La Chine entraîne la reprise asiatique

Wenli Zheng, T. Rowe Price

3 minutes de lecture

La Chine continue à cultiver la «nouvelle économie» post-COVID-19 et à tirer parti de la technologie et de l'innovation pour améliorer sa productivité.

Première à établir un confinement strict dans la lutte contre le coronavirus, la Chine a poursuivi avec un assouplissement des restrictions. Sa stratégie a été probablement juste au vu de la confiance actuelle des ménages et des entreprises, qui reviennent à des niveaux plus normaux. La crainte d'une chute brutale des prix de l'immobilier après la baisse des transactions durant le confinement ne s’est pas concrétisée. Au contraire, la demande de ventes résidentielles s’est redressée plus rapidement que prévu.

Confiance des entreprises et des consommateurs

Bien qu'il subsiste de nombreux risques et incertitudes, la confiance des entrepreneurs chinois se rétablit. L'indicateur de l’OCDE sur la confiance dans le secteur manufacturier chinois a rebondi en avril pour atteindre son plus haut niveau depuis octobre 2018. 

La demande extérieure est actuellement
le principal risque économique pour la Chine.

Ce rebond s'est concentré sur les grandes entreprises, cependant, dans de nombreux secteurs, les petites et moyennes entreprises chinoises sont toujours en difficulté. Les PME sont une composante importante de l'économie chinoise. Les décideurs politiques en sont bien conscients et certaines des mesures de relance politique et d'aide financière visent à soutenir les PME chinoises.

La demande extérieure est actuellement le principal risque économique pour la Chine, car la récession mondiale déclenchée par le coronavirus commence à peine à se faire sentir. Cependant la relance budgétaire par des investissements dans les infrastructures et la demande en matière de consommation et d'immobilier devrait suffire à compenser la diminution d'exportation et à empêcher une contraction de l'économie chinoise en 2020.

Perspectives d'investissement post crise

Alors que les Chinois commencent à réintégrer leur emploi et leurs activités sociales, les investisseurs doivent rester vigilants quant au risque d'une deuxième vague de COVID-19. Il faut également tenir compte d’autres facteurs de risques potentiels comme les tensions commerciales et la politique préélectorale américaine. Cela dit, sur des perspectives à moyen et long terme, de nombreuses entreprises chinoises présentent de solides fondamentaux. Contrairement aux États-Unis, à l'Europe et au Japon, la Chine devrait échapper à une croissance négative en 2020, avec une augmentation annuelle du PIB prévue entre 2 et 4%. Cela devrait permettre aux entreprises chinoises d'être parmi les premières à s'engager dans un nouveau cycle de croissance des bénéfices en 2021.

Il y a de bonnes opportunités dans les services aux entreprises,
notamment la gestion immobilière, la logistique et les ressources humaines.

La distanciation sociale et les modalités de travail à domicile sont susceptibles d'accélérer bon nombre des tendances qui se dessinent déjà en Chine, notamment la croissance de la pénétration en ligne, du commerce électronique, des jeux, de la livraison de nourriture, des supermarchés et des services de clouds associés au travail à domicile. Dans le secteur des services aux entreprises, il y a de bonnes opportunités notamment dans la gestion immobilière, la logistique et les ressources humaines. La tendance à la hausse de la consommation devrait selon nous reprendre après l'épidémie. Le rythme auquel les entreprises chinoises progressent technologiquement est impressionnant, qu'il s'agisse de biotechnologie ou de technologies de l'information.

À long terme, nous demeurons positifs quant à l'avenir de la Chine, et le coronavirus ne change rien à notre opinion. Au cours de la dernière décennie, la structure de l'économie chinoise est passée de la dépendance à l'égard des infrastructures, des investissements résidentiels, des exportations et des produits manufacturés à faible valeur ajoutée à la consommation, aux soins de santé, aux services, aux technologies de pointe et à l'automatisation industrielle. Cette tendance va se poursuive. Le président Xi Jinping a récemment souligné que la Chine restait attachée à un nouveau plan de développement dans lequel «la circulation intérieure [c'est-à-dire la demande] joue un rôle important». À l'avenir, la Chine traitera la demande intérieure comme le point de départ pour «accélérer la construction d'un système complet de consommation intérieure».

Dans quelques années, la Chine sera en passe de devenir
la plus grande économie de consommation intérieure au monde.

La réponse de la Chine en matière de fabrication a été également confirmée par la crise du coronavirus. Malgré toute la rhétorique négative entre les États-Unis et la Chine causée par le COVID-19, la Chine reste une partie intégrante de la chaîne d'approvisionnement mondiale. Elle possède selon nous la chaîne d'approvisionnement la plus complète/intégrée, des vêtements/jouets nécessitant beaucoup de main-d'œuvre jusqu'aux produits médicaux et technologiques à plus forte valeur ajoutée. Cette situation n'est pas près de changer.

Dans quelques années, la Chine sera en passe de devenir la plus grande économie de consommation intérieure au monde, avec un avantage significatif d'économie d'échelle pour de nombreux produits. La Chine continue à cultiver la «nouvelle économie» post-COVID-19 et à tirer parti de la technologie et de l'innovation pour améliorer sa productivité.

Enfin, si tout le monde sait que la main-d'œuvre chinoise va probablement diminuer progressivement au cours des prochaines décennies, beaucoup semblent ignorer le côté positif du développement de la Chine en matière d'éducation. Alors que le nombre d'étudiants entrant à l'université était d'environ 1 million il y a 20 ans, il est aujourd'hui de plus de 9 millions. Dans vingt ans, nous pouvons nous attendre à ce que 30 à 40% de la population chinoise obtienne un diplôme universitaire, ce qui représente une forte augmentation par rapport aux 6 à 7% actuels. Ce boom de l’éducation améliorera la qualité de la main-d'œuvre et aidera la Chine à progresser dans la chaîne de valeur grâce à l'innovation en matière de science, de technologie et de recherche et développement.

A lire aussi...