Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La banque d’émission turque est sous pression politique et sa réputation risque d’être ternie. L’OPEP a, elle aussi, un problème de crédibilité.

La banque d’émission turque risque son va-tout. Quiconque – comme nous – craint une nouvelle politisation de la BCE sous Christine Lagarde, fait bien de ne pas analyser la situation en Turquie. Le président Erdogan a démis Murat Cetinkaya, le chef de la banque d’émission, de ses fonctions en début de semaine, car celui-ci n’agissait pas dans son intérêt. Erdogan oublie volontiers que les hausses de taux décidées par Cetinkaya, qui avait augmenté le taux directeur de 8 à 24% l’an dernier en l’espace de quelques semaines, ont nettement contribué à la stabilisation de la livre turque. Mais pour le président, les taux élevés sont responsables de la forte hausse des prix et du repli de la croissance. Murat Uysal, le numéro 2 (de la banque d’émission), aura-t-il plus de chance au poste de chef. Si les doutes d’une politique monétaire indépendante devaient s’avérer, labanque d’émission turque mettrait alors définitivement en jeux sa sérieuse réputation. La livre serait alors de nouveau souspression. Et pareil pour les entreprises et les ménages, qui se sont endettés en dollar US et en euro, et qui souffrent aujourd’hui déjà de la faiblesse de la monnaie.

L’OPEP perd de plus en plus de son pouvoir. L’organisation des pays exportateurs de pétrole perd également en crédibilité. Le cartel pétrolier a, en tout cas, perdu beaucoup de son influence ces dernières années et n’arrive depuis longtemps plus à influencer le prix du pétrole à sa guise. Lors de la réunion de l’OPEP à Vienne en début du mois, on s’est non seulement vu obligé de prolonger les baisses de production de pétrole de neuf mois supplémentaires, mais on a également fait part de l’intention d’institutionnaliser la «coordination» de la politique de production avec la Russie et d’autres pays – connue sous le nom d’OPEP+. Nous doutons que cela suffise pour recouvrer les temps glorieux. La concurrence du pétrole de schiste aux USA continuera d’augmenter sa production ces prochaines années et devrait donner à l’OPEP du fil à retordre, à l’avenir aussi. Ces prochains mois, une fourchette de 60 à 80 dollars constituera sans doute un paroxysme pour le baril de pétrole de Brent, mais devrait déjà exercer une pression budgétaire considérable sur certains pays producteurs. Les risques à plus long terme concernant le prix du pétrole sont plutôt marginaux si l’on fait abstraction des poussées tarifaires à court terme qui sont possibles à tout moment en raison de développements géopolitiques.

Les bateaux du Rhin ont (encore) suffisamment d’eau sous leur quille. Le géant allemand de la chimie BASF a fait état d’un avertissement sur bénéfices cette semaine. S’agissant du bénéfice opérationnel de 2019, on s’attend à une baisse jusqu’à concurrencede 30%. En tant que groupe chimique le plus important au monde, qui livre presque toutes les industries manufacturières, BASF se rend rapidement compte lorsque l’économie mondiale décline. Dans ce sens, le thermomètre de l’économie industrielle mondiale fournit justement un (nouveau) signal d’alerte. Le site de Ludwigshafen a un autre souci en moins cet été: le niveau du Rhin. En 2018, son faible cours avait sensiblement gêné la production et les chaînes d’approvisionnement sises le long du plus grand fleuve d’Allemagne. En effet, 40% des matières premières livrées à l’usine-mère de BASF le sont par bateau via le Rhin. Pour autant, bien que le mois de juin ait été le plus chaud dans l’histoire météorologique pour nombreuses parties de l’Europe, les bateaux du Rhin ont encore suffisamment d’eau sous leur quille pour naviguer. C’est grâceaux précipitations relativement élevées en mai, aux fortes réserves de neige dans les Alpes et au lac de Constance encore bien rempli. En 2019, les entreprises industrielles en Allemagne et en Suisse n’ont donc pas de soucis à se faire de ce côté-ci.

Graphique de la semaine

Les achats effectués online sont quotidiens de nos jours. En comparaison internationale, les Suisses achètent relativement peu sur la toile. Selon une étude McKinsey, les Allemands se font livrer presque trois fois plus de colis chaque année. Ce n’est toutefois rien par rapportaux Chinois des villes: à Pékin et à Shanghai, le facteur sonne plus de 70 fois dans l’année pour déposer un paquet.

GROS PLAN

Les 130 ans du Wall Street Journal. Le journal financier le plus ancien sans doute au monde fête son jubilé: le premier numéro du WSJ fut imprimé le 8 juillet 1889 – il coûtait 2 cents USD à l’époque.

Un signal africain pour le libre-échange. Après des négociations de 17 ans, la plus grande zone de libre-échange a été créée en Afrique. Elle comprend 54 Etats et 1,2 milliard de personnes.

LE PROGRAMME

La Chine entre stimuli et guerre commerciale. Un ralentissement à 6,2% est attendu dans les don-nées de la croissance du second trimestre, qui se-ront publiées ce lundi. Les mesures de soutien du gouvernement ne devraient être couronnées de succès qu’au second semestre.

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