Le Private Equity dans les marchés frontières et émergents

Salima Barragan

2 minutes de lecture

«Nous utilisons notre réseau bien implanté pour investir dans les sociétés non-cotées», explique Felix Hermes de BlueOrchard.

Les marchés frontières et émergents sont perçus comme très risqués. Vraiment? Pas pour BlueOrchard, du moment que l’on a les bonnes approches et équipes. La société d’impact investing, s’est lancée en 2017 dans le capital-investissement. «Beaucoup de sociétés intéressantes avec un fort potentiel de croissance et d’impact social sont délaissées pas les marchés de capitaux internationaux», explique Felix Hermes, responsable du Private Equity et des infrastructures durables chez BlueOrchard, dans lequel Schroders a pris une participation majoritaire l'année dernière.

UNE APPROCHE Différente

La société leader d’origine suisse de la finance durable, n’est pas entrée dans le Private Equity des marchés frontières par hasard. A côté du rendement financier exigé, un impact social positif fait aussi partie des objectifs de ses opérations. Dans ces marchés en très forte croissance, la connaissance du terrain, que ce soit dans ses aspects culturels ou légaux, est essentielle avant de s’y aventurer. «Nous utilisons notre réseau dans plus de 80 pays et nos équipes locales pour la création de valeur et l’évaluation des risques», explique Felix Hermes.

BlueOrchard est un partenaire qui siège aux conseils
d’administration et fournit de l'expertise financière et du soutien opérationnel.

Comme tout gérant bottom-up, la vue macroéconomique des pays compte moins que l’alignement des entreprises cibles aux valeurs de BlueOrchard, leur impact sociétal et bien sûr, leur valeur globale et leur potentiel de croissance: «Nous nous assurons, entre autres, que les entreprises ne cachent pas des risques financiers mais présentent des bilans véritablement solides, un bon mix de produits et une stratégie judicieuse. Du côté de la gouvernance, il s’agira souvent d'influencer la composition du conseil d’administration, les membres du management et les auditeurs». La société d’impact investing se considère comme un partenaire qui non seulement siège aux conseils d’administration mais aussi fournit de l'expertise financière et du soutien opérationnel. Le capital-investissement est la suite logique des activités de microfinance. «En tant qu’actionnaire, nous influençons directement les stratégies opérationnelles des entreprises et travaillons main dans la main pour atteindre les buts sociaux et financiers». Tout comme le Private Equity dans les marchés développés, la fenêtre d’investissement est en moyenne de 6 ans, les rendements sont en moyenne comparables et ces placements sont destinés à des investisseurs institutionnels et des family office.

Accession à des marches vierges

Le Private Equity permet également d’accéder à des marchés en croissance ou secteurs difficilement accessibles via les bourses. En Asie, le Vietnam et l’Indonésie figurent parmi les destinations de fonds préférées des investisseurs. «Cependant, de notre expérience, certains marchés montrent une forte croissance, mais nous préférons nous concentrer sur les opportunités au niveau de l'entreprise plutôt que sur la croissance totale du pays», explique Felix Hermes. «En général, nous aimons le secteur financier, les assurances, et les fintechs  car nous avons en une bonne connaissance et savons que ce que nous amènerons à la table aura un impact véritable sur ces sociétés». L’année passée, BlueOrchard a investi dans la société nigériane Royal Exchange Insurance. «Nous avons acquis une part importante de la société et pris deux sièges à son conseil d’administration pour développer ses activités d’assurance agricole. Car dans ce pays qui est le plus peuplé d’Afrique, plus de la moitié des habitants dépend de l’agriculture».

Certains marchés à risques élevés
ou politiquement instables sont évités.

Cependant BlueOrchard concède éviter certains marchés à risques élevés, politiquement instables, où les investissements étrangers sont tout simplement impossibles: «Par exemple, nous n'envisagerions actuellement pas d’opportunités en Irak ou en Afghanistan.» La société évite aussi les pays dont la structure du marché ou les réglementations sont insatisfaisantes.

Enfin, des marchés frontières ou développés, une constante demeure: «La confiance et la relation restent primordiales. Vous construisez la relation avant d’entrer en affaires», ajoute Felix Hermes.

A lire aussi...