Démission sans préavis

Philippe Waechter, Ostrum AM

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Italie: Conte démissionne mais l’imbroglio politique et l’incertitude persistent.

La situation italienne devient plus complexe après la démission du premier ministre Guiseppe Conte. Celui-ci présentait, au président italien Sergio Mattarella, ces choix pour le gouvernement qu’il devait former. 

Dans ce possible gouvernement, Salvini, le patron de la Ligue, disposait du ministère de l’intérieur et Di Maio, le patron du mouvement 5 étoiles, du ministère du travail. Ces points étaient actés. Le point d’achoppement portait sur le ministère des finances où Paolo Savola, très critique sur l’euro et la construction européenne, était pressenti.

En refusant d’agréer ce gouvernement, le président Mattarella a fait un acte politique fort. D’abord parce que la Ligue aurait eu les deux principaux ministères que sont l’intérieur et les finances et de fait le rapport de force au sein du gouvernement aurait été en faveur de la Ligue (en considérant que Conte n’était pas le décideur). L’autre point est que le parti dont la dynamique est actuellement la plus forte est la Ligue. Or ce parti a un grand nombre de positions qui ne sont pas compatibles avec la construction européenne. Le président Mattarella a pris l’option de maintenir l’Italie dans ce cadre européen et pour cela on peut le saluer.

De nouvelles élections ont été annoncées sans qu’une date ait été décidée. Une première remarque est que les sondages récents ne changent pas l’équilibre observé lors des élections du 4 mars dernier. Le mouvement 5 étoiles est toujours en tête devant la Ligue et le Parti Démocrate. Cependant la Ligue progresse rapidement. Le mouvement 5 étoiles était à 32,2% lors des élections du 4 mars, la moyenne des 4 sondages publiés ces derniers jours sur @EuropeElects était de 31,5%. Pour la Ligue les chiffres sont respectivement de 17,7% et 23,25%. Le Parti Démocrate est stable et Forza Italia de Berlusconi régresse.

Lors des nouvelles élections, le rapport de force sera en faveur de la Ligue. Cela ne suggère rien de bon. Le président Mattarella ne pourra peut-être pas s’opposer à un gouvernement anti-européen mené par la Ligue.

Un gouvernement technique qui n’aura jamais une quelconque majorité devra gérer les affaires courantes au cours des prochaines semaines (Carlo Cottarelli, un ancien du FMI et plutôt rigoureux sur les questions budgétaires est pressenti).

La situation italienne se dégrade car au regard des sondages, rien de bon ne s’annonce pour les prochaines élections. Les indicateurs financiers italiens seront maltraités lundi matin, le spread avec l’Allemagne va s’agrandir encore un peu plus.

Quelques chiffres

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