Le secteur manufacturier repart en France

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La baisse du coût du financement devrait continuer de protéger l’économie française des forces récessionnistes à l’œuvre en Allemagne.

©Keystone

L’économie française reste moins exposée aux turbulences mondiales que d’autres pays européens comme l’Allemagne ou la Suisse. Au deuxième trimestre 2019, le PIB a progressé de 0,3%, soutenu par l’investissement des entreprises. La consommation des ménages fut décevante, avec son plus faible rythme de croissance des quatre derniers trimestres. Elle reste toutefois orientée à la hausse, faisant fi de la tendance mondiale à l’incertitude. 

Les ménages français sont de plus en plus optimistes concernant leurs projets d’achats de biens d’équipement, ce qui augure bien du second semestre. Le chômage est tombé à son plus-bas depuis le premier trimestre 2009 et l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier d’août est passé au-dessus des 50 points, le seuil critique entre expansion et récession. L’indice PMI des services continue à se remettre de l’effet des manifestations des gilets jaunes, entre décembre 2018 et mars 2019. A 53,5 points, il n’a jamais été aussi haut depuis novembre 2018, ce qui laisse supposer une dynamique solide pour l’économie domestique. La baisse du coût du financement pour les secteurs public et privé devrait soutenir la demande intérieure et continuer de protéger l’économie française des forces récessionnistes à l’œuvre en Allemagne.

La bonne tenue de l’activité intérieure permettra aux entreprises
d’augmenter modérément leurs prix si elles le souhaitent.

L’inflation s’est révélée supérieure aux attentes ces deux derniers mois, d’où l’ajustement à 1,3% de notre estimation pour 2019. Notre projection pour 2020 dépasse un peu le consensus car nous pensons que la bonne tenue de l’activité intérieure permettra aux entreprises d’augmenter modérément leurs prix si elles le souhaitent. En raison de l’effet de base de la baisse des prix du pétrole fin 2018, l’inflation totale annuelle devrait remonter provisoirement autour de 2% d’ici au premier trimestre 2019.

En récession technique en Allemagne?

Comme outre-Atlantique, les recherches sur internet autour du mot «Rezession» se sont envolées en Allemagne, pour atteindre leur pic depuis novembre 2008. Après la contraction du PIB au deuxième trimestre, il existe un risque considérable que le pays soit entré en récession technique. Dans son dernier rapport mensuel, la Bundesbank suggère que l’économie aurait poursuivi son repli au troisième trimestre en raison de la faiblesse persistante de l’industrie. Si la Bundesbank ne se trompe pas, les conditions d’une récession technique seront réunies. 

L’Allemagne pourrait disposer d’une vaste marge de manœuvre budgétaire,
mais ses dirigeants restent réticents à s’en servir.

Notre propre modèle, fondé sur les indices des directeurs d’achats, prévoit actuellement une croissance nulle au troisième trimestre. Qu’elle passe ou non en dessous de zéro dépendra du secteur tertiaire. Jusqu’en avril, le sentiment économique dans les services et les autres secteurs centrés sur le marché domestique restait positif, laissant croire qu’ils étaient épargnés par la dégradation marquée de l’industrie manufacturière. Il ressort toutefois de l’enquête Ifo que les choses auraient radicalement changé. En août, l’indice de climat économique des services a chuté sous sa moyenne à long terme. L’Allemagne pourrait disposer d’une vaste marge de manœuvre budgétaire pour limiter les dégâts d’une récession, mais ses dirigeants restent pour le moment réticents à s’en servir.

Nos prévisions d’inflation restent inchangées après la publication de chiffres globalement conformes à nos attentes pour juillet. L’inflation totale annuelle devrait se révéler volatile au cours des mois à venir en raison de l’effet de base substantiel dû au recul des prix de l’énergie au dernier trimestre de l’an dernier. L’inflation totale allemande devrait dépasser 2% d’ici à fin 2019, voire atteindre jusqu’à 2,6% à l’horizon de mars 2020.

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