Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Les aléas du conflit commercial et les gros titres de la courbe inversée des taux mettent les nerfs des investisseurs à rude épreuve.

Le «cygne noir» en Argentine. Cette année, l’août fait plus qu’honneur à sa réputation de mois boursier volatil. Lundi, l’indice directeur Merval a chuté de 38% pour enregistrer la plusforte perte journalièreen 70 ans, ce qui correspondà 17 écarts types d’une évolution journalière moyenne du cours:statistiquement parlant, une hérésie, même en mille ans. En effet, les fluctuations des cours sur le long terme ne sont pas «harmonisées» dans le temps: il y a toujours des exceptions à la règle, ça et là.

Le «cygne noir» en Argentine est dû à la nette victoire du candidat de l’opposition péroniste Alberto Fernández. Lors des élections primaires, qui constituent une sorte de sondage officiel en amont des élections en octobre, il devançait le président Mauricio Macri de plus de 15%. Ces dernières semaines, des dizaines de sondages électoraux n’indiquaient qu’une légère avance de l’opposition. C’est pourquoi, les investisseurs ont été pris à contre-pied. Si Fernández reprenait les rênes du pouvoir à l’automne, il aurait l’ancienne présidente Christina Kirchner dans son sillage. En effet, les investisseurs craignent que son retour sur la scène politique ne signifie un regain du contrôle des prix, des devises et des capitaux comme sous le gouvernement Kirchner d’antan. Au cours de son histoire, l’Argentine a dû se déclarer en insolvabilité douze fois déjà. Une treizième fois semble imminente, à présent.

Les évolutions en Argentine, considérées avec un peu de recul, ne constituent actuellement que l’un des nombreux «hot-spots» géopolitiques. En fait, ce qui met les nerfs des investisseurs à rude épreuve ce sont, entre autres, les émeutes à Hong Kong, la crise gouvernementale en Italie, le chaos sansfin du «Brexit» et les aléas du conflit commercial. Ce dernier semble loin d’un possible compromis, du moins pour l’instant. Même le «cadeau de Noël» du président américain Trump, c’est-à-dire la suspension d’une partie des tarifs douaniers supplémentaires, applicables en septembre, n’accroît pas forcément la confiance entre les parties en conflit, ni celle des investisseurs d’ailleurs. A notre avis, les marchés financiers resteront volatils ces prochains jours. Cette situation est susceptible d’ouvrir la voie à un certain nombre d’opportunités financières, mais pour l’instant, il vaut mieux faire preuve de prudence. Dans notre «Tactique de placement» cette semaine,nous avons donc sous-pondéré à «neutre» les obligations des marchés émergents.

Le prix de l’or s’envole. Tandis que les marchés émergents font actuellement partiedes perdants au vu des risques géopolitiques et des signaux toujours faibles de l’indus-trie mondiale, les obligations (d’Etat) s’en sortent gagnantes. Il n’y a pas qu’en Suisse que la courbe des taux se trouve en territoire négatif: en Allemagne et aux Pays-Bas aussi. A l’heure actuelle, plus d’un quart de toutes les obligations dans le monde ont des rendements négatifs. En revanche, l’or devient toujours plus attrayant. Le métal jaune a progresséde plus de 15% ces trois derniers mois. Comparé aux monnaies plus faibles comme la livre sterling ou l’euro, la valeur de l’or enregistre déjà un record historique, ou presque. Le graphique sur l’évolution du prix de l’or en USD est très instructif. En dépassant mi-juin la barre des 1370 dollars de manière dynamique, un retournement de tendance sur le long terme a donc été accompli d’un point de vue technique. Cette perspective ouvre la voie vers de nouvelles avancées de cours. Comme l’optimisme parmi les supporters de l’or semble illimité en ce moment, ce potentiel ne s’épuisera pas de sitôt, même si une accalmie momentanée ne surprendra guère.

Graphique de la semaine

Les dépôts à vue des banques commerciales auprès de la BNS ont de nouveau augmenté de 2,8 milliards de francs la semaine dernière. Il devient ainsi toujours plus clair que la barre des 1,09 constitue la ligne magique du cours EUR/CHF que la Banque nationale entend défendre à l’heure actuelle. Si la pression au renchérissement se poursuivait, le niveau critique continuerait de baisser.

GROS PLAN

La locomotive de la croissance freine à fond. L’économie allemande a fléchi de 0,1% au deuxième trimestre. Le moteur de l’économie est ainsi classé lanterne rouge parmi les grandes économies d’Europe. Si le moral de l’industrie ne remonte pas bientôt, une récession technique semble quasiment inévitable en 2019.

LE PROGRAMME

Chiffres du commerce extérieur suisse. La statistique mensuelle du commerce extérieur sera au programme mardi. Les données devraient à nouveau être marquées d’un assombrissement du climat des affaires en raison du conflit commercial.

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