L’inertie de l’inflation américaine

William De Vijlder, BNP Paribas

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L’expansion actuelle aux USA a commencé à l’été 2009 mais l’inflation demeure, selon la définition, proche ou inférieure à l’objectif de 2% fixé par la Fed.

Dans quelques mois, l’actuelle expansion américaine fêtera son 10e anniversaire et, malgré un marché du travail tendu et l’accélération de la croissance des salaires, l’inflation ne bouge pas.

La publication cette semaine des chiffres de l’inflation a montré un indice des prix (IPC) en augmentation de 0,2% en rythme mensuel, grâce à la hausse des coûts des produits alimentaires, de l'essence et des loyers. Cette augmentation intervient après trois mois de stagnation de l’IPC.

Par rapport à il y a un an, l'IPC a augmenté de 1,5%.

En excluant les composants volatils des prix, que sont les produits alimentaires et l’énergie, la hausse est restée limitée à 0,1%, soit + 2,1% par rapport à 2018.

Les chiffres étaient inférieurs au consensus des économistes.

La mesure de l’inflation privilégiée par la Fed (le déflateur de la consommation privée corrigé des composants volatils,  ou «  core PCE ») a augmenté de 1,9% en décembre. Les données plus récentes font défaut en raison du récent shutdown partiel.

Il frôle donc l’objectif de la Fed de 2,0%.

Faible inflation: une bénédiction

Pour beaucoup, une inflation proche ou inférieure à l’objectif de 2% fixé par la Fed est une bénédiction.

Les ménages en bénéficient: une faible inflation signifie que leur pouvoir d'achat est préservé.

En outre, une inflation faible met fin à la nécessité d’un resserrement monétaire agressif de la part de la banque centrale, ce qui est d’ailleurs bien accueilli par les marchés financiers.

Une bénédiction? Vraiment?

Cependant, il existe un revers à la médaille à une inflation en permanence faible.

Premièrement, si la croissance devait rester robuste, les marchés financiers pourraient craindre que l’inflation finisse par accélérer fortement.

Deuxièmement, les agents économiques endettés, et en particulier le gouvernement, ne constateront qu'une lente érosion de la valeur réelle de leurs dettes. En revanche, ils bénéficieront d’un coût de financement faible.

Troisièmement, il existe un risque de compression des marges des entreprises. A ce propos, il convient, pour évaluer les gains de productivité, notamment de comparer l’évolution des coûts salariaux corrigés à celle des prix de vente.

Quatrièmement, le besoin d’un resserrement agressif de la part de la Fed n’existe plus, la marge de manœuvre de la banque centrale sera également plus limitée au moment de réduire les taux lorsqu'elle sera confrontée à une nouvelle récession.

En conséquence, on comprend mieux l'annonce faite récemment selon laquelle la Fed passera les prochains mois à analyser sa boîte à outils ainsi que la nécessité de modifier éventuellement son objectif de  politique monétaire.

Nul besoin toutefois de retenir notre souffle : les résultats ne seront dévoilés  qu’au premier semestre de 2020.

 

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