Montée des inquiétudes concernant la croissance

William De Vijlder, BNP Paribas

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Après le soulagement suscité par les données du premier trimestre, les préoccupations relatives à la croissance remontent, en raison d’une incertitude toujours très élevée.

Après le soulagement suscité par les données du premier trimestre, les préoccupations relatives à la croissance remontent, en  raison des statistiques économiques et, plus important encore,d’une incertitude toujours très élevée. Cette dernière est liée à l’ampleur du ralentissement et à ses conséquences en termes de risques économiques ainsi qu’à la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine sur le dossier du commerce. C’est ce qui ressort des données chinoises tandis qu’aux  Etats-Unis, les données empiriques se multiplient concernant l’impact négatifde cet affrontement sur l’activité et le secteur agricole. Prenant acte de ces évolutions, la Réserve fédérale américaine a indiqué que les taux allaient être abaissés, une information saluée par le marché actions. La BCE a également modifié son message: comme le risque est orienté à la baisse et que l’inflation stagne, un assouplissement plus prononcé lui semble désormais nécessaire.

Nouveaux records

Alors que le S&P 500 atteignait de nouveaux sommets, les rendements des Treasuries reculaient, sous l’effet conjuguéde la révision des perspectives concernant la trajectoire de la politique monétaire et des nouveaux replis de la prime de terme. D’après les calculs de la Réserve fédérale de New York, cette prime, que les investisseurs sont censés percevoir au titre du risque de duration, a atteint un plus bas record de -90 points de base au début du mois de  juillet. Comme le montrent les graphiques, la baisse des rendements des obligations américaines a, et c’est assez compréhensible, reproduit la chute de l’Indice des directeurs d’achat (ISM) pour le secteur manufacturier.

La coïncidence entre un record de hausse pour le marché actions et un record de baisse de la prime de terme crée un certain inconfort: le repli des rendements obligataires reflète une inquiétude à l’égard des perspectives économiques, de sorte qu’on peut se demander combien de temps encore le marché actions sera épargné. Le recul des rendements américains s’est accompagné d’un repli considérable des rendements du Bund, en territoire négatif, ainsi que des rendements sur les autres marchés obligataires de la zone euro. Outre la corrélation transatlantique habituelle, la modification du message envoyé par la BCE, à l’occasion du discours de son président à Sintra fin juin, a joué un rôle décisif: il faut s’attendre à un nouvel assouplissement de la politique monétaire.

Des inquiétudes grandissantes

Après le soulagement suscité par les données du premier trimestre, les préoccupations relatives à la croissance sont reparties à la hausse. Le ralentissement persiste en Chine et, dans la zone euro, le secteur manufacturier, en particulier en Allemagne, reste sous pression, tandis que les services continuent d’afficher une bonne tenue. En France, on note une certaine amélioration. Aux Etats-Unis, la situation est contrastée. Le rythme des créations d’emplois reste, globalement, soutenu mais l’investissement marque le pas. Les signaux envoyés par le marché (inversion de certaines parties de la courbe de taux) ou les enquêtes auprès des entreprises, font craindre une récession. Les Etats-Unis ont beau être entrés dans leur 121e mois d’expansion, l’heure n’est plus aux réjouissances.

Point de bascule

Sur fond d’inquiétudes grandissantes à l’égard de la croissance, la question qui se pose pour les prochains moins est de savoir si on se dirige vers un point de bascule. Les fondamentaux (marché du travail, progression du revenu, croissance bénéficiaire des entreprises, taux d’intérêt) sont, dans l’ensemble, toujours satisfaisants, mais une période prolongée d’incertitude pourrait en limiter l’influence sur la croissance, ce qui pourrait à son tour peser sur la confiance et le comportement du marché et déclencher une boucle de rétroaction négative. La diminution de l’incertitude aurait manifestement pour effet de stimuler la confiance et de susciter un rebond de la croissance. Les négociateurs commerciaux devraient avoir cela à l’esprit lors de leur prochaine réunion.

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