Covid-19, pensons l’après

Valérie Plagnol, Vision & Perspectives

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Après plusieurs semaines de mise sous cloche, les conditions et l’organisation du retour à la normale restent à préciser et ne seront pas sans risque.

Quand donc reverrai-je mon coiffeur? Cette exclamation oh ! combien futile illustre pourtant, à bien des égards, le temps de la privation de mouvement et l’impact de la pandémie sur la vie économique ordinaire. Après un mois de confinement effectif, plus ou moins strict, si l’on pas été atteint par la maladie et que nos proches sont sains et saufs, l’impatience gagne, la fébrilité également.

Les annonces quotidiennes du nombre de victimes doivent nous inciter à rester confinés et conscients de la nécessité de contenir l’avancée de la pandémie, avec les moyens dont nous disposons, en attendant remèdes et vaccins. Nous nous devons à cette discipline, comme nous la devons à tous ceux qui luttent au front pour nous soigner et nous préserver.

Mais il revient aussi à «l’arrière» de penser l’après et la sortie du confinement. Cette situation n’est tenable durablement ni au plan humain, ni au plan économique. Nous en voyons chaque jour les effets dévastateurs, sur les plus fragiles, les plus démunis et les plus exposés. Les médias rapportent désormais le nombre croissant de drames qui se jouent derrière des portes closes. Les premières estimations statistiques donnent une idée de l’ampleur de la récession qui s’annonce. 

L’ensemble des mesures économiques reste dans
l’ensemble calibré pour 6 à 8 semaines d’arrêt au plus.

Le monde s’organise également et c’est rassurant. Cette période de mise sous cloche n’est pas une période d’abandon, ni d’inaction. Après l’urgence, le présent est mis à profit pour préparer l’avenir. En tout premier lieu en ce qui concerne les capacités de soins, et au-delà, de prévention. Fonds de dotation exceptionnels, élargissement des indemnités maladie, prise en charge des personnes à risque, acheminements de matériels et organisation de la prévention, sont désormais la priorité. Viennent ensuite les mesures conservatoires concernant les entreprises et les ménages. Mais l’ensemble des mesures économiques, aussi massives soient-elles – et elles le sont - restent dans l’ensemble calibrées pour 6 à 8 semaines d’arrêt au plus. Au regard de l’augmentation vertigineuse du chômage, cela se comprend aisément. Car au-delà, les risques de dommage pour l’économie pourraient s’avérer irréparables.

Dans ces conditions, il va bien falloir nous organiser pour reprendre nos activités, dans un environnement sanitaire devenu risqué. La difficulté réside dans le fait que plus le confinement aura été sévère, moins nombreuses seront les personnes immunisées. Ainsi en France, le Conseil Scientifique estime entre 10% et 15% seulement, la population qui aurait été immunisée naturellement.

Plusieurs pays européens annoncent d’ores et déjà des dates de reprise progressive de l’activité, en commençant par les écoles, les commerces, l’artisanat, les indépendants et les professions libérales. Le télétravail risque de durer, la question de la réouverture des frontières à l’intérieur du marché unique, semble plus délicate. Elle n’en est pas moins vitale, pour la circulation des marchandises. Dans l’ensemble, les scenarios économiques que nous observons, tablent implicitement sur un retour à la normale pour la rentrée de septembre, et un rebond pour la fin de l’année 2020. C’est à cette condition que le rattrapage de l’activité, sinon total, du moins suffisamment marqué, aura préservé les capacités de production et de consommation, et limité l’augmentation du nombre de chômeurs.

Les scénarios sont entachés de nombreux aléas. Le plus important est
une deuxième vague pandémique à l’automne après le déconfinement.

Ces scénarios sont entachés de nombreux aléas. Le plus important est bien entendu le risque d’une deuxième vague pandémique à l’automne après le déconfinement. Le comportement des agents économiques, ménages et entreprises, est également sujet à interrogation. Les mesures de préservation du pouvoir d’achat, les fermetures de commerces, devraient déboucher sur un surplus d’épargne, dont les ménages pourraient user pour consommer. Mais seront-ils pour autant disposés à le faire? Les entreprises seront-elles en capacité de reprendre leurs programmes d’investissement, voire dans certains cas, de les accélérer, alors que la crise aura durement réduit les marges? Enfin, des secteurs comme la construction, le tourisme, l’aviation, sont sous la menace d’une chute plus durable de leur activité.

Au-delà, nous le savons déjà, la volonté de mieux maîtriser les chaînes de sous-traitants, devrait accélérer le mouvement de réorganisation du commerce mondial, alors que de nombreuses entreprises vont reconsidérer leur dépendance industrielle à la Chine. Ces reconfigurations et d’autres mesures économiques et monétaires, finiront-elles par ramener l’inflation? Nous y reviendrons.

Quoiqu’il en soit, partout émergent les initiatives et les solutions qui nous permettront de faire face à cette nouvelle situation. De la coopération scientifique à l’organisation de la production et de l’acheminement des biens essentiels, les initiatives fleurissent un peu partout. Discipline, agilité, et coordination seront plus que jamais les maîtres mots de cette deuxième phase.

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