Montée des risques politiques sur les marchés émergents

Nadège Dufossé, Candriam

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Depuis le début de l’année, les actions émergentes n’ont pas progressé, sous-performant le marché américain de 15%.

S’ajoutant à l’escalade du conflit commercial qui oppose les États-Unis à la Chine, les tensions politiques mondiales se sont intensifiées, en particulier en Asie (Chine/Hong Kong, Japon/Corée du Sud, Inde/Cachemire), renforçant aversion au risque des investisseurs à l'égard des actifs émergents. En Amérique latine, les résultats du premier tour des élections argentines le weekend passé, qui ont fait l’effet d'une douche froide, pourraient remettre en cause le plan de sauvetage du pays accordé par le FMI. La situation politique argentine présente toutefois un risque limité de propagation au reste de la région. Dans ce contexte, les marchés des actions se sont repliés d’environ 8% depuis le mois de juillet, les spreads de la dette émergente ont commencé à s'élargir et les devises émergentes ont globalement cédé du terrain.

L'adoption de nouveaux droits de douane américains renforcera
les turbulences sur le secteur manufacturier en Chine.
Conséquences économiques

Alors que l’on assiste déjà à un ralentissement des activités commerciale et manufacturière dans le monde, la hausse de ces tensions accentue les risques baissiers, plus particulièrement en Asie. Si les derniers rapports économiques semblaient mieux orientés en Chine (avec notamment une reprise de la consommation et des investissements des entreprises détenues par l’État), l'adoption de nouveaux droits de douane américains, si elle se concrétise, renforcera les turbulences sur le secteur manufacturier. Les Tweets de Donald Trump restent imprévisibles. Une chose est sûre cependant, la nature incertaine et imprévisible de ces déclarations pèse sur les investissements et les perspectives de croissance économique. Parallèlement, l'approche accommodante des banques centrales contribue à limiter le risque cyclique.

Selon notre scénario central, le gouvernement chinois devrait une nouvelle fois assouplir ses politiques monétaires et budgétaires, tout en visant une dépréciation maîtrisée de sa devise afin d'atteindre une croissance de l’ordre de 6% en 2019-2020. Donald Trump devrait par ailleurs chercher à conclure un accord à mesure que les élections 2020 approchent. Ainsi, tant que Donald Trump ne surestime pas la solidité de l’économie américaine, nous devrions bénéficier en quelque sorte d’une protection contre une baisse trop forte venant  de Trump et de la Fed. Ce qui devrait également aider l’Asie et les marchés émergents à atteindre un plancher.

Actuellement, le PER 2020 du MSCI Emerging Markets est estimé à moins de 11, ce qui signifie que, même dans le cas d’une révision à la baisse des anticipations de bénéfices au cours des 12 prochains mois, la prime de risque actions intègre d'ores et déjà de nombreux risques.

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