Modi-rnisation de l’Inde

Alan Mudie, Société Générale Private Banking

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Le train de réforme du premier ministre Modi a freiné l’activité économique. Il ne faut pas en déduire qu’elles sont vouées à l’échec.

 

Les réformes emblématiques menées par le premier ministre Narendra Modi et son gouvernement ont sensiblement freiné l’activité économique en Inde.

En novembre 2016, le retrait de la circulation des billets de banque les plus largement utilisés (soit environ 85% du volume total) s’est traduit par un profond ralentissement économique, ramenant la croissance réelle du PIB de 7,9% au deuxième trimestre 2016 à 5,7% douze mois plus tard. Pourtant, cette mesure visait initialement à lutter contre l’économie informelle, en forçant les indiens à les déposer auprès d’une banque afin d’élargir la base imposable.

Ce recul de l’activité a été exacerbé par l’harmonisation nationale des taxes sur les biens et services début juillet 2017. Là encore, la simplification recherchée a été gâchée par une mise en œuvre chaotique. La confiance des chefs d’entreprise a été ébranlée, notamment dans les PME: l’indice composite des directeurs d’achat est passé en-dessous de la barre des 50 points en février, témoignant d’une contraction d’activité.

Faut-il en déduire que ces réformes sont vouées à l’échec? Nous ne le pensons pas.

«Les marges s’améliorent grâce aux économies suscitées
par la simplification des circuits de distribution.»

Tout d’abord, les grandes entreprises indiennes commencent à tirer profit du nouveau régime fiscal: les marges s’améliorent grâce aux économies suscitées par la simplification des circuits de distribution et des crédits d’impôt. Selon la base de données Capitaline, les bénéfices agrégés réalisés par 2040 grandes entreprises hors finance et énergie ont progressé de 11,1% en glissement annuel au quatrième trimestre 2017, avec des marges en hausse de 200 points de base.

Ensuite, début février, le gouvernement a validé un budget d’expansion pour le dernier exercice avant les élections législatives du printemps 2019. Les prix minimum de vente des produits agricoles ont été relevés, et 100 millions de ménages défavorisés bénéficieront d’un plan de couverture de leurs dépenses de santé. Ainsi, le déficit budgétaire, prévu initialement à 3% du PIB, devrait atteindre 3,3% pour l’exercice 2018-2019. Côté recettes, le ministre des finances prévoit des rentrées fiscales totalisant 5,9% du PIB contre 5,6% cette année.

Enfin, le sous-continent a enregistré une accélération de l’activité à 7,2% en glissement annuel au quatrième trimestre 2017 contre 6,5% au troisième trimestre. Malgré toutes les difficultés occasionnées par les réformes structurelles, l’Inde connaît de nouveau le rythme de croissance le plus rapide parmi les principales économies mondiales.