Droits de douane sur les ménages aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’inflation US a surpris à la hausse. Au Royaume-Uni, le recul de la livre et la forte croissance des salaires ont accentué les pressions inflationnistes.

©Keystone

Le mois d’août a apporté une nouvelle moisson de mauvaises nouvelles, avec l’escalade des tensions commerciales sino-américaines. La quasi-totalité des exportations chinoises vers les Etats-Unis non encore soumises aux droits de douane le seront à hauteur de 15% à partir du 1er septembre ou du 15 décembre, et le président Trump a annoncé qu’il relèverait les tarifs douaniers déjà en vigueur. Contrairement aux vagues précédentes d’instauration de droits de douane, centrées sur les biens intermédiaires et d’équipement, celle-ci vise des biens de consommation comme les téléphones mobiles, les ordinateurs, les vêtements ou les jouets. Cette mauvaise nouvelle se ressent déjà sur les enquêtes d’août auprès des ménages et il semblerait que les craintes de récession aient augmenté, à en croire les statistiques de Google Trends (voir le graphique du mois). Nous pensons donc que cette incertitude croissante pèsera petit à petit sur la consommation privée. Les biens chers tels que les voitures ont déjà amorcé une décrue. Le ralentissement prévu s’ajoute à des perspectives d’investissement déjà sombres et pourrait tirer la croissance un peu en dessous de son potentiel l’an prochain. Du côté positif, la chute des taux d’intérêt soutient le marché des logements, avec à la clé un net relèvement du sentiment économique des promoteurs immobiliers, des autorisations de crédit hypothécaire et du nombre de transactions depuis le début de l’année.

L’inflation pourrait atteindre 2,3% en août,
sous l’effet des biens et des services.

L’inflation a surpris à la hausse en juin et en juillet. Montée à 2,2% en sous-jacent, elle pourrait atteindre 2,3% en août, sous l’effet des biens et des services. Les droits de douane pourraient l’accroître encore de 10 à 20 pb, mais cette hausse temporaire n’influera sans doute pas sur la politique monétaire, qui ciblera plutôt l’effet négatif des tarifs douaniers sur la demande. Nous attendons donc deux baisses de 25 pb des taux directeurs de la Fed, en septembre puis en décembre.

Tout peut arriver maintenant en Grande Bretagne

L’ombre du Brexit plane toujours sur les perspectives économiques britanniques. Le risque d’une sortie sans accord, encore accru, avoisine 50% à l’heure où nous écrivons ces lignes, une évaluation subjective soumise à la plus grande incertitude. Deux voies principales pourraient mener à un Brexit sans accord : 1) Boris Johnson tendrait vers cette issue le 31 octobre suite à des renégociations qui s’annoncent infructueuses et face à un Parlement peut-être incapable ou non désireux de contrer le Premier ministre ; 2) plus probablement, un conflit entre le Parlement et le gouvernement provoquerait des élections anticipées. Le scrutin uninominal à un tour britannique pourrait toutefois déboucher sur une majorité de Brexiteurs s’ils sont plus habiles que leurs opposants à mobiliser les électeurs. Nos prévisions de croissance supposant toujours une résolution favorable du Brexit, elles pourraient alors se trouver nettement réduites. Les troubles liés à une sortie sans accord pourraient selon nous entraîner au moins un trimestre de baisse de la production, avant l’instauration d’un nouveau point d’équilibre, plus bas, pour la croissance. Le fait que les entreprises soient de mieux en mieux préparées, les dérogations temporaires et le recul de la livre pourraient atténuer le choc économique mais, en l’absence de tout précédent historique, les effets du Brexit sont très difficiles à anticiper.

L’orientation des prix dépendra
considérablement des taux de change et donc du Brexit.

La hausse des prix a encore dépassé les attentes en juillet, avec des taux d’inflation totale et sous-jacente montés à respectivement 2,1% et 1,9%. La baisse de la livre et l’accélération de la croissance des salaires ont accentué les pressions inflationnistes. L’orientation des prix dépendra considérablement des taux de change et donc du Brexit. Avec une probabilité accrue de sortie sans accord, et donc de poursuite de la dépréciation de la livre, nos prévisions de stabilisation de l’inflation pourraient laisser la place à des projections haussières.

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