L’Asie s’organise

Salima Barragan

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Selon James Thom d’Aberdeen Standard Investments, une partie de la chaîne de production chinoise se déplace en Asie du Sud Est.

Les places boursières mondiales ont fini par capituler. Les nouveaux foyers d’infection découverts en Corée du Sud, en Iran et en Italie laissent penser que le coronavirus est en chemin de devenir une pandémie. Les pays asiatiques s’organisent non seulement pour contenir la contamination, mais aussi pour débloquer la chaîne de production de la plus grande usine du monde. Le point avec James Thom, directeur chez Aberdeen à Singapour.

Depuis quelques années, le gouvernement chinois redirige sont modèle économique de pays exportateur à consommateur. Aujourd’hui, à cause de l'épidémie, il est touché en plein cœur: la consommation domestique a chuté de 45%. «La chaine de restauration rapide Yum China, a fermé 30% de ses restaurants», explique James Thom. La baisse significative des passagers à bord des avions de ligne se répercute sur l’ensemble du tourisme qui tourne au ralenti. Les ventes d’automobiles, un indicateur très regardé de la santé de l’économie, sont en berne.

Les conséquences de l’épidémie soulignent la dépendance
du monde à la chaîne d’approvisionnement chinoise.
LA CHAINE D’APPROVISIONEMENT sE DEPLACE EN ASIE DU SUD EST

Les conséquences de l’épidémie soulignent la dépendance du monde à la chaîne d’approvisionnement chinoise. Des poids lourds des indices comme Apple ont publié des avertissements sur résultats à cause de l’interruption de certains approvisionnements. Seules les entreprises les plus grandes ou les plus flexibles pourront tirer leur épingle du jeu.  Les entreprises bloquées cherchent à s’expatrier au Vietnam, en Malaisie, voire au Bangladesh. Certains acteurs de l’initiative chinoise «one Belt one Road» sont sollicités pour aider les entreprises à se délocaliser en dehors de Chine. «Kerry Logistics nous disait qu'avant l'apparition du virus, les demandes de renseignements des entreprises manufacturières demandant de l'aide pour délocaliser des usines hors de Chine dans des endroits comme le Vietnam avaient augmenté considérablement en raison des préoccupations liées à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. L'épidémie de virus ne fera qu'accélérer encore cette tendance».

REPRISE DE L’ACTIVITE POUR LE DEUXIEME SEMESTRE?

Bien qu’il soit difficile de tirer des analogies avec l’épidémie du SARS qui a frappé en 2003, James Thom rappelle que l’épidémie qui s’est éteinte en quelques mois a été suivie par une reprise «en forme de V» des bourses mondiales: «L'indice MSCI Asie hors Japon a perdu 8% entre le moment où les premiers décès liés au SRAS ont été signalés et le creux de la vague au début de 2003. L'indice a terminé l'année en hausse de près de 50 %. Pour l’instant les entreprises asiatiques revoient leurs perspectives pour l’année à la baisse mais n’ont pas émis d’avertissements sur leurs résultats. Notre scénario de base reste pour une reprise durant le deuxième semestre, mais plusieurs scénarios sont possibles».

A côté du grand marché des smartphones, TSMC s’attaque aussi aux data center,
à l’intelligence artificielle, à l’internet des choses au véhicules électriques.
ACTIONS DE QUALITE ASIATIQUES: Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC) et Bank Central Asia (BCA)

TSMC domine le marché des semiconducteurs «Non seulement il est le leader mais son avantage compétitif restera durable. L’entreprise est capable d’investir des milliards de dollars pour rester à la pointe de la technologie», explique James Thom. Croissance des bénéfices, valorisation raisonnable et indicateurs ESG positifs, elle cumule les voyants verts. «Ses revenus vont se diversifier. A côté du grand marché des smartphones, TSMC s’attaque aussi aux data center, à l’intelligence artificielle, à l’internet des choses et aux véhicules électriques», ajoute-t-il.

BCA est la plus grande banque non étatique du pays (car il existe de plus grandes banques d'État). Elle offre toute la palette des services bancaires et des produits financiers à une population locale dont le niveau de vie est en augmentation. «Son bilan est solide et ses perspectives sont excellentes», estime James Thom.