L’IA perce dans la finance

Salima Barragan

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«Le ciel est la seule limite du potentiel de l'intelligence artificielle», estime Ad van per Poel, chez BofAML.

 

L’intelligence artificielle n’est pas nouvelle. En tant que système de reproduction de l’action humaine, elle est déjà utilisée depuis un certain nombre d’années pour se substituer aux processus manuels hautement répétitifs, notamment dans la construction automobile, l'emballage et la distribution. Mais sa version améliorée, capable de reproduire l'intelligence et le comportement humain, débarque dans le monde financier. De la finance d’entreprise à la gestion de trésorerie, son potentiel, encore mal définit, semble pourtant illimité. Comment l’IA s’intègre dans le travail de tous les jours? Avec simplicité. Ad van per Poel, Head de Core Cash Management pour GTS EMEA chez Bank of America Merrill Lynch, nous éclaire sur le sujet.

Révolution économique

«Récemment, beaucoup de progrès ont été réalisés pour reproduire certains comportements comme la reconnaissance vocale, à l’instar d’Alexa (Amazon), l’assistant Google ou l'outil Erica de Bank of America, qui a conquis plus d’un million d’utilisateurs», explique Ad van per Poel, responsable du développement des systèmes de paiements, de créances, des opérations de change, des liquidités et services d'information. Il cible les entreprises et les intermédiaires financiers.

L’IA est bien plus qu’une révolution technologique
et les retombées commerciales seront conséquentes.

Pour cet expert, il n’y a pas de doute, l’IA est bien plus qu’une révolution technologique et les retombées commerciales seront conséquentes: «L'IA est considérée aujourd'hui comme l'une des plus grandes opportunités commerciales et augmentera la production économique mondiale de 14% d'ici 2030, soit l'équivalent de 15,7 mille milliards de dollars supplémentaires, selon les recherches de PwC en 2017».

Les modèles de IA permettent de développer des analyses de données plus robustes pour soutenir les prévisions financières et permettre une meilleure prise de décision. «Le big data, data lake et data cloud gagnent en popularité. Les données peuvent aider n'importe quelle industrie si elles sont utilisées correctement afin d’ajouter de la valeur», souligne Ad van der Poel.

L’AI dans la gestion de trésorerie

l’IA va changer radicalement la façon dont les entreprises travaillent, et par là même, les permettra de gagner en productivité. Elle facilitera, par exemple, la trésorerie des entreprises. «Les clients, les banques et les entreprises cherchent toujours à réduire les étapes manuels et à augmenter l'automatisation des processus. Par exemple, l’IA peut automatiser la récupération des instructions de paiement mal formatées et contribuera à augmenter leur traitement en direct, et une finalisation plus rapide des paiements», explique le spécialiste. Dans ce but, Bank of America Merrill Lynch utilise l'intelligence artificielle couplée à d'autres logiciels, pour faciliter l'appariement des paiements entrants avec les factures. Elles peuvent ainsi comptabiliser leurs créances plus rapidement et à moindre coût.

L’IA reste un outil, qui va révolutionner le travail
de tous les jours et apporter une plus-value certaine.

Les applications courantes s’étendent aussi dans les activités de gestion de la trésorerie. L'an dernier, la banque a introduit un outil qui utilise l'intelligence artificielle pour ses capacités d'analyse prédictive afin d’aider ses clients à analyser leurs informations bancaires.

Pour les entreprises, les opportunités de demain sont multiples. «Dans l'avenir, de nouveaux services seront mis au point dans des domaines tels que la prévision des flux de trésorerie, l'utilisation efficace des excédents de trésorerie et la gestion du fond de roulement», prévoit Ad van der Poel. «Tout comme le blockchain, l’IA est encore en phase de développement. Et le ciel est la seule limite sur le potentiel de l'IA dans la gestion de trésorerie», poursuit-il. Mais pour tirer parti des retombées innombrables qu’elle offre, les entreprises devront être capables de l’intégrer convenablement dans leur culture d’entreprise.

Est-ce que dans le futur, l’intelligence artificielle va remplacer l’humain dans la gestion de la trésorerie? Cela est un autre débat qui mérite d’être posé. Mais pour l’instant, l’IA reste avant tout un outil, qui couplé au jugement humain, va incontestablement révolutionner le travail de tous les jours et apporter une plus-value certaine.