L’investissement d’impact en fonds de fonds

Salima Barragan

2 minutes de lecture

«La quantification de l’impact délivré par le portefeuille est essentielle», estime Valentin Girard de la Banque Bonhôte.

Mesurer concrètement les impacts environnementaux et sociaux: l’investissement d’impact culmine au plus haut niveau de la finance durable. Ce marché de niche estimé à seulement quelques 500 milliards de dollars US est généralement accessible via des fonds de Private Equity peu liquides. Face à cette lacune, la Banque Bonhôte a lancé en juillet un fonds de fonds à impact qui offre une liquidité hebdomadaire. Le point avec Valentin Girard, Responsable du programme «Bonhôte Impact».

Un peu de théorie pour commencer. L’investissement responsable se décompose en trois niveaux. Le premier est formé d’exclusions d’activités non désirables. Ensuite, le tri des scores d’entreprises par des filtres positifs ESG ont amené une nouvelle dimension: les «best-in-class». En haut de la pyramide de la finance durable, se trouvent les entreprises qui contribuent concrètement à un impact social et/ou environnemental positif. Qu’il s’agisse du financement de l’isolation de bâtiments ou d’un parc éolien au travers d’une obligation verte, leur impact est quantifiable. A noter que l’investissement d’impact se distingue de la philanthropie dans le sens où les objectifs sociétaux sont associés à des impératifs de rendements.

Une partie significative du fonds est composée d’obligations
d’impact émises par des banques de développement.
UNE APPROCHE MULTI-ASSETS

C’est pour offrir les plus hauts standards en matière d’investissement responsable que la banque Bonhôte s’est alliée à Conser, une société entièrement dédiée à l’investissement durable, qui certifie la durabilité du portefeuille. «Nous nous appuyons sur l’expertise de Conser qui est notre partenaire dans l’investissement responsable depuis 2013», explique Valentin Girard, intégralement en charge de la gestion du fonds de fonds multi actifs. «Nous sélectionnons des gérants spécialisés sur des classes d’actifs telles que les green bonds en Europe ou les actions ESG des marchés émergents», poursuit-il au sujet de la composition du fonds. Aussi, une partie significative du fonds est composée d’obligations d’impact émises par des banques de développement, une classe d’actifs qui partage des caractéristiques de la microfinance: «par cet intermédiaire, nous participons par exemple au financement de producteurs de melons à Java, en Indonésie», précise Valentin Girard.

L’allocation d’actifs du fonds est variable en fonction des vues de marchés de la banque. L’impact du fonds de fonds évoluera donc également en fonction de la pondération des classes d’actifs. Contrairement aux fonds de Private Equity qui investissent en direct dans des sociétés non cotées, le fonds d’impact nouvellement lancé a l’avantage d’offrir une liquidité hebdomadaire: «Nous avons fait un compromis entre la force de l’impact et la liquidité du portefeuille».

520 femmes entrepreneures ont été financées et
36 MWH ont été générés par des énergies renouvelables.
DES IMPACTS CONCRETS ET MESURABLES

Alors que tous les objectifs de développement durable de l’ONU ne sont pas facilement quantifiables, l’investissement d’impact fait réellement la différence. Grâce à un travail d’agrégation des positions en portefeuille, Valentin Girard peut mesurer l'effet des montants investis en réunissant des données comme les tonnes de CO2 économisés. Ainsi, sur le rapport mensuel du fonds, l’on peut lire entre autres que 520 femmes entrepreneures ont été financées et que 36 MWH ont été générés par des énergies renouvelables (pour 1 million de francs investis dans le fonds).

Le lancement de ce fonds de fonds d’impact s’inscrit parfaitement dans la philosophie de la banque et comporte aussi des aspects philanthropiques comme par exemple le soutien au Programme Activation du HUB à Neuchâtel. «Nous soutenons ce programme pour faire développer des idées d’entreprises dont le but est de maximiser l’impact social et environnemental, à vocation locale», souligne Valentin Girard.