Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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En Italie, Matteo Salvini, plonge le pays dans un véritable chaos politique, sans aucun motif apparent. Parallèlement en Suisse, des vents contraires soufflent sur l’industrie horlogère.

Le quitte ou double estival de Salvini. Soit les températures élevées ont fait perdre raison à Matteo Salvini lors de sa tournée des plages italiennes; soit, il a tout simplement surestimé son potentiel politique immédiat au vue des valeurs élevées des sondages d’environ 36% dernièrement. Quoiqu’il en soit, en annonçant la fin de la coalition avec les populistes de gauche des «Cinque Stelle» à la mi-août, il a plongé l’Italie dans une véritable crise gouvernementale - et ce, en pleine période de vacances parlementaires. Or, le moment de tourner l’avance dans les sondages en une majorité gouvernementale de droite, lors de réélections rapides en automne est non seulement précipité, mais également mal choisi. En général, septembre et octobre sont les créneaux où le gouvernement élabore et adopte le budget de l’année prochaine. Par ailleurs, le ministre de l’intérieur belliqueux lutte sur plusieurs fronts politiques. 

Tout d’abord, le premier ministre Giuseppe Conte avait anticipé le vote de censure de Salvini, en démissionnant ce mardi. Ensuite, les Cinq Etoiles ont fait savoir qu’il n’y aurait aucune nouvelle coalition à la va-vite entre les populistes de droite et de gauche. Enfin, Matteo Renzi flaire un vent favorable depuis quelques jours. L’ancien premier ministre, d’abord acclamé puis déchu, a suggéré un possible gouvernement (de transition) composé de son parti social-démocrate PD, des Cinq Etoiles et probablement d’autres partis de la tendance de centre-gauche. Une telle constellation serait en effet la meilleure option, non seulement pour une adoption ordonnée du budget 2020, mais aussi au vue des relations tendues entre Rome et Bruxelles. Seul Sergio Mattarella est en mesure d’y donner son aval. Le président italien pourrait appeler à de nouvelles élections d’ici 45 à 70 jours, en l’absence d’une autre majorité parlementaire, ou d’un gouvernement technocratique de transition. Le coup de poker de Salvini, bien que le pire des scénarios pour les marchés financiers, pourrait donc bel et bien réussir dans ce cas de figure. En effet, les rendements des obligations italiennes devraient profiter d’une éventuelle victoire de la Lega, au vu des onéreuses promesses électorales à hauteur de 50 milliards d’euros (soit 2,8% du PIB). 

Vent contraire pour l’industrie horlogère suisse. Les foyers d’inquiétudes géopolitiques ne manquent pas. Outre l’Italie, Hong Kong subit des manifestations de masse depuis des semaines, avec des répercussions y compris sur la Suisse. Bien que le SMI s’affiche comme un havre de stabilité en comparaison mondiale, les titres comme Swatch ou Richemont ont perdu 10% de leur valeur. En effet, l’industrie suisse du luxe et horlogère ressent clairement les répercussions de la situation envenimée dans l’ancienne colonie britannique. Mais force est de constater que l’horloger suisse y a généré 14% du chiffre d’affaires mondial (soit au total plus de trois milliards de francs). Le plus grand centre commercial pour les Chinois du continent reste toujours le marché le plus important pour les montres suisses. Avec -1,3% en juillet, le recul des exportations de montres vers Hong Kong a été moins pire qu’anticipé, après le véritable effondrement d’un quart en juin. Mais ce commerce devrait y rester sous pression ces prochains mois. En revanche, les ventes dans d’autres pays représentent une lueur d’espoir. Car le «swiss made» reste toujours très prisé au Japon, à Singapour et aux USA. Dans l’ensemble, l’industrie horlogère suisse devrait continuer de croître en 2019.

Graphique de la semaine

Les rendements obligataires ont continué de baisser récemment. Entretemps, les rendements positifs se font rares, surtout dans les pays industrialisés avec une solvabilité élevée; les obligations du Portugal et de l’Espagne jusqu’à dix ans affichent, elles aussi, des rendements négatifs. Près de 30% des obligations ont une rémunération négative.

Gros plan

La manœuvre de diversion de Trump. Les vacances du président US sur un terrain de golf lui ont de nouveau donné des idées: en effet, il a récemment envisagé d’acheter le Groenland. Or, il est le seul à savoir s’il s’agit d’une diversion face à l’inversion de la courbe des taux. Le Danemark s’étant toutefois opposé à sa requête, Trump a donc annulé son voyage prévu dans ce pays.

Le programme

Indice Ifo et baromètre conjoncturel KOF. Lundi prochain, nous devrions savoir si notre voisin est effectivement tombé en récession au troisième trimestre, selon l’indice Ifo. Le baromètre conjoncturel KOF pour la Suisse (vendredi) ne devrait pas se soustraire à la tendance baissière dans l’industrie mondiale.
 

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