Forte contraction de l’économie en Chine

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’inflation devrait poursuivre sa modération en raison d’une demande atone et d’un pétrole au plus bas.

L’économie chinoise s’est contractée de 6,8% en glissement annuel au premier trimestre en raison d’un confinement national, fermetures d’usines incluses, qui a fortement désorganisé l’activité économique. Les indicateurs mensuels faisaient toutefois état d’une reprise généralisée en mars. La situation s’est nettement améliorée en particulier du côté des entreprises, avec un rebond de la production industrielle, passée à -1,1% après une baisse à deux chiffres en février. Du côté de la consommation, la situation semble moins encourageante, comme l’atteste la remontée très timide des ventes de détail, qui reculaient toujours à deux chiffres en mars. Outre cette amélioration minime de la demande intérieure, la demande extérieure pose un problème supplémentaire du fait de la récession mondiale. Nous avons donc abaissé de 3,8% à 1,2% nos prévisions de croissance annuelle du PIB. Nous prévoyons une reprise continue mais progressive de l’activité économique suite à la levée générale des mesures de confinement et à la mise en place d’un système de prévention à base de traçage numérique. Le principal risque pour nos prévisions résiderait dans une deuxième vague d’infections, à l’heure où émergent de nouveaux foyers de contamination. Ainsi, la ville de Harbin, au nord-est du pays, a récemment enregistré une recrudescence de cas correspondant à des voyageurs chinois qui arrivaient de Russie.

L’inflation de mars a ralenti davantage que prévu, l’allègement des tensions sur certains produits alimentaires tirant leurs prix à la baisse tandis que le cours du pétrole s’effondrait. Hors alimentaire et énergie, l’inflations sous-jacente est en outre restée très faible, à 1,2%. Nous pensons que l’inflation poursuivra sa modération en raison d’une demande atone et d’un pétrole au plus bas, d’où la révision en baisse de nos estimations d’inflation annuelle de 3,6% à 3,4%.

Un numéro d’équilibriste au Japon

Alors même que le Japon fut l’un des premiers pays développés touchés par le coronavirus, ses taux d’infection étaient restés très faibles avant de décoller durant la dernière semaine de mars. Le nombre de cas comme la mortalité du virus sont toutefois restés relativement bas. Le gouvernement s’est également efforcé d’adopter une stratégie comparable à celle de la Suède. Le premier ministre Shinzo Abe a bien déclaré l’état d’urgence en avril, mais sans aucune mesure de confinement à part la fermeture des écoles. La plupart des règles de distanciation sociale sont toujours recommandées, et non imposées. Cette stratégie vise officiellement à trouver un équilibre entre risque sanitaire et économique et elle semble efficace à ce jour. L’économie japonaise subira bien sûr une grave récession au premier semestre 2020 mais l’indice des directeurs d’achats d’avril suggère que les entreprises nipponnes auraient moins souffert que leurs homologues européennes. Le gouvernement a toutefois pris de nouvelles mesures en avril, d’une valeur annoncée de 20% du PIB (les chiffres annoncés sont généralement surévalués), versements directs aux entreprises et aux ménages inclus. Parallèlement, la Banque du Japon déclarait qu’elle achèterait autant d’obligations souveraines que nécessaire pour maintenir des rendements conformes aux objectifs, ce qui pourrait ouvrir la voie à des mesures budgétaires supplémentaires.

En 2020, l’économie japonaise n’évitera la déflation sur l’année pleine que grâce au relèvement de la taxe sur la consommation d’octobre 2019. La baisse des tarifs de l’énergie, la hausse du yen depuis le début de l’année et le recul de la consommation devraient exercer une pression baissière sur les prix au cours des prochains mois. Les tensions sur les salaires, étonnamment vives jusqu’en février, devraient également retomber, parallèlement à la chute du ratio emplois/candidats en mars.

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