Les choses pourraient mal se terminer - Prévisions de Saxo Bank

Communiqué, Saxo Bank

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Les rumeurs de «guerres commerciales» se répandent et Saxo Bank souligne le manque de vision des gouvernements mondiaux.

Saxo Bank a publié aujourd’hui ses prévisions trimestrielles pour les marchés mondiaux et ses principales idées de trading pour le troisième trimestre 2018, avec une attention plus particulière portée au ralentissement de la croissance mondiale, à la chute des incitations en faveur du crédit à l’échelle mondiale, à l’indulgence massive vis-à-vis des risques de guerre commerciale, alors que nous entrons dans l’une des périodes les plus dangereuses pour l’économie mondiale depuis la chute du mur de Berlin en 1989.

Les rumeurs de «guerres commerciales» se répandent et Saxo souligne le manque de vision des gouvernements mondiaux, alors que les tensions commerciales s’intensifient à l’approche des élections de mi-mandat du 6 novembre, susceptibles d’aggraver la crise et à l’occasion desquelles le président Trump devra prouver qu’il a mis les États-Unis sur «de meilleurs rails».

«Si le perdant est une grande économie, ils peuvent imposer
des restrictions pour contrer un désavantage concurrentiel.»

Les perspectives de Saxo Bank pour le troisième trimestre couvrent les principales classes d’actifs: FX, actions, devises, matières premières, obligations ainsi qu’une sélection de thèmes macroéconomiques majeurs.

S’agissant des prévisions pour ce trimestre, Steen Jakobsen, chef économiste et CIO de Saxo Bank, déclare: «Il n'y a pas de gagnants dans une guerre commerciale, et la tendance va dans la mauvaise direction alors que les agendas nationalistes érodent le statut des conditions-cadres institutionnelles mondiales. L'histoire nous enseigne que cela peut mal finir. Si le perdant est une grande économie ou une puissance politique forte, ils peuvent imposer des restrictions – tarifaires, par exemple – pour contrer un désavantage concurrentiel.»

La technologie, un secteur unique en son genre

Alors que les actions mondiales ont connu des difficultés cette année, le secteur de la technologie continue d’afficher de solides rendements, améliorant encore plus son attrait pour les investisseurs. Une caractéristique intéressante des sociétés de technologie est leur faible levier d’endettement (la dette nette de l’indice MSCI World Information Technology est de -0,62), faisant de ce secteur le moins sensible aux changements de politique monétaire.

«Le secteur de la technologie présente le meilleur rendement par rapport au capital investi et consomme moins de dépenses d’investissement que les autres», explique Peter Garnry, chef stratégiste en actions. «L’association de ces facteurs a poussé sa prime de valorisation à 27% par rapport aux actions mondiales, une belle prime globale pour le seul secteur qui affiche une croissance chaque saison de bénéfices».

Une guerre commerciale négative pour le dollar américain

La position commerciale agressive de l’administration Trump pourrait s’avérer négative pour le dollar américain. En effet, les perturbations commerciales réduisent le recyclage des réserves en billet vert, les partenaires commerciaux des États-Unis cherchant à éviter d’augmenter les réserves de dollar américain, voire à éviter totalement cette monnaie. C’est notamment le cas de la Chine, dont la stratégie à long terme vise à redorer le blason de sa monnaie dans ses relations commerciales.

L’année dernière, plus de 36% des exportations
de l'Australie se sont effectuées vers la Chine.

«La Chine augmentant considérablement son importation d’énergie, le lancement du contrat pétrolier en yuans au premier trimestre est sans doute une manoeuvre visant à supplanter le pétrodollar par le pétroyuan», commente John Hardy, chef stratégiste Opérations de change. «De même, n’oublions pas que les querelles commerciales cherchées par le président Trump ont été aussi fréquentes avec ses alliés géopolitiques traditionnels de l’ALÉNA et de l’UE qu’avec les autres pays».

Seule la Chine peut nous sauver

Jusqu’à présent, la Chine a répondu aux mesures américaines uniquement en utilisant des moyens similaires, et sans chercher l’escalade. Si la Chine souhaitait vraiment une guerre commerciale ouverte, la méthode la plus efficace serait d’envoyer des inspecteurs sanitaires dans les entreprises locales vitales pour la chaîne de production américaine et de les arrêter quelques semaines ou quelques mois. L’impact serait certainement bien plus dévastateur pour les sociétés américaines que toute hausse des droits de douane décidée par Pékin.

Les droits de douane chinois sur les marchandises américaines pourraient profiter au dollar australien

L’Australie entretient une relation étroite avec la Chine. L’année dernière, plus de 36% des exportations du pays se sont effectuées vers la Chine, représentant 8% de son PIB. L’intensification des tensions entre les États-Unis et la Chine inquiète l’Australie, dont l’économie dépend beaucoup des exportations de charbon, de fer et d’éducation vers la Chine. Mais l’Australie est aussi une alliée de longue date des États-Unis. La demande chinoise ne concerne pas que les métaux de base: l’exportation de services d’Australie vers la Chine a augmenté en moyenne de 15% par an au cours des dix dernières années.

Le tourisme aussi est en croissance: l’année dernière, les 1,4 million de visiteurs chinois en Australie ont représenté environ 25% des dépenses totales des touristes. Les biens de consommation comme le vin, les vitamines et d’autres produits alimentaires australiens de qualité ont eux aussi enregistré une importante croissance en valeur des exportations, d’environ 40% par an.

les matières premières en difficulté

Au terme d’un bon début d’année, les perspectives pour les matières premières se compliquent de plus en plus à l’heure où divers obstacles commencent à apparaître. Concernant le pétrole brut, la reprise en place depuis plusieurs mois s’est essoufflée à la suite de l’accord conclu entre l’OPEP et les autres pays producteurs de pétrole pour augmenter la production en vue de stabiliser le cours. Les métaux précieux et semi-précieux, quant à eux, ont été mis en difficulté par la vigueur persistante du dollar et les orientations divergentes des taux des banques centrales. Enfin, les premiers signes de ralentissement des économies moteurs de la croissance mondiale, et notamment de la Chine, ont eu pour effet de faire vaciller les métaux industriels.

Crainte et volatilité, facteurs d’opportunités

Le troisième trimestre va constituer une période de transition où les spreads de crédit vont se dégrader, menant in fine à une inversion de la courbe de rendement en fin d’année ou début 2019. Bien que l’inversion de la courbe de rendement ne soit pas une cause de récession en soi ni de soi, Saxo est d’avis que l’association d’une Réserve fédérale de plus en plus agressive et d’une économie en surchauffe risque d’accélérer le retour de la récession.

La population est la grande perdante

Les droits de douane mis en place par Donald Trump avaient pour but initial de pénaliser les exportations chinoises, et peut-être, à l’avenir, certains produits et pays dans le collimateur de son administration. La Chine, qui est à l’origine de 45% en moyenne du déficit extérieur américain depuis 2009 et de 36% depuis 2001, date à laquelle elle a rejoint l’OMC, est le premier partenaire commercial des États-Unis au niveau mondial.

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