Comprendre l’accélération de l’inflation en France

Philippe Waechter, Ostrum AM

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La hausse des prix, à 2,3% en juillet à cause de l’énergie, progresse plus vite que les salaires et se traduit par une baisse du pouvoir d’achat.

©Keystone
Le Constat

L’inflation en France est depuis 3 mois au-dessus de 2%. Elle s’est inscrite, en juillet, à 2,3%, le plus haut niveau depuis mars 2012. Le décrochage à la hausse date du début de l’année 2018. On constate dans le même temps que l’inflation sous-jacente évolue peu (même si on ne dispose pas encore du chiffre de juillet). Elle reste nettement au-dessous de 1%.

L’accélération vient de la hausse rapide du prix de l’énergie et les consommateurs le constatent déjà en faisant le plein de leur voiture sur la route des vacances. Son impact va s’estomper au cours de l’automne et de ce fait l’accélération de l’inflation ne sera que temporaire.

S’il y a une accélération de l’inflation
cela ne traduit pas un changement de régime au sein de l’économie française.

L’inflation, à 2,3%, progresse plus vite que les salaires et se traduit par une baisse du pouvoir d’achat. Comment dans ces conditions imaginer que les consommateurs français puissent se ruer dans les magasins et alimenter la croissance française? Ils resteront prudents d’autant que le ralentissement déjà observé de l’activité va engendrer un peu plus d’incertitude sur le marché du travail. C’est déjà un peu perçu dans l’enquête mensuelle auprès des ménages. La composante liée au marché du travail a changé d’allure depuis le printemps.

 
L’inflation sous-jacente n’est pas coupable

L’indicateur sous-jacent traduit les tensions au sein de l’appareil productif français. On peut l’approximer en additionnant les contributions au taux d’inflation du secteur des biens manufacturiers et de celui des services. C’est ce que suggère le graphe et l’inflation sous-jacente resterait voisine de 0,8/0,9% en juillet. La dynamique intrinsèque de l’économie française n’engendre pas de tensions nominales fortes.
S’il y a une accélération de l’inflation cela ne traduit pas un changement de régime au sein de l’économie française.

 
L’énergie, principale responsable

L’analyse des contributions à l’inflation est présentée dans le graphe qui suit. On retrouve la relative stabilité des contributions internes. On note surtout l’accélération à la hausse de la contribution de l’énergie. A 1,1% en juillet elle est proche des points hauts observés depuis 2000. Il est là le facteur explicatif de l’accélération de l’inflation. Les prix alimentaires sont un peu plus élevés et la hausse du tabac au printemps a un effet marqué mais l’énergie est le contributeur majeur à l’accélération de l’inflation.

 
L’inflation va ralentir après l’été

L’allure de l’inflation sur la seconde partie de l’année restera conditionnée par celle du prix de l’énergie et notamment celui du pétrole. Le graphe ci-dessous présente la contribution de l’énergie au taux d’inflation et la variation annuelle du prix du baril de Brent en euros. La cohérence entre les deux indicateurs est forte. En supposant un prix du baril et un euro constant jusqu’à la fin de l’année alors la hausse du prix du pétrole s’estompe. C’est ce que montre la courbe rouge. La contribution de l’énergie au taux d’inflation pourrait alors revenir au voisinage de 0,5% contre 1,1% actuellement.
Toutes choses égales par ailleurs, l’inflation repassera ainsi sous le seuil de 2% à l’automne.

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