Les cycliques favorites? A certaines conditions

Yves Hulmann

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Les valeurs cycliques ont les faveurs de la cote. Encore faut-il que l’accélération de la croissance se confirme en 2020.

©Keystone

Suite à l’envolée spectaculaire des bourses en 2019, comment les investisseurs peuvent-ils se positionner sur le marché des actions? Si la plupart des stratèges continuent de miser sur cette catégorie de titres, une certaine prudence apparaît après que la plupart des indices actions ont progressé entre 25 et 30% des deux côtés de l’Atlantique l’an dernier.

Les actions helvétiques restent beaucoup
plus attrayantes que les obligations d’Etat.

Dans leurs perspectives de fin d’année, beaucoup de stratèges ont souligné deux aspects qui continueront de parler en faveur des actions: d’une part, la faiblesse du niveau des taux d’intérêt. Avec un rendement des dividendes qui avoisine les 3% pour les valeurs du SPI, les actions helvétiques restent beaucoup plus attrayantes que les obligations d’Etat qui évoluent en territoire négatif, rappelait la Banque cantonale de Saint-Gall (SGKB) dans ses prévisions de fin d’année. Une hausse nominale des bénéfices sera néanmoins un prérequis pour une poursuite de l’appréciation des cours des actions, ajoute-t-elle. Prudente aussi, Credit Suisse n’anticipe plus que «des rendements modérés à un chiffre» pour les actions.

Divergences au sein de l’industrie

Alors que les perspectives de croissance sont redevenues plus favorables pour l’économie mondiale, et en particulier dans la zone euro, les valeurs cycliques ont souvent fait figure de valeurs favorites à l’orée de la nouvelle année. Toutefois, toutes les valeurs ne sont pas logées à la même enseigne. Ainsi, au sein d’un même secteur comme l’industrie, les performances ont été parfois très contrastées récemment. Sur les douze derniers mois, des valeurs typiquement cycliques helvétiques telles que ABB (+22%), Comet (+38%), Daetwyler (+22%), Ems-Chemie (+29%), Forbo (+15%), Georg Fischer (+17%), Gurit (+51%), Inficon (+52%) ou VAT Group (+77%) ont toutes affiché des hausses spectaculaires. A l’inverse, le titre du groupe vaudois Bobst a perdu 26% en un an. Celui d’Autoneum, pénalisé par la mauvaise tenue du secteur automobile, a reculé de 30% sur douze mois, tout comme Von Roll (-31%).

Globalement, le pari d’une appréciation des valeurs cycliques repose aussi sur l’idée que les mesures de soutien en matière de politique monétaire, mises en place après la crise financière et qui s’essouflent, seront peu à peu remplacées par des mesures de relance budgétaire. En décembre, les experts de Natixis se montraient réservés à ce sujet: «Nous n’anticipons pas un programme de relance budgétaire massif», relativisait Esty Dwek, responsable des marchés globaux.

Les titres «value» restent en lice

Dans tous les cas, il n’y a pas de réel consensus au sujet du potentiel des valeurs cycliques. Dans un article consacré aux prévisions pour 2020, la banque en ligne Swissquote évoluait à contre-courant, anticipant que les titres «value» versant des dividendes réguliers seront recherchés dans la mesure où les investisseurs souhaitent se protéger à la fois des incertitudes liées à l’élection présidentielle aux Etats-Unis, des craintes de récession et des rendements inexistants dans le domaine obligataire.

«Les sociétés tournées vers leurs marchés intérieurs
et la consommation sont à privilégier.»

Face à une possible résurgence des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, UBS recommande les «entreprises axées sur leur marché domestique qui devraient tirer leur épingle du jeu dans un contexte mondial incertain». «Les sociétés tournées vers leurs marchés intérieurs et la consommation sont à privilégier, du fait qu’elles sont moins exposées au commerce international», argumentait la grande banque dans son rapport «Year Ahead».

Qu’il s’agisse de titres «value», de valeurs cycliques ou de croissance, les stratèges s’accordent sur le fait que les actions restent un meilleur pari que les obligations pour la nouvelle année. Pour l’illustrer, la Banque Cantonale de Zurich avait calculé – partant de l’hypothèse de départ d’un indice SMI situé à 10'200 points, d’un rendement des dividendes moyen de 3,1% restant constant sur dix ans pour les titres du SMI ainsi que d’un rendement situé à -0,6% pour les emprunts à dix ans de la Confédération – qu’il faudrait que l’indice SMI chute d’un tiers (-33%), soit à 7’100 points, pour qu’un investissement dans le SMI génère un rendement... aussi mauvais qu’un placement dans une obligation de la Confédération à 10 ans durant la décennie à venir.

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