques exceptions près, les PMI (indices des directeurs d’achat) restent dans une zone d'expansion. Il existe des risques ponctuels, mais nous ne voyons pas de risque de contagion et ne pensons pas qu'il soit représentatif des marchés émergents», explique Aneeka Gupta.

Très sensible au processus de normalisation entamé par la Fed, l’assèchement des liquidités a également pesé sur les économies émergentes mais moins que l’appréciation du dollar. Depuis le début de l’année, l’indice MSCI des marchés émergents a évolué en sens inverse de l’indice du dollar américain d’échange pondéré.

«La Fed a entamé l’assainissement de son bilan de manière très ordonnée et c’est sur le dollar que l’impact de sa politique a été le plus marqué. En outre, la réforme fiscale qui favorise le rapatriement des capitaux aux États-Unis, a également pesé sur les liquidités. Mais aujourd’hui, les marchés émergents sont assez forts pour résister à la vigueur du dollar», analyse Aneeka Gupta qui estime que sa tendance haussière s’inversera d’ici 2020.

Les valorisations des actions sont donc revenues à des niveaux attrayants de 12 fois les bénéfices au lieu de 16 fois. «Mais même avec des ratios cours/bénéfices de 16 à 18,  nous trouvons des opportunités», souligne Aneeka Gupta qui se concentre davantage sur le potentiel de croissance que sur les valorisations. «Les gens sont souvent pris au piège des valorisations. Elles sont en leur faveur car les investisseurs ont réagi de façon excessive à la crise turque», ajoute la stratège.

Les petites capitalisations représentent la meilleure approche
tactique pour naviguer sur les marchés émergents.
Les petites capitalisations

Pour Aneeka Gupta, les petites capitalisations représentent la meilleure approche tactique pour naviguer sur les marchés émergents du fait que ces entreprises captent la plus grande part de la croissance organique de leur économie domestique. Selon la recherche de WisdomTree:

  • Sur le long terme, les petites capitalisations surperforment les grandes
  • Elles sont toujours assorties d'une prime de croissance recherchée par les investisseurs
  • Ce segment offre un meilleur accès au thème de la consommation domestique et de la croissance locale
  • Elles sont moins dépendantes du dollar
  • Leur corrélation avec les actions américaines réduit la volatilité globale du portefeuille

Afin de jouer ce segment, WisdomTree propose depuis 2017 un ETF basé sur un indice de petites capitalisations pondéré par les dividendes. «L’ETF filtre les sociétés selon des critères de liquidité, analyse les flux de dividendes et pondère les entreprises en fonction de leurs flux de dividendes». Les actions qui offrent les dividendes  les plus élevés sont donc surpondérées et un rééquilibrage est effectué tous les trimestres. Le risque de change est complétement couvert. «Nous sélectionnons les titres à dividendes élevés les plus rentables et effectuons notre due diligence avec précision», explique Aneeka Gupta. Le rendement du dividende du fonds est de 4,35% et le secteur de la technologie représente près de 19% de son allocation.