Les actions japonaises pour enrayer la déflation

Alexandre Marquis & Gaël Combes, Unigestion

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Les actions japonaises, une solution de diversification attrayante à condition de maîtriser les risques.

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Il est pertinent d'investir dans les actions jaopnaises selon Alexandre Marquis, responsable des gérants de portefeuille clients, et Gaël Combes, responsable de la recherche fondamentale, au sein de l’équipe actions d’Unigestion. Cependant, le Japon doit effectivement relever un certain nombre de défis.

Dans quelle mesure un investisseur européen a-t-il intérêt à se positionner sur le marché japonais?

Le Japon continue aujourd’hui de bénéficier d’une politique économique favorable ayant pour objectif de mettre un terme à vingt ans de déflation. Le gouvernement a pour cela engagé depuis 2012 un ambitieux plan de relance et de réformes, «Abenomics», visant à redynamiser l’économie nationale, notamment en relançant la consommation domestique. De son côté, la Banque du Japon reste la banque centrale la plus interventionniste, alors que ses homologues européenne et américaine sont sur le point d’entamer le cycle de resserrement monétaire.

Le gouvernement doit faire face à des problèmes structurels,
notamment au niveau démographique.

En parallèle, on peut observer une tendance visant à améliorer la gouvernance des entreprises (incitation à inclure davantage de membres indépendants dans les conseils d’administration et à rétribuer davantage les actionnaires). À tout cela s’ajoute le fait que le marché japonais affiche une décote par rapport aux autres marchés actions des pays développés, tout en offrant des perspectives d’amélioration de la profitabilité supérieures. Le PER (Price-Earnings Ratio ou ratio Prix/Bénéfices) pour l’exercice en cours ressort à 13,4 fois, contre 13,8 fois pour le marché européen et 16,6 fois pour le marché américain. Le cadre général est donc favorable pour les actions japonaises, qui constituent une solution attractive de diversification des portefeuilles.

Pour autant, ce marché n’est pas totalement exempt de risques…

Le Japon doit effectivement relever un certain nombre de défis. Tout d’abord, le gouvernement doit faire face à des problèmes structurels, notamment au niveau démographique, sans avoir aujourd’hui une politique claire en matière d’immigration. Le niveau d’endettement du pays demeure toujours parmi les plus élevés au monde, avec un budget qui reste déficitaire. Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’impact du ralentissement de la croissance économique de la Chine, qui est devenue récemment le premier marché d’exportation du Japon devant les Etats-Unis.

Dans ce contexte, quelle approche de gestion préconisez-vous?

On pourrait considerer qu’il est pertinent d’investir sur le marché japonais via une gestion focalisée sur les risques. Cette stratégie repose sur une approche combinée de critères quantitatifs et qualitatifs, le but étant d’ajuster les expositions sectorielles ou factorielles si elles semblent mal estimées par le modèle quantitatif ou trop risquées. Au final, le portefeuille, est diversifié et composé de titres de qualité, ce qui lui permet de présenter un meilleur profil de risque que le marché.

Sur quel type de sociétés est-il opportun d’investir?

Dans la mesure où on estime que les actions menées par le gouvernement vont continuer à avoir un impact positif sur l’économie domestique, le portefeuille pourrait être surpondéré de 15% par rapport à son indice de référence sur les entreprises qui réalisent la majeure partie de leur activité au Japon. On pourrait être donc très exposés aux secteurs de la consommation courante et de la consommation discrétionnaire, avec notamment des positions acheteuses sur le groupe de distribution alimentaire Seven & I et sur les brasseurs Kirin et Asahi. On pourrait être également investis sur les compagnies aériennes, comme Japan Airlines, car elles profitent de la hausse de la fréquentation touristique du pays. À l’inverse, on pourrait être sous-pondérés sur les grands groupes exportateurs très dépendants du cycle économique mondial, comme par exemple les constructeurs automobiles, ainsi que les banques en raison de l’environnement de taux bas au Japon.

Les entreprises domestiques ayant la plupart du temps une taille moins importante que ces grands groupes exportateurs, on pourrait être davantage exposé sur les moyennes et les grandes capitalisations boursières au détriment des méga-capitalisations.